Itinéraire du dominicain zen Bernard Durel
Dans le livre Vers la source intérieure - Conversation avec Jean-Claude Noyé, Bernard Durel raconte son itinéraire de prêtre dominicain qui a rencontré l'assise selon le zen.
● 4e de couverture
Prêtre dominicain, Bernard Durel mène depuis plusieurs décennies une quête intérieure exigeante à la frontière du christianisme et de l'esprit du zen. Sans syncrétisme, enraciné dans sa propre tradition, il a la conviction profonde que ce qui nous unit est toujours plus originel que ce qui nous sépare. Ses rencontres avec Karlfried Graf Dürckheim, qui pratiquait une forme occidentalisée du zen et auprès duquel il a entrepris un important travail de guérison intérieure, ou encore avec le père Oshida, dominicain japonais, ont renouvelé sa foi chrétienne, par la pratique de la méditation. Bernard Durel s'est aussi intéressé à la mystique rhénane à travers les écrits de Maître Eckhart et de Jean Tauler.
Dans ce passionnant entretien mené par le journaliste Jean-Claude Noyé, le religieux dominicain évoque les grandes étapes de son parcours marqué par une recherche incessante de la vérité. Dans ce témoignage de foi et d'espérance, Bernard Durel nous ouvre une voie de sagesse et de paix dont chacun peut faire l'expérience s'il accepte de se laisser interpeller par l'autre, de marcher vers l'inconnu, dans la confiance.
● Les auteurs.
Bernard Durel réside actuellement au couvent de Strasbourg, il anime des rencontres autour de maître Eckhart ainsi que des sessions zen un peu partout en France, voir tag et B DUREL et B DUREL et association S'asseoir 2024-2025 . Voir en particulier Le souffle intérieur, film du CFRT avec Bernard Durel.
Jean-Claude Noyé est journaliste et essayiste. Il est l'auteur de différents livres, dont Propos d'un moine orthodoxe (Desclée de Brouwer, 2010) ; Le grand livre du jeûne (Albin Michel, 2007) et Ils ont choisi la solitude : ermites d'hier et aujourd'hui (Tallandier, 2022).
La préface de Vers la source intérieure est de Benoît BILLOT, prêtre bénédictin qui a lui aussi rencontré Karlfried Graf Dürckheim et le zen, il a fondé l'association " La maison de Tobie " où il continue d'œuvrer même s'il en a transmis la responsabilité à d'autres, il a son propre site : https://www.frerebenoitbillot.org/
● Livre et ebook
Vers la source intérieure, 160 pages est paru le 20 novembre 2024 chez Desclée De Brouwer, livre 16, 90 € ; ebook 11, 99 €. On peut lire le début du livre sur un fichier epub téléchargeable : https://excerpts.numilog.com/books/9782220098647.epub
● Dans le journal LA CROIX du 10/01/ 2025, Gilles Donada présente le livre :
Davantage « frère éveilleur » que « frère prêcheur »… C’est ainsi que se présente le dominicain Bernard Durel, qui retrace son passionnant itinéraire humain et spirituel dans une conversation avec le journaliste Jean-Claude Noyé. Aujourd’hui âgé de 84 ans, il a passé plus de vingt ans en Scandinavie. Il a vécu en Inde et au Japon ; et a développé un « apostolat du calme » par l’enseignement de la méditation zen. […]
Sa rencontre avec le bouddhisme l’aide à approfondir sa compréhension du christianisme. Il y expérimente la « place du corps » dans le développement spirituel ; redécouvre les enseignements de Jésus comme une façon de « déstabiliser » son interlocuteur pour l’amener à plus de profondeur. Il est passionné par le lien entre le vide du zen et le « vide christique », cette façon qu’a eu Jésus de « se vider de lui-même ». Au fil du temps, Bernard Durel rencontre plus intimement le « Jésus de Galilée » qui lui ouvre un chemin d’unification intérieure… « Méditant-militant », il nous rappelle fort opportunément combien le malheur de notre temps réside avant tout dans cette « coupure » avec notre « source intérieure ».
Préface de Frère Benoît Billot, o.s.b.
Voici une grande aventure. Non pas de celles qui passionnent des spectateurs tranquillement assis dans leur fauteuil. Mais de celles qui entraînent l’adhésion parce qu’elles parlent au cœur vivant et douloureux de la foule humaine. Nombre de génies ont laissé derrière eux des monuments qui nous fascinent, dans les univers de l’exploration, de l’art, de la science, de la vie sociale, de la philosophie, de la politique ou de quoi que ce soit. On s’intéresse certes à leur vie, mais pour mieux comprendre leur œuvre. Par contre, à tout être humain est proposée une aventure particulière qui est appelée à devenir son chef-d’œuvre : le chemin tortueux de sa vie, qu’il suit et qui se crée à chaque pas, bien souvent sans qu’il sache bien pourquoi. Cette vie peut devenir en elle-même un monument de significations, dans la mesure où il la vit avec intensité, où il cherche à dépasser ses conditionnements, trouver sa direction, élargir son regard et devenir peu à peu lui-même dans une sorte d’unification intérieure. C’est ce que nous découvrons en lisant ce texte biographique où Bernard Durel se livre avec clarté et humilité. Ni lui ni personne n’aurait pu imaginer le fil d’or sinueux qui allait le conduire à ce qu’il est devenu.
Parmi les nombreuses pépites qu’offre ce livre, l’une des plus frappantes est donc sa trajectoire. Très intelligent et doué pour les études, il est bien parti pour devenir un scientifique de bon niveau ou, peut-être, un homme politique en vue. Mais il est habité par ce type de regard posé sur la réalité, qui ne voit en elle rien de bien solide : serait-ce le regard proposé par le bouddhisme sous le nom d’impermanence ? Vivre en couple ne lui inspire pas plus d’enthousiasme. « Vanité des vanités… » : telle pourrait être son état d’esprit profond à l’époque de sa jeunesse. Où donc aller ? À quoi consacrer sa vie ? Pas facile d’en décider pour un tempérament comme le sien ! Sauf qu’il est des moments où résonne dans son intériorité une sorte d’appel de l’au-delà ; quelque chose de nouveau se met alors en marche.
Faute de mieux, le voici donc entré dans l’ordre des Dominicains. Là, il rencontre le frère Albert-Marie Besnard, un maître spirituel « crédible » qui appelle sans cesse à devenir soi-même. Le noviciat terminé, il se jette à corps perdu dans les études, la philosophie le passionne et va devenir un de ses points d’ancrages forts. Il devient prêtre. Et l’heure du choix vital arrive. Car le concile Vatican II, puis la révolution culturelle de Mai 68 introduisent un doute important dans la société civile, dans l’Église, dans l’ordre dominicain et donc chez Bernard : la foi chrétienne est-elle encore crédible ? Questionnement bouleversant. Bernard va-t-il suivre nombre de ses frères dominicains qui abandonnent le grand bateau catholique, lequel semble sombrer ? Il entre dans une recherche intense et découvre, dans une sorte de révélation évangélique, qu’à chaque jour suffit sa peine : la manne est donnée par le divin maître pour le jour présent. L’important est de faire le pas d’aujourd’hui dans la confiance, et toujours dans la conscience de la fragilité humaine.
Nommé en Suède, il y apprend la méditation zen très répandue et qu’il s’approprie, ainsi que l’écologie qui y est pratiquée depuis longtemps. Chez Karlfried Graf Dürckheim, il découvre la présence cachée de l’inconscient, et des moyens de l’aborder. Dans les monastères zen du Japon, avec le dialogue interreligieux monastique (DIM), il est frappé par la puissante pensée bouddhiste, qu’il relie à la lignée de Maître Eckhart. Toujours avec le DIM, il fait connaissance avec un autre dominicain, Shigeto Oshida, qui lui révèle l’engagement spirituel profond dans l’amour de la terre. Une multitude d’autres rencontres complètent et élargissent ces premières bases. Il est dans une écoute attentive des divers systèmes de pensée. Il les intègre, les met en relation les uns avec les autres, ainsi qu’avec les grands du passé ou du présent, dans une sorte de dialogue intérieur, une méditation vitale, qui lui permet de mûrir et d’étayer sa pensée et sa pratique.
Peu à peu, un autre monde se révèle à lui, une nouvelle façon de voir la vie. Élevé dans le dualisme nécessaire à la science, il reconnaît la valeur de celui-ci comme premier temps du parcours humain. Mais il affirme la nécessité spirituelle de s’en dégager pour accueillir la non-dualité en tous domaines : homme/femme, moi/l’autre, au-delà/ici-bas, passé/présent/futur, bien/mal, vie/mort, réussite/échec, corps/esprit, etc. Il met en tension les deux cultures : son christianisme assumé et repensé, et les grandes intuitions asiatiques. La fécondité en est étonnante. Ainsi dégage-t-il les éléments nécessaires à un changement de conscience de notre culture, afin d’ouvrir les voies d’une foi dans l’avenir. La personne de Jésus, dans son humanité concrète au quotidien, le touche de plus en plus profondément. Il y ressent l’insondable mystère de l’être humain en chemin. Une nouvelle façon de vivre s’organise en lui, s’étoffe. Il en trouve de nombreuses résonances dans la Bible qu’il relit autrement, chez les spirituels de la tradition chrétienne, et chez les chercheurs contemporains. Il en jaillit ainsi un enseignement qui, par la suite, va attirer de plus en plus de personnes assoiffées d’une parole spirituelle, christique et positive, dite avec force, face à la douloureuse désorientation d’aujourd’hui.
NOTE. On peut découvrir sur le présent blog les enseignements de Karlfried Graf Dürckheim (tag et autres) ainsi que Albert-Marie Besnard (tag ,) Oshida (tag )