Articles de Nicole Van Leer publiés dans les Voix d'Assise (1994-2008) : Échos de son cheminement et de la vie du centre Assise
Pendant plusieurs années, Nicole Van Leer a fait partie de l'équipe de "la Voix d'Assise", le bulletin interne au centre Assise. Les titres de ses articles, signés "Coline", commençaient souvent par "À propos de...". Elle y parlait des activités qu'elle pratiquait au sein du centre (kinomichi, voix avec Ania Scher), des week-ends de membres d'Assise, de ses voyages, et aussi de son engagement au sein de "Cœur de femmes", une association qui s'occupaient de femmes SDF à qui elle proposait, entre autres, de faire zazen.
Début 2003 on découvre qu'elle a un cancer. Elle nous quitte le 7 janvier 2009 après un rude combat contre la maladie. La relation avec le centre Assise a été très importante pour elle comme elle le dit à plusieurs reprises.
Voici, en commençant par les vacances, presque tout ce qu'elle a publié (il ne manque que les récits de ses voyages en Chine, en Indonésie et en Inde) et les hommages qui lui ont été rendus par Jacques Breton, Guilaine Régent (responsable de la Voix d'Assise) et Françoise Paumard (instructeur de kinomichi au centre Assise)
- II – Témoignage à propos de la méthode Noro, le Kinomichi (1994)
- III – À propos d'un week-end sur la voix
- IV – À propos d'un week-end des membres (1994)
- V – À propos de… 1995
- VI – À propos d'un week-end de membres (1995)
- VII – À propos d'un groupe… de formation (1998)
- VIII – À propos de cœurs et de femmes (1998)
- IX –À propos d'un livre : Vers la lumière (1999)
- X – À propos de la Voix d'Assise (2004)
- XI – Lettre de Nicole van Leer (2005)
- XII – À propos... du cancer (2008)
- XIII – À propos de... DIEU (2008)
- Hommages de J.. Breton, G. Régent et F. Paumard
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Articles de Nicole Van Leer
publiés dans les Voix d'Assise (1994-2008) :
Échos de son cheminement et de la vie du centre Assise
I – À propos… d'un été (Voix d'Assise n° 3 de novembre 1994)
Un été… des vacances. Pour certains, un été mais pas de vacances. Les raisons peuvent être le chômage, la perte d'emploi, le manque de moyens financiers, donc aucun lieu d'évasion possible. Pour des jeunes : des examens ratés en juin qu'ils doivent repasser pour une deuxième chance en automne ; il faut plancher tout l'été.
Pour des personnes âgées, handicapées, la difficulté à se mouvoir, à bouger d'un point à un autre, les cloue sur place. Pour des malades, un suivi de traitement les empêche de quitter leur domicile ou ponctuellement l'hôpital.
Pour tous ceux-là, ayons une pensée de sympathie et de compassion. Pour les autres, favorisés, réjouissons-nous : vacances familiales, détente, lâcher prise… ou bien stages, séminaires mûrement consentis et réfléchis en fonction de besoins ponctuels et personnels.
Je me permets de faire part de ma propre expérience réussie au plus haut point : un été, les vacances, de la joie et du partage. D'abord huit jours dans le Lubéron : l'odeur des lavandes, le chant des cigales, la sérénité de lieux protégés, privilégiés, m'ont mis en contact direct avec une nature sauvage, non encore abîmée par l'homme.
Le Lubéron donne l'impression d'étendue sans limite, avec ses forêts de pins, ses collines à l'échelle humaine et, par-ci par-là, des hameaux, de petits villages restés intacts, où les habitants ont un accent chaud et plein de soleil, des gens parfois sans âge mais pleins de sagesse.
Que c'est bon de vivre pendant quelques jours sans être confronté à l'agitation des grandes villes. Dans les cités, les gens sont nerveux, soucieux, pressés, souvent agressifs, imbibés de leurs problèmes quotidiens qui souvent les dépassent et les submergent.
J'ai quitté ce Lubéron plein de charme pour me mêler à la faune des vacanciers du "midi". Saint-Tropez, adorable port mais devenu une curiosité. Les yachts, les voitures, les motos, font affront à la misère de ce monde. J'ai regardé tout ce luxe uniquement en considérant l'esthétique de ces signes extérieurs de richesse.
Que c'est beau un trois-mâts qui glisse doucement en quittant le port pour une destination inconnue. C'est le rêve, l'évasion. La mer m'a toujours fascinée avec cette immensité, cette ligne d'horizon que l'on distingue à peine, ou plutôt que l'on imagine. En fermant les yeux on visualise le parcours des grands navigateurs sillonnant des mers souvent inconnues. Elles ont des mémoires, détiennent des secrets, ont englouti des naufragés. La mer peut être cruelle mais elle apporte aussi la vie par sa faune, sa flore, sa richesse. Les fonds marins peuvent être l'avenir de l'humanité si l'homme ne la pollue pas.
Respectons ces mers qui, en surface, peuvent être calmes, agitées, démontées et inspirent tant de poètes et de peintres, comme Charles Trenet dans sa célèbre chanson.
Regarder la mer m'apaise et m'inspire à la méditation.
J'ai quitté cette côte à regret pour aller à Grasse, la région des senteurs, des parfums. Ensuite ce fut Aix-en-Provence, la ville au charme fou. À Aix, on respire un air spécial, plein de joie et de gaieté : c'est une cité universitaire, de rencontres culturelles, de festival sur fond de platanes et de fontaines.
Au loin se détache la montagne mythique de la Sainte-Victoire si bien peinte par Cézanne.
Dans ces endroits de rêve, je fus reçue par des amis, anciens, récents, et le dénominateur commun de ces vacances fut un élan de générosité, un accueil chaleureux et affectueux, un partage sans réserve inhérent au chemin de chacun et avec, en toile de fond, un ciel bleu et un soleil omniprésent.
Chaque instant fut vécu intensément, ici et maintenant, en oubliant le passé douloureux, en ne pensant pas au futur incertain.
J'ai eu conscience de la présence de Dieu dans la nature, dans le cœur de l'homme et une forte impression d'unité de temps et de lieu m'a envahie.
Je suis rentrée le cœur en joie et pleine d'espoir.
Shakespeare a dit : « Nul ne sait ce que sera le jour… qu'à la tombée de la nuit. » Eh bien, chaque crépuscule fut un hymne à la vie.
Coline
II – Témoignage à propos de la méthode Noro, le Kinomichi[1] (Voix d'Assise n° 1, Avril 1994)
En adhérant au centre Assise, j'ai découvert la méthode Noro - le Kinomichi par hasard, mais il y a des hasards heureux. J'en suis aux balbutiements et j'aimerais avancer, progresser dans cette discipline qui m'a apporté beaucoup.
Le contact avec l'autre, l'ouverture vers l'autre, le passage de l'énergie, la transmission et la réception d'un souffle, sont des éléments d'élévation, de recherche de stabilité et d'équilibre physique et psychique.
Les mouvements dits de ciel et de terre nous montrent bien que nous sommes en tant qu'individu, êtres de chair ; le lien avec le cosmos, l'esprit et la racine ancrée dans le sol.
Les postures, mouvements et déplacements du Kinomichi sont très subtils, très précis, très étudiés, pour permettre une évolution harmonieuse dans l'espace de la matière animée par l'esprit.
On va vers l'autre, on reçoit de l'autre, dans un mouvement ample et non restrictif. Les blocages, les tensions cèdent, le corps s'allège tout en gardant un socle solide et inébranlable. Nous devenons le roseau avec un pied de chêne.
Je n'ai pas les compétences nécessaires pour détailler l'origine de cet art, la technique et son évolution dans le temps.
Je ne peux que transmettre mon ressenti de débutante. Le Kinomichi me permet d'avancer dans la vie avec plus d'assurance, en ayant conscience de la dimension de mon corps dans l'espace.
De plus le Kinomichi est très complémentaire du zazen et inversement.
- En posture de méditation (zazen) on est assis le corps droit, les épaules basses. C'est le recentrage, le ressourcement dans le hara, l'intériorisation.
- Dans le Kinomichi c'est la chrysalide qui devient papillon. Le Fluide, l'énergie accumulés se dispensent et se distillent doucement, tout en mouvance et en subtilité, mais sans mollesse. Cela devient le contrôle cohérent et le mouvement juste, en totale symbiose avec l'autre.
Kinomichi veut dire "la voie de l'énergie" : L'énergie suprême, positive, spirituelle, qui s'exprime sans restriction de temps et d'espace.
Je terminerai par des paroles de Maître Noro sur le Kinomichi qui est son œuvre, sa méthode :
« Unifier le corps et l'esprit en privilégiant le sens du toucher et la relation, en associant le mouvement du corps à l'ouverture du cœur. »
Également :
« Harmonisation, ouverture aux autres et à l'univers, unification de l'être intérieur, élargissement à tous les domaines de la vie. »
Coline
III – À propos d'un week-end sur la Voix (Voix d'Assise n° 2, juillet 1994)
Saint-Gervais est un lieu propice à la méditation, au silence, au recueillement. La campagne, le jardin, le bruit des oiseaux, la cloche de l'église du village, tout cela est apaisant et incite à la contemplation.
Une seule personne peut interrompre, modifier ce silence, c'est Ania Scher. C'est alors, par le travail sur la voix, une explosion de gaieté et de joie de vivre. C'est ainsi que fut perçu le dernier week-end du 23 avril 1994[2] par les 21 participants.
Ania utilise parfois un bouchon de champagne pour travailler l'articulation. Pour en conserver la symbolique, nous pourrions dire que, lors des exercices en solo, le bouchon saute pour laisser jaillir ce breuvage plein de bulles aériennes et toujours associé à la fête. C'est l'explosion venue des profondeurs, d'une source intérieure et pure, même si l'expression en est parfois imparfaite sur le plan technique.
La voix est un moyen de communication.
La voix parlée : si elle est juste, bien placée, ponctuée, permettra l'échange, le dialogue avec l'autre, et aura un impact positif.
La voix chantée : si elle apporte d'immenses joies, aide à sortir son agressivité, ses peurs, ses angoisses, comme un cri. Travaillée, gérée au plus juste, elle libère, dans le bonheur et la gratification, la véritable expression de soi.
- La voix parlée peut être le reflet de l'être existentiel par sa formulation ;
- la voix chantée, le reflet de l'être essentiel[3] par sa vérité et son authenticité.
Ania Scher[4] nous fait ressentir tout cela ; elle a la capacité d'extraire le meilleur de nous-mêmes et nous met en totale confiance par sa personnalité ouverte, chaleureuse et à l'écoute de tous et de chacun.
Le trac peut persister mais les complexes, les blocages et les tensions accumulées sautent au fur et à mesure que nous avançons dans ce travail sur la voix, qui est aussi un chemin sur la Voie.
La gorge, organe de l'expression orale, est aussi symbolisée par un des sept chakras, centres d'énergie vitale ; et sur le plan de la couleur elle est représentée par le violet :
- violet positif => centre gorge. Expression de soi-même, prière, méditation, compréhension et respect des autres.
- violet négatif => introversion, intolérance verbale, médisance, langage négatif ou blocage de l'expression.
Enfin, sur le plan de la respiration, que de découvertes. Le souffle vital ressurgit des profondeurs. Inspirer, expirer par le ventre, permet le recentrage, l'enracinement et la transmission plus aisée de ce souffle.
Pendant ce week-end, l'expression de soi fut comblée par le chant et la danse. Nous fûmes portés avec compétence et gentillesse par Dominique Langlois au piano. Il a également abordé avec beaucoup de patience le chant choral.
Son animation, avec le concours des participants à l'Eucharistie, a contribué à vivre des moments forts, harmonieux et en symbiose avec l'autre et l'Autre.
La méditation avec Jacques Breton, les repas silencieux, nous ont permis de retrouver notre paix intérieure. Le jaillissement avec les chants, le recentrage avec la méditation.
« La parole est d'argent et le silence est d'or. »
Un psaume nous dit : « Le silence est la source du chant, l'arrêt du chant nous fait goûter le silence. »
Coline
IV – Week-end des membres[5] du 1/2 octobre 1994 (Voix d'Assise n° 3, novembre 1994)
Afin de se recentrer et de lâcher, nous avons commencé le week-end le samedi à 16 h par une méditation.
Ensuite, présentation des 30 participants. Beaucoup de nouveaux étaient présents à ce week-end. Jacques Breton a fait l'historique de la maison de Saint-Gervais, ancienne bergerie appartenant à l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés, qui a été agrandie par la suite.
Jacques Breton a parlé de la vocation d'Assise, et particulièrement de Saint-Gervais, lieu de silence, de paix. Il a rappelé la mission première d'Assise : centre de cheminement selon K. Graf Dürckheim, se référant au zen, enraciné dans la tradition chrétienne mais ouvert aux autres traditions spirituelles. Il se sent le canal, l'intermédiaire de l'Esprit qui anime ce centre.
Sur le plan de l'association, chacun doit se sentir responsable, ne pas être passif, s'impliquer tout en marchant ensemble.
Lecture fut faite de la charte[6]. L'Esprit qui anime ce centre doit s'incarner pour permettre développement et croissance.
L'après-midi s'est terminée par l'Eucharistie.
Le dimanche, après la méditation du matin, les participants se sont à nouveau réunis pour aborder le thème et le questionnaire proposé : « Comment définissez-vous votre identité à partir d'un texte, d'un dessin, etc. ? Quelles sont les difficultés ressenties dans cette recherche ? »
Chacun a fait part de son témoignage et de son expérience. Les exemples de cette identification furent nombreux :
- Un grain de blé qui doit éclore…
- Un arbre, un chêne solide, enraciné dans le sol mais dont les branches sont parfois fragiles…
- Un dessin représentant la conscience du corps…
- Une thérapie par l'argile qui fut révélatrice…
- La complexité d'une forêt faite d'arbres séculiers mais avec, aux pieds, des broussailles qu'il faut écarter.
- Des enveloppes de toutes couleurs superbes, mais qui ne sont que le contenant, donc opposition du fond et de la forme, avec une priorité sur le fond…
- Un orchestre : l'instrument à définir, afin qu'il y ait harmonie et cohésion…
- Également identification très poétique à l'eau, au feu, à la pierre…
- Des expériences de rêve, ils sont révélateurs de prises de conscience…
- La lecture d'un texte définissant l'identité par l'identification des phrases choisies…
- …
Beaucoup d'émotion, d'humilité, de franchise sont apparues dans ces témoignages. Lorsque le masque tombe, les découvertes sont extraordinaires. C'est la vocation d'Assise de se trouver, se retrouver ou se chercher.
Cette matinée fut riche en partage avec une confiance totale en l'autre. Elle se termina par l'Eucharistie célébrée tout particulièrement à l'occasion des 40 ans de sacerdoce de Jacques Breton. Là aussi, l'émotion fut partagée par tous, nombreux dans la chapelle.
L'après-midi de ce dimanche fut consacrée à certains problèmes pratiques concernant Assise, à savoir : organiser des week-ends de samu[7], faire appel de plus en plus aux bonnes volontés, chacun selon ses compétences.
La journée s'est terminée par une promenade dans ce beau parc, aux couleurs automnales où nous avons surpris deux chevreuils.
Ce week-end des membres fut une réussite grâce à l'implication de chacun et à la prise de conscience individuelle et collective.
Coline
V – À propos de… 1995 ( Voix d'Assise n° 4 Janvier 1995)
1994 est mort… Vive 1995 !
Pour les chrétiens, le 24 décembre représente la naissance du Christ venu sur cette terre pour racheter les péchés des hommes et ainsi devant la crèche, retrouver une âme d'enfant.
Quelles que soient les croyances, nous avons besoin de repères, de références, comme la borne kilométrique pour le conducteur automobile.
Pour certains la symbolique de Noël peut permettre d'avancer sur le chemin de la renaissance; pour d'autres, Noël c'est l'arbre enrubanné, somptueux ou modeste : c'est la joie, le bonheur de réunions familiales, de chaleur humaine, de partages…
Mais Noël, c'est aussi la solitude, l'exclusion encore plus marquée pour certains, le désarroi, la tristesse et le désespoir. Avons-nous pensé aux enfants sans jouet, et, plus gravement, à la misère qui règne en Yougoslavie, au Rwanda et dans bien d'autres pays du monde ?
Au cours de ces 20 siècles écoulés, il y eut simultanément des périodes d'opulence, de richesse, de disette et d'épidémie. À l'orée du XXIe siècle, la technologie remplace souvent l'homme. La robotisation, l'informatique sont souvent des outils modernes, utiles, mais par leur application, ne détruisent-ils pas l'esprit de synthèse de l'homme et son sens inné du bel ouvrage ? Les artisans d'antan prenaient le temps. Aussi, à l'époque de Noël et du changement d'année, posons-nous, réfléchissons et méditons. Il faut envers et contre tout garder foi en l'être humain, en ce qu'il a de bon en lui, en ce qu'il a de divin. C'est pour révéler cette partie divine que le Christ a donné sa vie.
Que sera cette année qui commence ? Nul ne le sait, 365 jours, c'est beaucoup et c'est peu pour accomplir, réaliser, se réaliser. Dans certaines parties du monde les guerres continueront de faire des ravages dont les innocents sont les victimes. L'opportunisme de certains politiques détruit la confiance, la morosité s'installe.
Janvier est le mois des vœux, des souhaits, de l'espérance. Que les peuples qui se cherchent se trouvent dans l'unité cosmique ! Individuellement et chacun dans son microcosme, nous devons lutter et prier pour un monde meilleur et une année 1995 propice à la créativité et au positivisme.
Saint-Exupéry a dit : « Chacun seul est responsable de tous. »
Ou encore, nous pourrions méditer pour un avenir meilleur sur ces paroles de Jacques Salomé[8]:
« Il n'y a qu'un seul Dieu, il est omniprésent,
Il n'y a qu'une seule religion, l'amour,
Il n'y a qu'une seule caste, l'humanité,
Il n'y a qu'un seul langage, celui du cœur. »
Coline
VI – À propos d'un week-end de membres (Voix d'Assise n° 6 Novembre 1995)
Le week-end des membres des 6 et 7 mai 1995 s'est déroulé à St-Gervais sous un soleil éclatant.
La rencontre a commencé le samedi après-midi par un échange dans le jardin. Nous avons évoqué les activités et actualités d'Assise, nous avons constaté une baisse de fréquentation. De fait, nous étions lors de cette rencontre environ 13 personnes au lieu de 28 au précédent week-end des membres. Mais ce phénomène est, semble-t-il, général.
Jacques Breton nous a raconté son expérience à Rütte chez K. Graf Dürckheim ; il a parlé, entre autres, du dessin méditatif. Après ce partage, Eucharistie, dîner, méditation.
Le lendemain nous avons abordé le thème proposé : « Quelle place peut avoir un engagement dans la vie spirituelle ? » à partir du questionnaire suivant :
« Pour vous, que veut dire un engagement sur le plan personnel, social, spirituel ? Pensez-vous avoir le droit d'engager un avenir que vous ignorez ? L'engagement ne risque-t-il pas d'entraver votre liberté ? N'est-il pas lié à la mort comme à la vie ? »
Chacun répondit lorsqu'il se sentit prêt à un "engagement verbal". Les réflexions furent variées, différentes, mais ô combien passionnantes !
Pour certains l'engagement exige un militantisme avec pour conséquence l'incertitude du résultat ou la peur de ne pas être disponible.
D'autres estiment que liberté et engagement sont très liés : l'engagement exige une certaine liberté, mais il peut aussi être source de liberté, à condition d'être lucide sur la part inconsciente en nous qui peut s'y opposer. Aussi un engagement n'est jamais définitif. Par exemple, dans le mariage, il est à reprendre régulièrement pour que la relation entre époux devienne de plus en plus juste.
La peur est aussi un grand obstacle. Le besoin de sécurité risque de nous enfermer dans notre égo. Aussi un engagement n'est jamais totalement pur. Quelqu'un a cité Lacordaire : « La liberté asservit et la loi libère. »
L'engagement devrait être toujours un acte d'amour avec la gratuité et la réciprocité qu'il exige, le don et l'accueil qu'il entraîne. Il devrait être spontané comme le mouvement de la respiration. En nous donnant, nous engageons notre être, notre esprit, nos énergies, nos convictions. Certes nous pouvons nous tromper mais tout engagement permet d'avancer, d'exorciser nos peurs. Une personne a dit : « Je m'engage donc j'accueille la force pour la transmettre ; la gratuité est la raison de notre survie. » Dans tout engagement, nous avons toujours à tenir compte de l'autre, aussi est-il nécessaire de commencer par l'accueillir avant de se donner.
De toute façon, nous devons sans cesse nous recentrer. C'est là que nous pouvons assurer nos engagements, assumer nos responsabilités avec confiance et ne plus être les spectateurs de nos actes. La justesse de nos rapports humains exige la fidélité, la réciprocité.
Les engagements varieront avec l'âge. Nous évoluons et ce qui était vrai à un moment donné de notre vie ne l'est plus pour nous maintenant. Ce que nous avons à vivre aujourd'hui va se modifier en fonction de notre disponibilité intérieure, notre foi et notre réalisation dans l'unité.
À la question de savoir comment nous pourrions, d'un mot, définir l'engagement, chacun, après réflexion, s'est exprimé par les termes suivants : humilité, rayonnement, alliance, liberté, obéissance, marche, être vrai, la personne, engagement, amour, etc…
Nous avons ainsi échangé sur la manière de s'engager par rapport à Assise. Mais le fait d'être membre d'Assise[9] n'est-il pas déjà un engagement tant sur le plan spirituel que par la mission qu'il entraîne : transmettre ailleurs ce que nous recevons du Centre, comme une pluie qui retombe au loin pour apporter fertilité et fécondation. Mais certains se sentent encore trop fragiles ou ont des difficultés à trouver leur place pour prendre des engagements précis à Assise ; d'autres trouvent dans la méditation une réponse à leur engagement spirituel et une possibilité d'approfondissement.
Assise permet aussi l'entraide à condition de pouvoir dire un vrai oui ou un vrai non et que s'efface notre égo. Assise est un corps où s'incarne l'Esprit ; à chacun d'entre nous est offerte la possibilité de le vivre. Certes les changements, les modifications opérées dans le Centre peuvent désorienter certains et les empêcher de prendre des engagements précis, mais ces changements ne sont-ils pas un signe de vitalité, d'évolution, de progression ?
Jacques Breton, en tant que responsable spirituel, doit assurer la présence de l'Esprit, la fidélité et la manière de l'incarner de façon juste. Nous avons besoin d'une structure, mais elle ne doit en rien être rigide ou enfermante. Elle doit donc se modifier pour rester fidèle à l'Esprit qui est essentiellement créatif.
Ainsi, tout au long de cette journée, à travers les témoignages, les échanges, le mot "engagement" est souvent revenu. Mais comment trouver un synonyme à ce mot si riche ? Promesse, parole donnée, don de soi, contrat, convention, concrétisation d'un oui, militantisme, pari à tenir. Tous ces mots sont justes dans notre vie présente et future. Ils englobent le ressenti de chacun.
Nous pouvons conclure par « Unis dans le nous, dans l'amour. »
Coline
VII – À propos d'un groupe… de formation (Voix d'Assise n° 11 juin 1998)
Au cours de l'année 1997-1998 j'ai eu la chance de participer à une expérience tentée pour la première fois à Assise, et qui fut appelée provisoirement "groupe de formation".
Une quinzaine de personnes se sont retrouvées régulièrement (un week-end et un dimanche par trimestre) pour vivre un chemin de transformation, d'approfondissement personnel, de meilleure connaissance de soi. Ce groupe n'a pu se former que grâce à l'engagement de chacun.
Nous avons été accompagnés par Jacques Breton, qui, à chaque fois, a dégagé pour nous des points essentiels. Il nous a proposé des questions liées à notre expérience quotidienne, ceci pour alimenter notre réflexion et nos partages en petits groupes.
Nous avions comme support le travail de l'argile avec Bénédicte de Nazelle, le dessin méditatif avec Marie-Aleth Lagente, et le zazen pour nous permettre de nous recentrer, de nous intérioriser et de retrouver le silence.
Toutes nos rencontres ont été reliées par un thème central : « Mettre l'homme debout »
- en commençant par « Vivre l'enracinement »
- puis, à Pâques, « Le passage de la mort à la vie »,
- et pour finir « Devenir qui je suis ».
À chacune d'entre elles un texte nous était proposé, dont en voici quelques extraits :
– « Il nous faut toujours nous libérer de quelque chose avec quoi nous faisions un : c'est douloureux » (Graf Dürckheim)
– « Trois mots donnent la fièvre. Trois mots vous clouent au lit : changer de vie. Cela c’est le but. Il est clair, simple. Le chemin qui mène au but, on ne le voit pas. La maladie c’est l’absence de chemin, l’incertitude des voies. On n’est pas devant une question, on est à l’intérieur. On est soi-même la question. Une vie neuve, c’est ce que l’on voudrait mais la volonté, faisant partie de la vie ancienne, n’a aucune force. On est comme ces enfants qui tendent une bille dans leur main gauche et ne lâchent prise qu’en s’étant assurés d’une monnaie d’échange dans leur main droite : on voudrait bien d’une vie nouvelle mais sans perdre la vie ancienne. Ne pas connaître l’instant du passage, l’heure de la main vide. Ce qui vous rend malade c’est l’approche d’une santé plus haute que la santé ordinaire, incompatible avec elle. » (Christian Bobin, Le Très Bas, Gallimard)
– « La véritable ascèse consiste rarement à attaquer de front, dans une lutte héroïque, notre défaut dominant ; elle réside, au contraire, le plus souvent, à le combattre de façon détournée par ce qui développe plaisir et joie authentiques de vivre » (Xavier Thévenot, Avance en eau profonde ! Carnet spirituel, p. 75)
– « Il dit qu’Il est la vérité. C’est la parole la plus humble qui soit. L’orgueil, ce serait de dire: la vérité, je l’ai. Je la détiens, je l’ai mise dans l’écrin d’une formule. La vérité n’est pas une idée mais une présence. Rien n’est présent que l’amour. La vérité, il l’est par son souffle, par sa voix, par sa manière amoureuse de contredire les lois de pesanteur, sans y prendre garde.» (Christian Bobin, L’homme qui marche, éd. Le temps qu’il fait)
Tous ces textes reprenaient les grandes lignes de la charte d'Assise, à savoir : l'enracinement, l'entraide sur le chemin, la réalisation de notre personnalité, animés par une force spirituelle qui permet de vaincre les obstacles.
Cette année traversée ensemble fut très riche, et les échanges nombreux furent révélateurs pour la voie de chacun. Le groupe fut soudé, porteur, chacun avec sa propre personnalité, sensibilité : nous avons partagé dans la dignité, l'humilité et un grand respect de l'autre.
Rogers a dit : « Une expérience personnelle exprimée est toujours universelle. » Nous avons exprimé, cheminé ensemble. Il y eut des moments douloureux, joyeux et souvent très forts.
Jacques Breton a écrit dans son livre Vers la lumière[10] : « Il n'y a pas d'amour sans liberté, comme il n'y a pas d'amour sans connaissance. La liberté est une quête normale de tout homme. La liberté est un but que l'on cherche à atteindre. »
Je fais miennes ces phrases de Jacques. Pour moi, après cette année, je me suis donnée la liberté de savoir dire non, la liberté de me déculpabiliser, la liberté de m'accepter et d'accepter les autres. J'ai gravi un petit échelon sur cette grande échelle qu'est la vie.
Coline
VIII – À propos de cœurs et de femmes (Voix d'Assise n° 12, décembre 1998)
Pendant quatre ans j'ai animé un atelier dans une association « Cœur de femmes »[11]. Elle fut fondée par Mona, une jeune femme qui s'intéressait aux "sans-domicile-fixe" vivant dans le métro, et surtout aux femmes. Le statut de ces dernières est encore plus dur que celui des hommes. Elles sont physiquement plus fragiles donc facilement dévalisées, volées, violées. Ces femmes qui vivent dans la précarité la plus totale ont beaucoup de mal à conserver leur dignité.
Mona a décidé de s'en occuper et de fonder un foyer d'accueil pour ces malheureuses. Un local, rue Fulton, lui fut cédée par la SNCF à côté de la Gare d'Austerlitz ; l'armée lui a fourni des lits, des couvertures. Ainsi est né « Cœurs de femme ».
Au début arrivaient les SDF du métro, de la rue ; ensuite du SAMU social, des hôpitaux. Une vingtaine de lits furent aménagés, une cuisine de fortune installée grâce à des dons.
Il y avait – et il y a toujours – beaucoup plus de demandes que de places disponibles ; mais tendre la main à un seul être est déjà un acte d'amour face à l'humanité.
Ce lieu n'est pas simplement un centre d'accueil où "les filles" trouvent le gîte et le couvert. Elles sont tenues de faire un travail sur elles : retour en arrière, prise de conscience individuelle ou collective, recherche de l'essentiel. C'est une voie difficile pour ces jeunes femmes qui arrivent cassées, meurtries dans leur chair et dans leur âme. Cette recherche d'identité, de transformation m'a incitée à me joindre au groupe. Cela rejoignait la quête de l'être profond que j'avais moi-même entreprise à Assise. Il faut essayer de transmettre ce que l'on reçoit et je me suis souvent surprise à utiliser tout à fait naturellement le langage de Jacques Breton ou les termes des livres de K. Graf Dürckheim.
Le message n'était pas toujours facile à faire passer car j'étais loin d'imaginer des destins aussi horribles. Certaines dans leur petite enfance ont subi l'inceste, la maltraitance parentale, les coups, parfois même la mutilation. Elles sont jetées dehors par leurs parents, leurs beaux-parents, ou bien n'y tenant plus ce sont elles qui partent à l'adolescence et se retrouvent où ? … à la rue.
Il y en a qui conservent le respect d'elle-même mais d'autres désespérées se prostituent, rencontrent un homme qui les font "travailler", "tapiner" – c'est le terme qu'elles utilisent toujours. Comme si l'escalade n'était pas suffisante, on leur fait goûter à la drogue pour mieux les dominer ensuite. À 25 ans, elles ont déjà des années de galère derrière elles. D'autres ont fait des séjours en prison : petits ou graves délits. Après avoir purgé leur peine, la réinsertion est difficile, parfois impossible dans une société où le chômage frappe à toutes les portes. Enfin certaines viennent d'hôpitaux psychiatriques, elles y ont subi des traitements lourds. La médication à forte dose calme, mais voilent les vrais problèmes du passé : on soigne les dérapages psychologiques mais l'essentiel n'est pas abordé.
Là intervient un travail sur soi pratiqué à « Cœurs de femme », mais c'est long et souvent extrêmement douloureux. Des traces sont parfois indélébiles et toucher le cœur de l'être fait apparaître une énorme souffrance. Cela peut être valable pour chacun de nous, à des niveaux différents. Pour ces jeunes femmes, écorchées vives, les plaies physiques, morales sont vives et le déchirement est au-delà de ce que l'on peut imaginer. Ce travail de reconstruction, de renaissance est donc très dur d'autant qu'elles viennent de cultures, de religions, de milieux différents. D'ailleurs, les heurts entre elles sont parfois violents.
Certaines sont en rupture de drogue mais ont déjà le sida, l'hépatite B ou sont atteintes d'un autre fléau dont on parle moins, l'alcool. La drogue fait "planer" et détruit les cellules, l'alcool dégrade et fait perdre le respect de soi-même. La dépendance et le manque les mettent dans un total avilissement et une humiliation qui peuvent les perdre à jamais.
La vie communautaire les aide à reprendre confiance, les tâches quotidiennes – cuisine, ménage – leur redonnent un but, un objectif et une discipline de vie.
Ironie du sort : la station de métro la plus proche est "Quai de la gare". Pour ces jeunes femmes il s'agit de prendre le bon train pour la bonne direction, sans se laisser dévier par une 'correspondance' à risque.
Malgré leurs conditions, elles peuvent faire preuve de créativité, de joie de vivre, de solidarité et de beaucoup de gentillesse. Elles organisent des fêtes, des soirées, des ventes de produits et d'articles confectionnés par elles. Dans ces moments-là, elles oublient, elles peuvent être joyeuses et surtout elles mettent tout leur cœur, elles donnent le meilleur d'elles-mêmes. On se dit alors que l'espoir peut renaître et que la libération est possible.
Mona est aidée dans son action par des bénévoles : atelier de danse, de théâtre, de chant, de remise à niveau. Des kinésithérapeutes font travailler leur corps devenu insensible et coupé du psychique. La réunification du corps, du psychique et du spirituel est le but à atteindre mais ô combien difficile ! L'action modeste - mais efficace - des bénévoles pourrait avoir comme symbole le texte de Pasteur : « guérir - parfois ; soulager - souvent ; écouter - toujours. »
Afin qu'elles essaient de retrouver un calme intérieur, je leur ai montré la pratique du zazen. Certaines prenaient la posture immédiatement : droite, épaules basses, nuque étirée –, et pouvaient tenir un bon quart d'heure. D'autres, nerveuses, décentrées, n'essayaient même pas. Bien sûr je n'insistais pas, mais lorsque, après une journée, quelques-unes formulaient une demande de méditation, j'étais extrêmement heureuse. Elles me disaient se sentir bien et détendues.
J'ai pu assumer cet accompagnement grâce au travail pratiqué à Assise. J'ai essayé de mettre en application les grands thèmes : non-jugement, compassion, écoute, patience, et surtout, ce qui n'est pas aisé, un non investissement affectif.
J'ai reçu au-delà de ce que j'ai pu donner. Je revois en dehors de l'association certaines jeunes femmes qui ont retrouvé un équilibre et se projettent dans l'avenir. Malheureusement d'autres replongent, rechutent ; leur destin est tragique mais on se sent alors impuissant à stopper l'escalade du malheur. On le déplore avec infiniment de tristesse et une grande impression d'injustice.
Certains visages resteront à jamais marqués dans ma mémoire.
Coline
IX – À propos d'un livre : Vers la lumière (Voix d'Assise n° 9, 1999)
Le livre de Jacques Breton Vers la lumière[12] découle d'une démarche audacieuse mais oh combien actuelle dans ce besoin de rapprochement Orient/Occident.
Ce livre est accessible à tous par sa clarté de langage. Jacques Breton, de par son chemin personnel, va à l'essentiel en tant que chrétien et prêtre et pratiquant de méditation zen. Sa longue expérience auprès de K. Graf Dürckheim lui a permis de transmettre avec succès cette notion de lien entre deux traditions au départ opposées mais qui, en final, se rejoignent ou se complètent.
On retrouve dans son enseignement une fidélité dans cette voie de cheminement intérieur difficile mais gratifiant.
Il y a actuellement des essais de mondialisation dans les échanges interreligieux. Certains sceptiques, même, se penchent avec intérêt sur la philosophie bouddhiste.
Par exemple Jean-François Revel, le rationaliste critique, s'entretient avec un moine bouddhiste, Matthieu Ricard, son fils, dans un livre Le moine et le philosophe dont un extrait a paru dans un hebdomadaire. Ils sont opposés par exemple sur le thème de la "charité chrétienne" et de la "compassion bouddhiste". Par contre, l'un et l'autre s'accordent sur le constat suivant : « Si l'Occident a triomphé dans l'ordre de la science, la sagesse lui fait encore défaut, qui lui permettrait d'affronter les défis terribles qui sont les siens » (texte de l'article relevé dans le dit hebdomadaire).
Propos de Matthieu Ricard : « En tibétain nyingjé que l'on traduit par "compassion", signifie le "seigneur du cœur", c'est-à-dire celui qui doit régner sur nos pensées. » Ce terme ne peut-il s'assimiler à "l'Esprit divin", donc Dieu, qui régit le cœur de tout chrétien ?
Concernant les expériences spirituelles et leurs techniques d'approfondissement, le livre de Jacques Breton peut se comparer à celui de Bede Griffiths, moine bénédictin qui a vécu longtemps aux Indes. Il écrit :
« La nécessité d'un dialogue est de mieux en mieux compris, et ceux qui s'y emploient savent qu'un dialogue vrai n'est pas un compromis avec l'erreur, mais un processus d'enrichissement où chaque religion s'ouvre à la vérité de l'autre, et que les deux parties grandissent dans cette quête commune de la vérité. Chaque religion doit à la fois tenir la vérité fondamentale de sa propre tradition et permettre à cette tradition de se développer au contact avec d'autres aspects de la vérité. » (Expérience chrétienne et mystique hindoue, Cerf-Albin Michel 1985)
Le livre de Jacques Breton m'a amenée à ces réflexions, en mettant en parallèle d'autres démarches qui ont pour but : la compassion, l'effacement de l'égo, la non-souffrance, le non-jugement et le bien-être ici et maintenant.
La méditation zen, qui nous mène au-delà de la conscience physique et psychique, nous permet d'expérimenter la profondeur de notre être intérieur. Elle nous aide à chasser ou à laisser passer tous sentiments parasites. Elle nous donne accès à l'Esprit divin qui est en nous et nous offre un merveilleux cadeau : la découverte ou la redécouverte de Dieu.
Coline
X – À propos de La Voix d'Assise (Voix d'Assise n° 26 janvier 2004)
Ce bulletin de liaison entre les membres d'Assise a déjà 10 ans ! Je tiens à témoigner car j'ai fait partie des débuts de cette petite "revue". Entre avril 1994 et décembre 1998 j'ai participé à l'élaboration, au tâtonnement, à la recherche de témoignages, de textes. Nous étions une équipe restreinte mais soudée, enthousiaste pour l'avenir de la "Voix".
Pendant 16 numéros, j'ai eu ma modeste rubrique "À propos de…" : réflexions, voyages, émotions vécues, sessions à St-Gervais etc…
Je garde un excellent souvenir de cette période riche d'enseignement et de travail de groupe. Chacun, chacune, donnait son opinion sur le contexte, la couleur de la couverture et le graphisme ou la calligraphie à choisir. Je m'aperçois que le vert est resté la couleur dominante jusqu'à ce jour.
Ma participation à l'élaboration de la Voix d'Assise s'est arrêtée pour des raisons que je n'évoquerai pas. Par contre, je suis toujours abonnée et je possède les numéros depuis leur création. Au cours des années, ce bulletin a évolué. Les textes, les témoignages sont de mieux en mieux choisis, la teneur générale est de plus en plus spirituelle. Un certain professionnalisme s'installe. On sent une motivation personnelle de chacun et une mise en page plus élaborée.
Je rends hommage à Jacques Breton pour son texte "Lettre aux amis"[13] toujours très actuelle et en même temps très fraternelle.
Assise grandit, La Voix en parallèle, et je souhaite une longue vie à ce bulletin cher à mon cœur. Que La Voix continue sur la Voie.
Amitiés à tous,
Coline (Nicole Van Leer)
XI – Lettre de Nicole van Leer au centre Assise (Voix d'Assise n° 31 juillet 2005)
Avec son accord, nous publions ici la lettre que Nicole Van Leer a envoyée en mai 2005 à Assise. Nicole a été co-responsable de La Voix d'Assise pendant plusieurs années.
Chers amis,
Je n'ai peut-être pas gagné la guerre, mais une rude bataille !…
Il y a deux ans, je fus attaquée par un "crabe", la symbolique du cancer. On parle aussi de longue maladie, c'est malheureusement vrai.
J'ai subi une lourde opération, réussie avec brio et succès. J'étais guérie pendant quatre mois, puis rechute, métastases. La galère a commencé… chimio, chimio, chimio. Je passe sur les effets secondaires. Mais le plus dur fut la fatigue qui enrobe, environne, ensevelit et empêche de vivre. Puis la bonne surprise, les derniers examens furent satisfaisants et encourageants.
Je jubile, j'exulte. Quant au terme "rémission", je le refuse. Je me projette dans le futur, l'avenir sera heureux et joyeux.
Par ces lignes, je voulais vous rendre hommage. Vous m'avez aidée, accompagnée par vos écrits, vos appels, vos prières, vos visites et vos soins. Vous n'avez, pendant deux ans, manifesté aucune lassitude. Vous avez été le maillon d'une chaîne de solidarité faite d'amitié, d'affection et d'amour. Je fus portée par vous tous. J'ai peut-être gagné une bataille mais j'ai vaincu avec vous et grâce à vous.
Je n'oublierai jamais votre générosité, votre compassion et je vous en remercie du fond du cœur.
Nicole Van Leer (Coline) – Mai 2005
XII – À propos... du cancer (Voix d'Assise n°41 fin 2007)
Pendant plusieurs années, Nicole Van Leer a fait partie de l'équipe de la Voix d'Assise. Les titres de ses articles, signés "Coline", commençaient souvent par "À propos de...". Elle nous partage ici son combat contre la maladie.
Début 2003 j'ai eu quelques problèmes : taux de sucre trop élevé et, surtout, une douleur anormale au thorax. Douleurs pancréatiques. Une semaine après j'étais à l'hôpital, l'opération programmée, mais j'ignorais ce dont il s'agissait. Je suis partie confiante, mais sept heures après je me retrouvais en réanimation, avec des tuyaux partout et une énorme cicatrice au ventre.
Un mois d'hôpital, puis transfert dans une maison de repos. J'apprends que l'on m'avait enlevé une partie du pancréas et que je devenais diabétique avec prise d'insuline quotidienne. Je fus mise au courant sans ménagements de l'ablation d'autres organes !... J'ai exigé que l'on me donne le résultat des prélèvements par téléphone. Diagnostic : "cancer", le mot était lancé. Je ne m'y attendais pas du tout. J'ignorais alors que c'était le début d'une longue galère.
Ma mère et ma fille sont venues me voir et j'ai annoncé la triste nouvelle. Nous avons pleuré toutes les trois. Ma réaction fut : je veux vivre et aller au mariage de ma petite-fille Émilie (elle avait alors huit ans). Je n'oublierai jamais ce moment.
Longue convalescence, quinze kilos en moins. Mais je me sentais guérie, libérée. J'avais échappé au pire. En rentrant chez moi je renaissais à la Vie... Mais voilà : huit mois après, contrôle, scanner... métastases ailleurs. Ce fut le choc et le début d'une longue série de chimio. Je fus bien soignée et le mal enrayé. C'est là qu'est apparu le mot "rémission". Ce côté "sursis" me déplaît, mais je l'ai accepté. À ce moment-là commence l'angoisse, la peur des contrôles, des résultats. Je pensais au pire, et le lendemain l'espoir d'une plus longue rémission me permettait d'aborder la journée avec optimisme.
Nous sommes fin 2007 et cela fera bientôt cinq ans que je me bats, que je lutte contre ce méchant petit crabe : rémission, renaissance et rechute. La terminologie change : on me parle de maladie chronique. Il me vient parfois à l'idée d'arrêter toute chimio, mais voilà, c'est la rémission ou la mort. Le risque est grand. J'aime la Vie. Je veux voir grandir mes petits-enfants.
Au printemps la nature se réveille, la floraison ressurgit et l'espoir d'un avenir meilleur est le plus fort. Ma cancérologue m'a dit un jour : "On n'abandonne pas une équipe qui gagne". C'est vrai, jusqu'à présent j'ai gagné, mais à quel prix !
Hormis les angoisses des contrôles, le plus dur c'est la fatigue due à la chimio... C'est un épuisement et un abattement constants qui empêchent de vivre normalement. C'est une fatigue qui tétanise. Le psychique, le mental veulent tout plein de choses, mais le physique dit "non".
Il faut faire le deuil d'une vie d'avant la maladie. L'acceptation est le plus dur. C'est un long travail sur soi, car l'incertitude constante des résultats amène une inquiétude permanente de l'avenir. Il y a la fatigue, la lutte physique ; et un conditionnement du psychique n'est pas toujours aisé.
L'atmosphère des hôpitaux, des lieux de chimio est aussi difficile à supporter : il y a des gens plus jeunes, moins jeunes, plus maigres, moins maigres, plus atteints, moins atteints. Je m'associe à tous ces malades, m'oublie parfois face à cette misère et à la question sans cesse posée : pourquoi ? Pourquoi eux ? Pourquoi moi ?
Je tiens profondément et sincèrement à rendre hommage à mon entourage. Je n'ai plus de grands bonheurs, mais beaucoup de petits plaisirs. Tous sont fantastiques de générosité, de compassion et d'écoute. Je tiens, je lutte, grâce à toutes ces marques d'affection, d'amour même. Un coup de téléphone, une visite, une carte. Toutes ces preuves d'intérêt me remplissent de joie. Des paroles telles que "nous t'admirons, bravo, tu es courageuse, tu luttes dans l'adversité, continue, nous t'aimons, nous ne voulons pas te perdre..." ne me remplissent pas d'orgueil, mais de reconnaissance. L'énergie physique me manque, mais je retrouve une force psychique primordiale et vitale. Je peux pleurer dans les bras d'une amie sans pudeur mais avec la gratitude d'une enfant à laquelle on fait un gros câlin.
Certaines "disciplines" qui n'engagent que moi m'aident énormément :
- La foi : un prêtre a dit "il n'y a pas de foi sans déchirement, sans remise en cause radicale de nos existences."
- Les prières à ceux qui sont morts et que j'ai aimés me relient à eux.
- La méditation en zazen chaque jour m'apporte calme et sérénité.
C'est un retour vers notre être intérieur le plus profond et le plus authentique.
Les visualisations font aussi partie d'une thérapie. Un moment j'ai considéré la chimio comme une arme de destruction massive, un missile qui devait absolument toucher son but, mais c'était la guerre et qui dit "guerre" dit vainqueur et vaincu. Après quatre rechutes, j'étais plutôt vaincue. J'ai fait la paix.
Ensuite, j'ai envisagé que le cancer et moi cohabitions. Après quatre ans je n'étais pas satisfaite du colocataire ; il y avait des frictions... En conclusion, il fallait se séparer et partir chacun de son côté, sans animosité et sans rancœur.
Actuellement mes visualisations sont différentes. À l'emplacement de mes douleurs et de mes tumeurs j'injecte de la lumière et de l'amour, de la lumière brillante, éblouissante comme un feu d'artifice, de l'amour pour cet abdomen atteint, douloureux. Une "bestiole" le ronge, je ne dois pas la rejeter mais l'assimiler sans haine : que la lumière fasse l'effet de rayons qui guérissent.
Cette longue maladie m'a changée. J'ai appris la patience, à relativiser face aux contrariétés mineures. J'ai également "travaillé" sur la compassion et le pardon. Pardonner à ceux qui m'ont fait du mal (que je jugeais comme tels) et à ceux qui m'ont abandonnée. Gommer la rancune et la rancœur. Il est difficile ou même impossible de se mettre à la place des autres. Chaque être a une réaction qui lui est propre. La peur peut expliquer la fuite.
J'ai des moments de fatigue extrême, mais la passion de la vie, le désir de réaliser des projets et l'espoir d'un avenir clément l'emportent.
Haut les cœurs et... vive la Vie !...
Nicole Van Leer
XIII – À propos de... DIEU (Voix d'Assise n° 43 Janvier 2009)
Que de questions je me suis posées à ton égard ! Existes-tu vraiment ? Es-tu le moyen pour les hommes de se rattacher à des valeurs morales, premières et essentielles ?
Cette remarque est primaire mais exprime ce que j'ai ressenti longtemps. Ce qui m'a troublée c'est ce que, parfois, les hommes ont fait de cet idéal, de ce Dieu d'amour. Que de crimes on a commis en ton nom, de tous temps : l'Inquisition, les Croisades, l'intégrisme actuel. Les excès, les débordements humains m'ont perturbée. Où se situe l'origine même de la création d'un monde idéal et bon ?
Et puis, j'ai étudié le bouddhisme, l'hindouisme, l'islam, le taoïsme et je me suis rendu compte que les hommes avaient créé des philosophies qui, au fond, convergeaient vers un ou plusieurs dieux, mais avec toujours un besoin de spirituel et d'élévation vers un Être ou des Êtres supérieurs, incarnés comme Jésus ou Bouddha, non incarnés comme Dieu ou Allah, ou encore Vishnou ou Shiva, représentatifs de l'imaginaire des hommes.
Après ce long parcours personnel et intérieur, me référant au cheminement des hommes depuis la création du monde, je me suis rapprochée et me rapproche de plus en plus d'un Dieu universel regroupant l'humanité, ne faisant aucune discrimination de race, de couleur, de confession.
Ce Dieu cosmique couvre l'univers, englobe le monde sans compartiment ou souci d'église, de mosquée, de temple, de synagogue. Ce Dieu universel distille son amour sur tous et chacun sans distinction. Je l'imagine entourant la terre de ses bras bienveillants et bénissant l'humanité entière.
« Un cerveau humain ne peut imaginer Dieu. Il est trop limité par la matière et il n'y a pas de mots pour l'expliquer. Le réduire à une apparence humaine lui ferait injure : pourtant nous sommes créés à son image. Dieu est une force. Dieu est l'ensemble des vibrations humaines astrales, c'est la quintessence de l'esprit... C'est peut-être l'ensemble de toutes les forces terrestres de la nature, des énergies. C'est la vibration parfaite. » (Maguy Lebrun, Médecins du ciel, médecins de la terre.)
Cette citation reflète exactement mon ressenti dans cette recherche du divin en moi. J'en prends de plus en plus conscience. Chaque matin nous nous réveillons vivants et chaque journée devrait être offerte à Dieu. Chaque acte, chaque démarche deviendraient alors positifs et constructifs.
Au fil du temps, des épreuves, de la maladie, mes pensées, mes aspirations convergeaient vers ce Dieu d'amour. Je me suis surprise à prier à nouveau : demander des jours meilleurs, mais aussi remercier pour les difficultés et les épreuves. Je devais passer par ce désert, ce tunnel, pour accéder doucement, tout doucement à la sérénité, à la confiance et à la joie intérieure. Certains parleraient d'un karma à vivre, mais cette loi d'un vécu incontrôlable n'est-elle pas un peu passive ? Lors de ces moments de recherche authentique de Dieu, j'ai spontanément utilisé les prières de mon enfance : "Notre Père qui êtes aux cieux..."
Tout d'un coup, j'ai réalisé que ma culture était judéo-chrétienne fondamentalement et que, si Dieu est universel, il fallait un support, des moyens pour me rapprocher de ce divin qui est en moi et en nous tous.
Après des années j'ai redécouvert l'Eucharistie. Recevoir Jésus fils de Dieu sous la forme du corps et du sang fut pour moi une émotion extraordinaire et depuis, à chaque fois je suis émerveillée. C'est un miracle sans cesse renouvelé.
Le sentiment de culpabilité inscrit profondément dans mon inconscient, et souvent entretenu par les autres, fait place au pardon et à l'amour réel. J'ai encore un long chemin à parcourir car il y a avancée, recul et stagnation. La communion, l'Eucharistie furent une seconde naissance, mais consciente et vécue dans l'instant, ici et maintenant.
Mon chemin est parvenu à un carrefour. Une voie fleurie et lumineuse s'est ouverte sous mes pas... À moi maintenant de continuer à semer et à arroser afin que les fleurs ne se fanent pas et, mue d'une énergie positive faire que la lumière subsiste sans vaciller et me conduise sans défaillance vers l'ultime épanouissement. Épanouissement qui serait la conscience de la présence de l'invisible et parfois la présence de l'absence.
La foi, c'est cette lumière qui permet d'accepter l'obscurité. J'ai encore un long chemin à parcourir pour accéder au "nirvana" ou à l'abandon à la providence divine, mais je me sens de plus en plus forte pour vivre au quotidien (ce quotidien parfois si difficile) mes aspirations métaphysiques.
Coline - Nicole Van Leer
* * *
HOMMAGES
Nicole Van Leer nous a quittés le 7 janvier 2009 après un rude combat contre sa maladie, le cancer. Elle a manifesté un grand courage au cours de ces dernières années pour rester vaillante, disponible à tous ceux qui venaient la visiter !
Elle était pleinement membre d'Assise. Elle a cheminé avec le Kinomichi, le Zen et bien d'autres activités. Elle a aussi rendu de grands services à l'association. Elle a participé activement à l'élaboration de La Voix d'Assise et a occupé le poste de vice-présidente chargée de la rue Quincampoix.
Aussi pouvons-nous rendre grâce pour tout ce qu'elle nous a apporté, son dynamisme, sa force d'âme, sa joie de vivre et sa sérénité. Qu'elle nous reste toujours présente !
Jacques Breton
Entre 1994 et 1999, Nicole s'est beaucoup investie dans l'équipe de La Voix d'Assise. Ses textes "À propos de...", qu'elle signait "Coline", concernaient la vie d'Assise, mais aussi des sujets et des expériences qui la touchaient.
Malade, elle continuait à écrire. Elle avait accepté que son témoignage "À propos du cancer" paraisse dans La Voix d'Assise (mai 2008), qu'elle lisait toujours fidèlement. Peu après elle nous a envoyé quelques-uns de ses textes récents. Dans l'un de ceux-ci elle livre avec sincérité ses questions, ses doutes, ses découvertes "à propos de Dieu". Nous l'écoutons nous dire une fois encore dans ces pages ce qui pour elle était l'essentiel (cf. le XIII).
Les quelques contacts personnels que j'ai eus avec Nicole ces dernières années me laissent surtout le souvenir d'une amie généreuse et attentive à chacun, qui refusait d'être vaincue par les assauts répétés de la maladie, se désolait d'être trop fatiguée pour réaliser tous ses projets, mais savait s'émerveiller des cadeaux, infimes ou immenses, que lui offrait malgré tout cette vie qu'elle aimait tant.
Ghislaine Régent
De longues années d'amitié ont permis de nous rencontrer souvent, de nous connaître et nous apprécier de plus en plus.
Tout d'abord dans la pratique du Kinomichi, que tu aimais pour la recherche de la beauté, valeur à laquelle tu étais très sensible, et la rencontre avec les autres, précieuse pour toi.
Les temps de recueillement en "assise silencieuse" ont été une aide au quotidien dans les moments difficiles de ces cinq dernières années.
Puis notre amitié a dépassé ce cadre pour nous donner l'occasion d'échanges profonds sur les événements survenant dans nos vies.
J'ai de toi ton sourire, ton énergie, ton élégance, ta tristesse, ton désespoir parfois, puis de nouveau un courage incroyable, un désir de vivre non pour toi mais pour être au plus proche de tes enfants, petits-enfants et amis. Ces valeurs familiales et humaines comptaient beaucoup pour toi.
Comme nous tous, tu avais grand besoin d'affection et tu osais l'exprimer.
Nicole, au nom de tous tes amis d'Assise et du Kinomichi, je te dis au revoir, mais surtout merci pour ton exemple de force de vie, d'amour de la vie, c'est cela qui demeurera dans nos cœurs.
Françoise Paumard
La mort, c’est la grande Vie sans cesse à l’œuvre.
Elle n’est pas l’ennemi à conjurer, mais la sœur qui nous donne la main
pour franchir le seuil des épousailles avec l’Être
et entrer dans un Pays qu’en fait nous n’avons jamais quitté…
Karlfried Graf Dürckheim
[2] Il s'agissait d'un Stage de chant sacré animé par Ania Sher et aussi Jacques Breton : « Le chant sacré met l'homme en harmonie avec lui-même, ses semblables et la nature qui l'entoure. Ania Scher, d'origine ukrainienne, propose de nous faire partager sa passion pour le chant sacré byzantin qui, comme tout chant sacré, est une respiration essentielle. Jacques Breton initiera à la méditation zazen et à la marche méditative et célébrera l'Eucharistie avec ceux qui le désirent. » Ce type de stage a eu lieu jusqu'en 2011, Ania Sher ayant dû arrêter pour cause de santé.
[3] Cette distinction entre "être existentiel" et "être essentiel" vient de Dürckheim (un message ultérieur paraîtra là-dessus )
[4] Ania Scher a fondé en 1988 l'association "La vie par la voix". Elle a formé de nombreuses personnes. Son dernier concert de chants ukrainiens a lieu en 2014 : https://www.ladepeche.fr/article/2014/10/05/1965507-emotion-saint-benoit-der-choeur-tebe-poyem.html
[5] À cette époque on distinguait les simples adhérents et les membres actifs. Pour ceux-ci des week-ends spéciaux étaient programmés avec possibilité de venir avec des enfants, une garderie étant organisée sur place. Assez souvent des initiations à des activités du centre (argile, ikébana…) étaient proposées (Cf. Historique du centre Assise et de Jacques Breton)
[6] Cf. La charte du centre Assise avec des commentaires de J. Breton et des perspectives pour l'avenir
[7] Le samu désigne le travail manuel en zen, il s'agit donc de l'entretien du parc et de la maison, du travail dans le potager…
[8] Voir son site : http://www.j-salome.com/
[9] À cette époque on distinguait les simples adhérents et les membres actifs..
[10] Cf. Le livre de J. Breton " Vers la lumière : Expérience chrétienne et bouddhisme zen" : présentation, recension, échos divers
[11] Mona Chasserio qui avait créé "Cœur de femmes" à Paris a écrit des livre comme La croisade des exclues Cœur de femmes, Préface de Abbé Pierre, Xavier Emmanuelli : et Cœur de femmes : De l'inexistence à l'existence, Ed. Audibert 2005. Actuellement elle est au Sénégal où elle refait la même chose près de Dakar avec "La maison rose", voir http://webzine.unitedfashionforpeace.com/ethical-people/mona-chasserio-son-combat-pour-les-filles-des-rues-au-senegal/#.WwecEiAuCDY . Sur Paris une autre association semble aller dans le même sens : https://www.aurore.asso.fr/association
[12] Un message figure sur ce livre, le texte de Nicole Van Leer (Coline) y figure déjà : Le livre de J. Breton " Vers la lumière : Expérience chrétienne et bouddhisme zen" : présentation, recension, échos divers
[13] Quelques-unes figurent sur le blog : Lettres de Jacques Breton nous introduisant aux fêtes chrétiennes et aux saisons ; "Lettre aux amis" écrite par Jacques Breton en avril-mai 2008 : La paix est œuvre divine;.