Expérience zen et chemin vers le baptême : témoignages d'Élizabeth Lefer
Aujourd'hui, nombreux sont les adultes qui sont baptisés dans leur paroisse, et leur chemin vers le baptême est très divers. Au centre Assise créé par Jacques Breton, prêtre, un certain nombre de personnes ont vécu des expériences qui les ont amenées à cheminer vers le baptême. Parmi elles, en 2002 il y a eu Didier qui fut baptisé au sein même du centre Assise à Saint-Gervais. Il y a eu aussi Élizabeth Lefer qui, elle, fut baptisée dans sa paroisse d'Herblay en 2007. Elle a témoigné de son itinéraire dans la revue interne au Centre, Voix d'Assise n° 38, mai 2007, et aussi dans une grande enquête réalisée en février 2015 par La Vie sur la nouvelle quête spirituelle des français. C'était une enquête sur le profil, les pratiques et les attentes des nouveaux chercheurs spirituels. Un travail mené par le Gerpse en lien avec l'université de Strasbourg, qui ouvrait des perspectives pour l'avenir du christianisme.
Chemin vers le baptême
Voix d'Assise n° 38, mai 2007
Il y a plus de dix ans, lors d'une semaine lumineuse à Assise, pleine de légèreté et de joie profonde, d'ouverture authentique et d'amour pour l'autre, un désir s'est fait jour en moi de nouer une amitié avec le Christ.
Le parcours fut long. Il y eut des avancées radicales et des arrêts brutaux. Des détours. Pour qui vient d'un milieu intellectuel, se revendiquant comme a-religieux, voire anti-clérical, la démarche ne va pas de soi. Il faut s'arracher aux résistances de la famille d'origine, ô combien déstabilisée, et traverser jusqu'aux rivages chrétiens. La langue et les comportements y sont très différents, à tel point que pour le nouveau venu c'est comme une espèce d'acculturation.
Et puis plus profondément, il y a la peur de dire "oui", qui se situe juste en dessous de l'orgueil et de la fausse liberté de pouvoir dire un jour "oui" et un autre jour "non". La peur d'accepter que l'eau vienne laver le sang et la boue séchés sur mon cœur.
Mais de manière inattendue, le jour où un prêtre me refusa la communion, un choix concret me fut proposé :
- celui du baptême et de la communion à part entière et en pleine lumière avec la famille des chrétiens ;
- ou le désir de baptême mais qui reste non réalisé, et donc un pied dehors, un pied dedans, à la bordure du cercle et néanmoins en dehors.
En quelques semaines, les choses furent mises en place, préparées, organisées et le baptême eut lieu dans ma paroisse, célébré par Jacques Breton, assisté du Père Cériani, avec mes différentes familles d'amis, celle d'Assise et les autres.
Je remercie ici les personnes d'Assise qui m'ont soutenue concrètement dans l'aboutissement de cette démarche, et tous ceux qui m'ont aidé par leur écoute et par leur propre questionnement à avancer sur ce chemin.
Élizabeth Lefer
La méditation zen comme chemin vers le baptême
La Vie du 19 février 2015
Née dans un milieu areligieux et anticatholique – mais non sans questionnement –, j'ai reçu le baptême à 46 ans. La découverte de la méditation zen a joué un rôle déterminant dans mon parcours. Il y a d'abord eu cette session d'une semaine au centre Assise. Temps fulgurant et éternel qui m'habite encore aujourd'hui avec toute sa fraicheur. Chaque méditation est comme un bain de paix absolue, rythmé par les sons du métal et du bois ; ces vibrations de la cloche qui nous entraînent vers le silence au creux de nous-mêmes. L’harmonie règne au sein du groupe d’une vingtaine de personnes, chacune de plus en plus présente à elle-même et aux autres. Et puis émerge cette réalité hors du temps comme “révélée” : le souffle qui m’anime vient de plus loin et traverse chacun, un espace est là, en nous, qui nous attend et nous accueille. Pour moi, il prendra la figure du Christ.
Depuis ma rencontre avec le zen, des étapes se sont succédés, des moments difficiles ont été traversés, et la méditation – seule mais surtout avec d’autres –, est toujours un soutien. Des instants lumineux, douloureux, ennuyeux parfois. Les méditations sont sans but, mais chacune est unique et s’ouvre sur un espace neuf, chacune me remet en contact par mon corps avec la réalité de l’instant présent.
Depuis une dizaine d’années, j’ai trouvé ma “maison” ; elle est chrétienne, catholique, et abrite en son sein de nombreuses pièces et recoins. Le centre Assise y occupe une place peu connue, atypique, mais néanmoins au cœur du cheminement chrétien, car il nous invite à nous ouvrir à notre réalité profonde, sans faire l’impasse sur ce qui nous constitue : notre corps et notre psyché. »