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Voies d'Assise : vers l'Unité
Voies d'Assise : vers l'Unité
  • Blog dédié à Jacques Breton (prêtre, habilité à transmettre le zen, assistant de K.G. Dürckheim, instructeur de kinomichi) et au Centre Assise qu'il a créé en le reliant à l'abbaye de St-Benoît-sur-Loire (France) et au monastère zen du Ryutakuji (Japon).
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13 septembre 2019

14 kôans du Mumonkan cités par Eizan Rôshi en sesshin : texte en français puis en japonais et anglais.

Eizan Rôshi a animé des sesshins avec des membres du centre Assise soit à Saint-Gervais (région parisienne) soit à Tôkyô, et a cité les kôans (qui sont mis ici en traduction livresque) dans sa propre traduction qui parfois était glosée. Le premier kôan, celui du MU est à la base de son enseignement, il fait l'objet d'un message complet et il est commenté dans plusieurs messages mis sur le blog.

 Le Mumonkan (Passe sans porte) 無門關 est un recueil de 48 kôans compilé au début de XIIIe siècle. La traduction anglaise qui figure ici est celle que Eizan recommandait pendant les sesshins : Two zen classics, Mumonkan, Hekiganroku, par Katsuki Sekida. 

Cas 1 : Le chien de Jôshû
Cas 3 : Le doigt de Guteï
Cas 5 : L'arbre de Kyôgen
Cas 6 : Bouddha lève une fleur
Cas 7 : Va laver ton bol
Cas 11 : Jôshû voit les deux ermites
Cas 12 : Zuigan appelle son maître
Cas 14 : Nansen coupe le chat en deux
Cas 15 : Les 60 coups de Tôzan
Cas 22 : La hampe de Kashyapa
Cas 25 : Le rêve de Kyôzan
Cas 26 : Deux moines enroulent les stores
Cas 28 : Ryûtan souffle la chandelle           
Cas 37 : Le chêne dans le jardin

Liens vers d'autres messages :

 

Généalogie patriarches et maîtres cités dans Mumonkan

 

 

 

 

Première partie : Traduction française des 14 kôans

 

 

 Cas 1 : Le chien de Jôshû

Énoncé du cas.

Un jour un bonze a demandé à Jôshû : Un chien a-t-il, lui aussi, la Nature-de-Bouddha ? Alors Jôshû a répondu : “MU”.

 

Commentaire de Mumon :

Pour pénétrer le zen, il faut d'abord passer à travers la barrière mise en place par les Anciens Maîtres. Et pour aller jusqu'au subtil satori, il est nécessaire d'abolir totalement l'état ordinaire de la conscience. Si l'on prétend juger que le zen c'est comme ci ou comme ça sans avoir cette expérience physique et mentale du franchissement de la barrière, sans expérimenter l'extinction de la conscience ordinaire, alors on est pareil à un spectre hantant les broussailles ou les touffes d'herbe.

Eh bien, tentons d'en discuter maintenant ! Quelle est donc cette barrière ? Ce simple MU de Jôshû, fondamental et sans pareil, c'est la première porte du zen, on l'appelle "la barrière sans porte du zen" (Mumonkan). Si vous parvenez à la franchir, non seulement vous rencontrerez Jôshû en personne mais encore vous marcherez main dans la main avec tous les patriarches depuis Bodhidharma lui-même ; vous aurez les mêmes réactions qu'eux (Littéralement : vos sourcils s'accorderont), vous verrez tout avec les mêmes yeux et vous entendrez tout avec les mêmes oreilles. N'est-ce pas cela, vraiment quelque chose d'admirable ? Ne voulez-vous pas tous franchir la barrière ?

À cette fin, mobilisez votre esprit et votre corps, vos 360 os ou articulations et vos 84 000 pores, devenez un bloc de doute (ou de questionnement). "Qu'est-ce que ce Mu ?" ; Concentrez-vous sur MU ! Portez en vous cette question, jour et nuit. Mais attention, il ne faut pas entendre ce Mu comme le néant [du Tao] (littéralement : le néant des Maîtres Rôshi et Sôji). Il ne faut pas non plus l'entendre en termes d'existence ou de non-existence. Une fois que vous serez ainsi attelé ainsi à ce [questionnement du] Mu, celui-ci deviendra comme un fer rouge, incandescent, que vous ne pourrez ni avaler ni recracher. Vous serez décrassés, lavés à grande eau des idées et expédients jusque-là assimilés et qui ne servent à rien, tout comme des réalisations erronées. Après une longue endurance viendra le temps où vous entrerez dans un état de parfaite unité, ayant comblé l'écart, de façon naturelle, entre extérieur et intérieur (conscience et objet ; moi et cosmos). Vous aurez cette expérience de réalisation pour vous-même mais vous ne pourrez la rapporter aux autres, tel un muet qui aurait eu un rêve.

Au moment soudain de cette expérience singulière, ce sera l'explosion de la conversion et vous étonnerez le ciel et vous ébranlerez la terre. Vous volerez au général Kan'u le si brave, sa fameuse épée ; vous en ferez votre arme et quand vous rencontrerez le Bouddha, vous le tuerez ; quand vous rencontrerez Bodhidharma ou les patriarches, vous vous en débarrasserez. Alors, installé dans cet instant de réalité flottant entre la vie et la mort, vous posséderez l'existence de grande liberté qui n'est ni vie ni mort, et parmi les six mondes et les quatre modes d'existence, vous jouirez de l'univers de paix et de réalité.

Donc, comment faire pour concentrer son esprit sur ce seul Mu ? Il vous faut y verser toute la puissance de votre esprit ordinaire. S'il n'y a ni relâche ni pause, la lampe de la Loi [du bouddhisme] s'allumera tout à coup ! [l'éclat du satori]

 

Poème de Mumon :

Chien ! Nature-de-Bouddha !
L'ordre juste et absolu vient d'être donné…
Si vous balancez entre "il a" et "il n'a pas"
Vous rendez l'âme aussitôt !

 

 

cas 3 le doigt de Gutei

Cas 3 : Le doigt de Guteï

 Énoncé du cas.

Chaque fois que maître Guteï était interrogé à propos du zen, il levait simplement un doigt.

Un jour, un visiteur demanda à son jeune serviteur : « Quelle sorte d'enseignement donne ton maître ? » Le garçon leva un doigt, lui aussi. Entendant parler de cela, Guteï prit un couteau et lui coupa le doigt. Hurlant de douleur le garçon s'enfuyait. Guteï l'appela. Lorsque le garçon se retourna, Guteï leva un doigt. Le garçon connut soudain l'éveil.

Quand Gutei était près de mourir, il dit à l'assemblée des moines : « J'ai obtenu le zen d'un seul doigt de Tenryu. Toute ma vie je l'ai utilisé, mais il n'est pas encore épuisé. » Quand il eut fini de dire cela, il entra dans le nirvana.

 

Commentaire de Mumon.

L'éveil de Guteï et celui du jeune garçon n'ont rien à faire avec le bout d'un doigt. Si vous réalisez cela, Tenryu, Guteï, le garçon et vous-même êtes tous transpercés par une seule brochette.

 

Poème.

Guteï tourne en dérision le vieux Tenryu
en affranchissant le jeune garçon avec une lame aiguisée.
C'est comme Kyoreï qui fendit le grand mont Ka
pour laisser la rivière jaune courir à travers !

 

 

cas 5 L'homme accroché par les dents à l'arbre

Cas 5 : L'arbre de Kyôgen

 Énoncé du cas.

Maître Kyôgen dit : « C'est comme un homme sur un arbre, accroché à une branche par les dents ; ses mains ne peuvent pas saisir une branche, ses pieds ne peuvent pas atteindre le tronc. Quelqu'un apparaît sous l'arbre et lui demande : « Quel est la signification de la venue de Bodhidharma de l'Ouest ? » S'il ne répond pas, il manque à l'appel. S'il répond, il perd la vie. Dans une telle situation, comment doit-il répondre ? »

 

Commentaire de Mumon.

Même si votre éloquence coule comme une rivière, elle ne sert à rien. Même si vous pouvez exposer la totalité de la littérature bouddhique, cela n'est d'aucune utilité. Si vous pouvez donner une réponse juste à cette situation, vous donnerez la vie à la Voie qui était morte jusque-là et vous donnerez la mort à la Voie était vivante jusque-là. Sinon, attendez que Maitreya vienne et interrogez-le.

 

Poème.

Kyôgen est vraiment absurde,
Son venin est sans fin ;
Il ferme la bouche des moines
Et les yeux de démon poussent sur tout son corps.

 

 

cas 6, Mahakaçyapa et la fleurCas 6 : Bouddha lève une fleur

 Énoncé du cas.

Il y a longtemps, quand l'Honoré du monde était au Pic des vautours, il prit une fleur, et la tendit devant ses auditeurs.
Tous restèrent silencieux. Seul le vénérable Kashyapa se mit à sourire.
L'Honoré du monde dit : « J'ai le trésor de l'œil du vrai dharma, le pur esprit du nirvâna, la vraie forme de la non-forme, la porte subtile du dharma, ce qui ne dépend pas des mots mais est transmis au-delà de tout enseignement. Cela, je le confie à Mahâkashyapa. »

 

Commentaire de Mumon.

Gautama au visage d'or supprime insolemment les gens nobles en les rabaissant. Il a mis en devanture des têtes de mouton alors qu'il vend de la viande de chien. Il pense lui-même que c'est exceptionnel.

Si, cependant, à ce moment-là, tous ceux qui assistaient avaient souri, comment aurait-il pu transmettre le trésor de l'œil du vrai dharma ? Ou encore, si Kashyapa n'avait pas souri, comment aurait-il pu transmettre ?

Si vous dites que le trésor de l'œil du vrai dharma peut être transmis, alors ce vieil homme au visage d'or aurait dupé à la ville les pauvres gens de la campagne. Si vous dites qu'il ne peut pas être transmis, alors pourquoi Bouddha a-t-il approuvé Kashyapa ?

 

Poème.

En montrant une fleur
le Bouddha fait voir sa queue.
Ciel et terre sont déroutés
au sourire de Kashyapa

 

Cas 7 : Va laver ton bol.

 

cas 7 Va laver ton bolÉnoncé du cas.

Un moine demanda à Jôshu avec sincérité : « Je viens d'arriver dans ce monastère, maître, je vous prie de m'enseigner. »
Jôshu lui demanda : « As-tu déjà mangé ton gruau de riz ? »
Le moine répondit : « Oui. »
Jôshu dit : « Alors va laver ton bol. » À ces mots le moine parvint à une certaine réalisation.

 

Commentaire de Mumon.

Quand il ouvre sa bouche, Jôshu montre ses tripes, il dévoile son cœur et son foie. Je me demande si ce moine a réellement entendu la vérité, j'espère qu'il ne confond pas une cloche et un pot.

 

Poème de Mumon.

C'est tellement clair à interpréter !
Vous retardez votre réalisation.
Savez-vous que la flamme est du feu,
Le riz a été cuit depuis longtemps.

 

Cas 11 : Jôshû voit les deux ermites

 Énoncé du cas.

Joshu alla à la cabane d'un ermite et lui demanda : “Y a-t-il quelqu'un ? Y a-t-il quelqu'un ?”
L'ermite leva son poing.
Joshu dit : “L'eau est trop peu profonde pour jeter l'ancre ici !” et il s'en alla.
À nouveau Joshu alla à la cabane d'un [autre] ermite et lui demanda : “Y a-t-il quelqu'un ? Y a-t-il quelqu'un ?”
L'ermite leva son poing.
Joshu répondit alors : “Libre de donner, libre de prendre !” et il le salua profondément.

 

Commentaire de Mumon.

Les deux ont levé leur poing ; pourquoi l'un a-t-il été accepté et l'autre rejeté ?

Dites-moi, où est la conclusion ?

Si vous pouvez dire une parole renversante pour clarifier ce problème, vous réaliserez que la langue de Jôshû n'a pas d'os. Tantôt il élève, tantôt il enfonce avec une parfaite liberté.

Cependant,  je dois vous rappeler : les deux ermites aussi ont pu voir à travers Jôshû.

Et si vous dites qu'ils ne sont pas différents, vous n'avez pas l'œil de la réalisation.

 

Poème de Mumon

L'œil est comme une étoile filante,
L'esprit est rapide comme l'éclair,
Une épée qui tue
Un sabre qui donne la vie.

 

 

cas 12 Zuigan appelle son propre maîtreCas 12 : Zuigan appelle son maître

 Énoncé du cas.

Chaque jour, le maître Zuigan s'interpelle :
"Maître !"
Et se répond :
"Oui !"
Puis il s'interpelle :
"Sois tout à fait éveillé !"
- Oui, oui !
- A aucun moment ne sois dupé par les autres !
- Non, non !"

 

Commentaire de Mumon.

Le vieux Zuigan s'achète et se vend lui-même. Il possède plusieurs masques de dieux et de démons avec lesquels il joue. Et pourquoi cela ? Eh ! Un qui interpelle et l'autre qui répond. L'un éveillé, l'autre n'est pas dupé par les autres. Si vous en restez là, vous serez en échec. Et si vous imitez Zuigan, vous restez dans l'entendement d'un renard.

 

Poème.

Si les étudiants de la Voie ne réalisent pas la vérité,
C'est qu'ils perçoivent la conscience discriminante
Ils errent sans fin  de morts en renaissance
Et les fous prennent cela pour le soi originel.

 

 

cas 14 Nansen et le chat coupé en deuxCas 14 : Nansen coupe le chat en deux

Énoncé du cas. 

Un jour maître Nansen vit les moines des salles est et ouest du temple se quereller au sujet d'un chat. Il leva le chat et dit : « Si l'un de vous peut dire un mot, j'épargnerai le chat. Sinon, je le tuerai. Personne ne put répondre, si bien que Nansen coupa le chat en deux. Le soir, Jôshu revint, Nansen lui raconta l'incident. Jôshû enleva ses sandales, les mit sur sa tête, et partit. Nansen dit : « Si tu avais été là, tu aurais sauvé le chat. »

 

Commentaire de Mumon.

Dites-moi, que signifie le fait que Jôshu mette ses sandales sur sa tête ? Si vous pouvez donner une parole de retournement à ce sujet, vous verrez que l'ordre de Nansen fut porté avec de bonnes raisons. Sinon vous êtes en danger !

 

Poème.

Si Jôshu avait été là
c'est lui qui aurait renversé l'ordre.
Quand le sabre est dérobé,
Même Nansen lui-même implore pour sa vie.

 

Cas 15 : Les 60 coups de Tôzan.

 

Dokusan, Satō GieiÉnoncé du cas.

Lorsque Tôzan vint pour étudier avec Unmon, Unmon lui demanda : « D'où viens-tu ? »
Tôzan répondit : « De Sato. » Unmon : « Où étais-tu cet été ? »
Tôzan : « Au monastère de Hôzu, au sud du lac. »
Unmon : « Quand as-tu quitté ce lieu ? »
Tôzan : « Le 25 août. »
Unmon : « Je t'épargne 60 coups de bâtons. »
Le lendemain, Tôzan revint voir Unmon et demanda : « Hier vous avez dit que vous m'épargnez 60 coups de bâton. Je vous demande où était mon erreur. »
Unmon dit : « Espèce de sac de riz ! Tu t'es promené comme ça, tantôt à l'ouest de la rivière, tantôt au sud du lac ! »
À ce moment Tôzan connut le grand éveil.

 

Commentaire de Mumon.

À cette époque, si Unmon avait donné à Tôzan la vraie nourriture et l'avait encouragé à développer un esprit zen actif, son école n'aurait pas décliné comme elle l'a fait. Tôzan lutta à mort avec lui-même une nuit entière, plongé dans la mer du vrai et du faux. Il y resta jusqu'à l'aube. Il revint chez Unmon, et Unmon lui fit une poussée supplémentaire. Même si Tôzan a réalisé immédiatement l'éveil, il ne pouvait pas encore être dit brillant. Maintenant, je vous le demande, Tôzan a-t-il mérité 60 coups de bâton ou non ? Si vous dites "oui", alors tous les arbres, herbes, forêts devraient être battus. Si vous dites "non", alors Unmon a raconté un mensonge. Si vous arrivez à comprendre cela clairement, vous respirez d'un même souffle avec Tôzan.

 

Poème.

La lionne a un secret pour éduquer ses lionceaux.
Les petits s'accroupissent, sautent et reculent vite.
La seconde fois, il fait encore échec et mat.
La première flèche était légère, mais la seconde a pénétré profondément.

 

Cas 22 : La hampe de Kashyapa 

 Énoncé du cas.

Ananda demanda à Kashyapa : « L'Honoré du monde vous a transmis la robe de brocart. Que vous a-t-il transmis d'autre ? »
Kashyapa appela : « Ananda ! »
Ananda répondit : « Oui, maître. »
Kashyapa dit : « Amenez la hampe du temple devant la porte. »

 

Commentaire de Mumon.

Si vous pouvez donner une parole de retournement à cet endroit, vous verrez que l'assemblée du mont Grdhrakuta est encore solennellement en train de continuer. Sinon, c'est que le Bouddha Vipashyin a gardé quelque chose à l'esprit depuis les temps les plus lointains, et que maintenant il n'a pas encore atteint l'essence.

 

Poème.

Racontez-moi, question ou réponse, quelle est la plus familière ?
Qu'ils sont nombreux, les yeux enflammés, à avoir discuté sur ce sujet !
Le frère aîné appelle, le frère cadet répond – secret de famille !
Ils ont un printemps particulier, qui n'appartient ni à yin ni à yang.

 

Cas 25 : Le rêve de Kyôzan

 Énoncé du cas.                      

Maître Kyôsan vint en rêve dans la résidence de Maitreya où il fut conduit à s'asseoir au troisième siège. Un vénérable moine frappa les claquoirs et dit : « Aujourd'hui c'est le troisième siège qui va parler. » Kyôsan se leva, frappa les claquoirs et dit : « Le dharma du Mahayana est au-delà des quatre propositions et transcende les cent négations. Écoutez bien ! Écoutez bien ! »

 

Commentaire de Mumon.

Maintenant dites-moi, a-t-il prêché ou non ? Si vous ouvrez la bouche, c'est fichu. Si vous fermez la bouche, c'est encore fichu. Même si vous n'ouvrez ni ne fermez la bouche, vous êtes à cent huit mille miles de la vérité.

 

Poème.

Le grand jour, le ciel bleu.
Il parle d'un rêve dans le rêve.
Méfiance ! Méfiance !
Il tente de tromper l'assemblée entière.

 

 

cas 26, Deux moines enroulent les stores, Quenten LeeCas 26 : Deux moines enroulent les stores.

 Énoncé du cas.

Quand les moines s'assemblèrent avant le repas de midi pour écouter son discours, le grand Hôgen de Seiryô pointa les stores en bambou. instantanément deux moines vinrent et roulèrent les stores.. Hogen dit : « L'un gagne, l'autre perd. »

 

Commentaire de Mumon.

Dites lequel gagne et lequel perd ? Si vous avez un œil pour percer le secret, vous verrez où le maître national Seiryo a fait une faute. Cependant, vous devez éviter de discuter en termes de gain ou de perte.

 

Poème.

En roulant les stores le grand ciel est ouvert.
Mais le grand ciel ne convient pas encore à notre école.
Pourquoi n'abandonnez-vous pas ce ciel ?
Et gardez-vous votre pratique si fermée qu'aucun souffle ne peut y pénétrer ?

 

Cas 28 : Ryûtan souffle la chandelle

  Énoncé du cas.

Un jour Takusan questionna Ryutan jusque tard dans la nuit.
À la fin,  Ryutan dit : « La nuit est avancée. Pourquoi ne pars-tu pas ? »
Tokusan s'inclina, leva le rideau de la porte et partit. Mais voyant la nuit noire, il revint et dit : « Dehors il fait noir. »
Ryutan alluma une bougie de papier et la lui tendit. À l'instant même où Tokusan allait la prendre, Ryutan la souffla.
À l'instant Tokusan eut une profonde expérience et fit un salut.

Ryutan lui demanda : « Quelle sorte de réalisation as-tu eue ? » Ryutan répondit : « À partir de maintenant, je ne douterai plus des mots du vieux maître qui est renommé partout sous le soleil. »

Le jour suivant Ryutan monta sur l'estrade et déclara : « Il y a un homme parmi vous dont les dents sont comme un arbre d'épées et dont la bouche est comme un bol de sang. Frappez-le, il ne tournera même pas la tête pour vous regarder. Un jour ou l'autre il montera sur le sommet d'un pic isolé et il y établira ma voie. »

Tokusan apporta ses commentaires du sûtra du diamant sur le devant de la salle, pointa une torche vers eux et dit : « Même si vous avez compris à fond les doctrines énigmatiques, c'est comme placer un cheveu dans l'immense espace. Même si que vous avez appris tous les secrets du monde, c'est comme une goutte d'eau qui tombe dans le grand océan. » Il brûla alors tous ses commentaires, s'inclina et partit.

 

 Commentaire de Mumon.

Avant que Tokusan n'ait franchi la barrière, son esprit était brûlant et sa bouche était cinglante. Il voulait aller partout dans le sud pour réfuter la doctrine de la transmission en dehors des Écritures. Quand il prit la route de Reishû, il demanda à une vieille femme quelque chose à manger. La vieille femme dit : « Votre révérend, quelle sorte de littérature transportez-vous dans votre charrette ? » Tokusan dit : « Ce sont des commentaires du sûtra du diamant. » La vieille femme répliqua : « J'ai entendu dire que dans ce sûtra, il est écrit que l'esprit passé ne peut être saisi, que l'esprit présent ne peut être saisi et que l'esprit futur ne peut être saisi. Votre révérend, maintenant je vous demande : avec quel esprit allez-vous prendre la nourriture ? » Par cette question Tokusan fut abasourdi. Cependant, à ces mots, il ne devint pas inerte et demanda : « Connaissez-vous quelque grand maître près d'ici ? » Elle répondit : « À environ cinq mille d'ici vous trouverez Maître Ryutan. »

Quand Tokusan est arrivé chez Ryutan, sa défaite était complète. Ses anciennes paroles n'étaient pas cohérentes avec les dernières. Quant à Ryutan, il semble avoir oublié sa dignité dans sa compassion. Voyant qu'il y avait assez de charbon pour faire un peu de feu chez l'autre, il versa précipitamment de l'eau boueuse pour l'annihiler complètement ! Un peu de réflexion montre que tout cela n'est qu'une farce !

 

Poème.

Entendre le nom ne peut surpasser le fait de voir le visage ;
Voir le visage ne peut surpasser le fait d'entendre le nom.
Il peut avoir sauvé son nez,
Mais hélas, il a perdu ses yeux !

 

Cas 37 : Le chêne dans le jardin

 Énoncé du cas.

Un jour, un moine demanda à Joshu : “Quel est le sens de la venue de Boddhidharma en Chine ?”
Joshu répondit : “Le chêne dans le jardin !”

 

Commentaire de Mumon.

Si vous comprenez la réponse de Jôshû clairement,  il n'y a pas de Shakyamuni avant vous, pas de Maitreya à venir.

 

Poème de Mumon.

Les mots n'expriment pas les choses.
Le discours ne convient pas à l'esprit.
Attaché par des mots, on se perd.
Bloqué par les phrases, on est égaré.

 

Deuxième partie : texte japonais et traduction anglaise

 The Gateless Gate 無門關

 

Case 1 : Jôshû's "Mu"  (一 趙州狗子)

 趙州和尚、因僧問、狗子還有佛性也無。州云、無。
A monk asked Jõshû, "Has a dog the Buddha Nature?" Jõshû answered, "Mu."

 

Mumon's Comment

無門曰、參禪須透祖師關、妙悟要窮心路絶。
In order to master Zen, you must pass the barrier of the patriarchs. To attain this subtle realization, you must completely cut off the way of thinking.

祖關不透心路不絶、盡是依草附木精靈。
If you do not pass the barrier, and do not cut off the way of thinking, then you will be like a ghost clinging to the bushes and weeds.

且道、如何是祖師關。
Now, I want to ask you, what is the barrier of the patriarchs?

只者一箇無字、乃宗門一關也。
Why, it is this single word "Mu." That is the front gate to Zen.

遂目之曰禪宗無門關。
Therefore it is called the "Mumonkan of Zen."

透得過者、非但親見趙州、便可與歴代祖師把手共行、眉毛厮結同一眼見、同一耳聞。
If you pass through it, you will not only see Jõshû face to face, but you will also go hand in hand with the successive patriarchs, entangling your eyebrows with theirs, seeing with the same eyes, hearing with the same ears.

豈不慶快。莫有要透關底麼。
Isn't that a delightful prospect? Wouldn't you like to pass this barrier?

 將三百六十骨節、八萬四千毫竅、通身起箇疑團參箇無字。
Arouse your entire body with its three hundred and sixty bones and joints and its eighty-four thousand pores of the skin; summon up a spirit of great doubt and concentrate on this word "Mu."

晝夜提撕、莫作虚無會、莫作有無會。
Carry it continuously day and night. Do not form a nihilistic conception of vacancy, or a relative conception of "has" or "has not."

如呑了箇熱鐵丸相似、吐又吐不出。
It will be just as if you swallow a red-hot iron ball, which you cannot spit out even if you try.

蕩盡從 前惡知惡覚、久久純熟自然内外打成—片、如唖子得夢、只許自知。
All the illusory ideas and delusive thoughts accumulated up to the present will be exterminated, and when the time comes, internal and external will be spontaneously united. You will know this, but for yourself only, like a dumb man who has had a dream.

驀然打發、驚天 動地。
Then all of a sudden an explosive conversion will occur, and you will astonish the heavens and shake the earth.

 如奪得關將軍大刀入手、逢佛殺佛、逢祖殺祖、於生死岸頭得大自在、向六道四生中遊戲三昧。
It will be as if you snatch away the great sword of the valiant general Kan'u and hold it in your hand. When you meet the Buddha, you kill him; when you meet the patriarchs, you kill them. On the brink of life and death, you command perfect freedom; among the sixfold worlds and four modes of existence, you enjoy a merry and playful samadhi.

 且作麼生提撕。
Now, I want to ask you again, "How will you carry it out?"

盡平生氣力擧箇無字。
Employ every ounce of your energy to work on this "Mu."

若不間斷、好似法燭一點便著。
If you hold on without interruption, behold: a single spark, and the holy candle is lit!

 

Mumon's Verse 頌曰

狗子佛性        The dog, the Buddha Nature,
全提正令        The pronouncement, perfect and final.
纔渉有無        Before you say it has or has not,
喪身失命        You are a dead man on the spot.

 

Case 3 : Gutei Raises a Finger
        三 倶胝堅指

 倶胝和尚、凡有詰問、唯擧一指。
Whenever Gutei Oshõ was asked about Zen, he simply raised his finger.

後有童子。因外人問、和尚説何法要。
Once a visitor asked Gutei's boy attendant, "What does your master teach?"

童子亦堅指頭。
The boy too raised his finger.

胝聞遂以刃斷其指。
Hearing of this, Gutei cut off the boy's finger with a knife.

童子、負痛號哭而去。
The boy, screaming with pain, began to run away.

胝復召之。 童子廻首。 胝却 堅起指。
Gutei called to him, and when he turned around, Gutei raised his finger.

童子忽然領悟。
The boy suddenly became enlightened.

 胝將順世、謂衆曰、吾得天龍一指頭禪、一生受用不盡。
When Gutei was about to pass away, he said to his assembled monks, "I obtained one-finger Zen from Tenryû and used it all my life but still did not exhaust it."

言訖示滅。
When he had finished saying this, he entered into eternal Nirvana.

 

Mumon's Comment

無門曰、倶胝並童子悟處、不在指頭上。
The enlightenment of Gutei and of the boy does not depend on the finger.

若向者裏見得、天龍同倶胝並童子興自己一串穿却。 
If you understand this, Tenryû, Gutei, the boy, and you yourself are all run through with one skewer.

 

Mumon's Verse 頌曰

倶胝鈍置老天龍       Gutei made a fool of old Tenryû,
利刃單提勘小童       Emancipating the boy with a single slice,
巨靈擡手無多子       Just as Kyorei cleaved Mount Kasan
分破華山千万重       To let the Yellow River run through.

 

Case 5 : Kyôgen's "Man up in a Tree"
        五 香嚴上樹

 香嚴和尚云、如人上樹、口啣樹枝、手不攀枝、脚不踏樹。
Kyôgen Oshô said, "It is like a man up in a tree hanging from a branch with his mouth; his hands grasp no bough, his feet rest on no limb.

樹下有人問西來意、不對即違他所問、若對又喪身失命。
Someone appears under the tree and asks him, 'What is the meaning of Bodhidharma's coming from the West?' If he does not answer, he fails to respond to the question. If he does answer, he will lose his life.

正恁麼時、作麼生對。
What would you do in such a situation?"

 

Mumon's Comment

無門曰、縱有懸河之辨、惣用不著。
Even if your eloquence flows like a river, it is of no avail.

説得一大藏教、亦用不著。
Though you can expound the whole of Buddhist literature, it is of no use.

若向者裏對得著、活却從前死路頭、死却從前活路頭。
If you solve this problem, you will give life to the way that has been dead until this moment and destroy the way that has been alive up to now.

其或未然、直待當來問彌勒。
Otherwise you must wait for Maitreya Buddha and ask him.

 

Mumon's Verse 頌曰

香嚴眞杜撰    Kyõgen is truly thoughtless;
惡毒無盡限    His vice and poison are endless.
唖却納僧口    He stops up the mouths of the monks,
通身迸鬼眼    And devil's eyes sprout from their bodies.

 

Case 6. The Buddha Holds Out a Flower
       六 世尊拈花

 世尊、昔、在靈山會上拈花示衆。
When Shakyamuni Buddha was at Mount Grdhrakuta, he held out a flower to his listeners.

是時、衆皆默然。
Everyone was silent.

惟迦葉者破顔微笑。
Only Mahakashyapa broke into a broad smile.

世尊云、吾有正方眼藏、涅槃妙心、實相無相、微妙法門、不立文字、教外別傳、付囑摩訶迦葉。
The Buddha said, "I have the True Dharma Eye, the Marvelous Mind of Nirvana, the True Form of the Formless, and the Subtle Dharma Gate, independent of words and transmitted beyond doctrine. This I have entrusted to Mahakashyapa."

 

Mumon's Comment

無門曰、黄面瞿曇、傍若無人。
Golden-faced Gautama really disregarded his listeners.

壓良爲賤、縣羊頭賣狗肉。
He made the good look bad and sold dog's meat labeled as mutton.

將謂、多少奇特。
He himself thought it was wonderful.

只如當時大衆都笑、正方眼藏、作麼生傳。
If, however, everyone in the audience had laughed, how could he have transmitted his True Eye?

設使迦葉不笑、正方眼藏又作麼生傳。
And again, if Mahakashyapa had not smiled, how could the Buddha have transmitted it?

若道正方眼藏有傳授、黄面老子、誑□閭閻。
If you say the True Dharma Eye can be transmitted, then the golden-faced old man would be a city slicker who cheats the country bumpkin.

若道無傳授、爲甚麼獨許迦葉。
If you say it cannot be transmitted, then why did the Buddha approve of Mahakashyapa?

 

Mumon's Verse 頌曰

拈起花來        Holding out a flower,
尾巴已露        The Buddha betrayed his curly tail.
迦葉破顔        Heaven and earth were bewildered,
人天罔措        At Mahakashyapa's smile.

 

Case 7 : Jôshû's "Wash Your Bowl"
        七 趙州洗鉢

 趙州、因僧問、其甲乍入叢林。
A monk said to Jõshû, "I have just entered this monastery.

乞師指示。
Please teach me."

州云、喫粥了也未。
"Have you eaten your rice porridge?" asked Jõshû.

僧云、喫粥了也。
"Yes, I have," replied the monk.

州云、洗鉢盂去。
"Then you had better wash your bowl," said Jõshû.

其僧有省。
With this the monk gained insight.

 

Mumon's Comment

無門曰、趙州開口見膽、露出心肝。
When he opens his mouth, Jõshû shows his gallbladder. He displays his heart and liver.

者僧聽事不眞、喚鐘作甕。
I wonder if this monk really did hear the truth. I hope he did not mistake the bell for a jar.

 

Mumon's Verse 頌曰

只爲分明極    Endeavoring to interpret clearly,
翻令所得遲    You retard your attainment.
早知燈是火    Don't you know that flame is fire?
飯熟已多時    Your rice has long been cooked.

 

Case 11 : Jôshû Sees the Hermits
      十一 州勘庵主

 趙州、到一庵主處問、有麼有麼。
Jõshû went to a hermit's cottage and asked, "Is the master in? Is the master in?"

主、堅起拳頭。
The hermit raised his fist.

州云、水淺不是泊舡處。 便行。
Jõshû said, "The water is too shallow to anchor here," and he went away.

又到一庵主處云、有麼有麼。
Coming to another hermit's cottage, he asked again, "Is the master in? Is the master in?"

主亦堅起拳頭。
This hermit, too, raised his fist.

州云、能縱能奪、能殺能活。便作禮。
Jõshû said, "Free to give, free to take, free to kill, free to save," and he made a deep bow.

 

Mumon's Comment

無門曰、一般堅起拳頭、爲甚麼肯一箇、不肯一箇。
Both raised their fists; why was the one accepted and the other rejected?

且道、□訛在甚處。
Tell me, what is the difficulty here?

若向者裏下得一轉語、便見趙州舌頭無骨、扶起放倒、得大自在。
If you can give a turning word to clarify this problem, you will realize that Jõshû's tongue has no bone in it, now helping others up, now knocking them down, with perfect freedom.

雖然如是爭奈、趙州却被二庵主勘破。
However, I must remind you: the two hermits could also see through Jõshû.

若道二庵主有優劣、未具參學眼。
If you say there is anything to choose between the two hermits, you have no eye of realization.

若道無優劣、亦未具參 學眼。
If you say there is no choice between the two, you have no eye of realization.

 

Mumon's Verse 頌曰

眼流星            The eye like a shooting star,
機掣電            The spirit like a lighting;
殺人刀            A death-dealing blade,
活人劍            A life-giving sword.

 

Case 12 : Zuigan Calls His Master
       十二 巖喚主人

 瑞巖彦和尚、毎日自喚主人公、復自應諾。
Zuigan Gen Oshõ called to himself every day, "Master!" and answered, "Yes, sir!"

乃云、惺惺着。□。
Then he would say, "Be wide awake!" and answer, "Yes, sir!"

他時異日、莫受人瞞。□□。
"Henceforward, never be deceived by others!" "No, I won't!"

 

Mumon's Comment

無門曰、瑞巖老子、自買自賣、弄出許多神頭鬼面。
Old Zuigan buys and sells himself. He takes out a lot of god-masks and devil-masks and puts them on and plays with them.

何故。
What for, eh?

一箇喚底、一箇應底。 一箇惺惺底、一箇不受人瞞底。
One calling and the other answering; one wide awake, the other saying he will never be deceived.

認着依前還不是。
If you stick to any of them, you will be a failure.

若也傚他、惣是野狐見解。
If you imitate Zuigan, you will play the fox.

 

Mumon's Verse 頌曰

學道之人不識眞       Clinging to the deluded way of consciousness,
只爲從前認識神       Students of the Way do not realize truth.
無量劫來生死本       The seed of birth and death through endless eons:
癡人喚作本來人       The fool calls it the true original self.

 

 Case 14 : Nansen Cuts the Cat in Two
       十四 南泉斬猫

 南泉和尚因東西堂爭猫兒。
Nansen Oshõ saw monks of the Eastern and Western halls quarreling over a cat.

泉乃提起云、大衆道得即救、道不得即斬却也。
He held up the cat and said, "If you can give an answer, you will save the cat. If not, I will kill it."

衆無對。泉遂斬之。
No one could answer, and Nansen cut the cat in two.

晩趙州外歸。 泉擧似州。
That evening Jõshû returned, and Nansen told him of the incident.

州乃脱履安頭上而出。
Jõshû took off his sandal, placed it on his head, and walked out.

泉云、子若在即救得猫兒。
"If you had been there, you would have saved the cat," Nansen remarked.

 

Mumon's Comment

無門曰、且道、趙州頂草鞋意作麼生。
Tell me, what did Jõshû mean when he put the sandal on his head?

若向者裏下得一轉語、便見南泉令不虚行。
If you can give a turning word on this, you will see that Nansen's decree was carried out with good reason.

其或未然險。
If not, "Danger!"

 

Mumon's Verse 頌曰

趙州若在        Had Jõshû been there,
倒行此令        He would have done the opposite;
奪却刀子        When the sword is snatched away,
南泉乞命      Even Nansen begs for his life.

 

Case 15 :Tôzan's Sixty Blows
      十五 洞山三頓

 雲門、因洞山參次、門問曰、近離甚處。
Tôzan came to study with Unmon. Unmon asked, "Where are you from?"

山云、査渡。
"From Sato," Tôzan replied.

門曰、夏在甚處。
"Where were you during the summer?"

山云、湖南報慈。
"Well, I was at the monastery of Hôzu, south of the lake."

門曰、幾時離彼。
"When did you leave there," Unmon asked.

山云、八月二十五。
"On August 25" was Tôzan's reply.

門曰、放汝三頓棒。
"I spare you sixty blows," Unmon said.

山至明日却上問訊。昨日蒙和尚放三頓棒。
The next day Tôzan came to Unmon and said, "Yesterday you said you spared me sixty blows.

不知過在甚麼處。
I beg to ask you, where was I at fault?"

門曰、飯袋子、江西湖南便恁麼去。
"Oh, you rice bag!" shouted Unmon. "What makes you wander about, now west of the river, now south of the lake?"

山於此大悟。
Tôzan thereupon came to a mighty enlightenment experience.

 

Mumon's Comment

無門曰、雲門、當時便與本分草料、使洞山別有生機一路、家門不致寂寥。
If Unmon had given Tôzan the true food of Zen and encouraged him to develop an active Zen spirit, his school would not have declined as it did.

一夜在是非海裏著到、直待天明再來、又與他注破。
Tôzan had an agonizing struggle through the whole night, lost in the sea of right and wrong. He reached a complete impasse. After waiting for the dawn, he again went to Unmon, and Unmon again made him a picture book of Zen.

洞山直下悟去、未是性燥。
Even though he was directly enlightened, Tôzan could not be called brilliant.

且問諸人、洞山三頓棒、合喫不合喫。
Now, I want to ask you, should Tôzan have been given sixty blows or not?

若道合喫、草木叢林皆合喫棒。
If you say yes, you admit that all the universe should be beaten.

若道不合喫、雲門又成誑語。
If you say no, then you accuse Unmon of telling a lie.

向者裏明得、方與洞山出一口氣。
If you really understand the secret, you will be able to breathe out Zen spirit with the very mouth of Tôzan.

 

Mumon's Verse 頌曰

獅子教兒迷子訣       The lion had a secret to puzzle his cub;
擬前跳躑早翻身       The cub crouched, leaped, and dashed forward.
無端再敍當頭著       The second time, a casual move led to checkmate.
前箭猶輕後箭深       The first arrow was light, but the second went deep.

 

Case 22 : Kashyapa's "Knock Down the Flagpole"
   二十二 迦葉刹竿

迦葉、因阿難問云、世尊傳金襴袈裟外、別傳何物。
Ananda asked Kashyapa, "The World-honored One gave you the golden robe; did he give you anything else?"

葉喚云、阿難。
"Ananda!" cried Kashyapa.

難、應諾。
"Yes, sir!" answered Ananda.

葉云、倒却門前刹竿著。
"Knock down the flagpole at the gate," said Kashyapa.

 

Mumon's Comment

無門曰、若向者裏下得一轉語親切、便見靈山一會儼然未散。
If you can give a turning word at this point, you will see that the meeting at Mount Grdhrakuta is still solemnly continuing.

其或未然、毘婆尸佛、早留心、直至而今不得妙。
If not, then this is what Vipasyin Buddha worried about from remote ages; up to now he has still not acquired the essence.

 

Mumon's Verse 頌曰

問處何如答處親  Tell me—question or answer—which was more intimate?
幾人於此眼生筋  Many have knit their brows over this;
兄呼弟鷹揚家醜  Elder brother calls, younger brother answers, and they betray the family secret.
不屬陰陽別是春  They had a special spring, not one of yin and yang.

 

Case 25 : Kyôzan's Dream
  二十五 三座説法

 仰山和尚、夢見往彌勒所、安第三座。
In a dream Kyõzan Oshõ went to Maitreya's place and was led in to sit in the third seat.

有一尊者、白槌云、今日當第三座説法。
A senior monk struck with a gavel and said, "Today the one in the third seat will speak."

山乃起白槌云、摩訶衍法離四句、絶百非。
Kyõzan rose and, striking with the gavel, said, "The truth of Mahayana is beyond the four propositions and transcends the hundred negations.

諦聽、諦聽。
Taichõ! Taichõ!" [Hear the truth!]

 

Mumon's Comment

無門曰、且道、是説法不説法、開口即失、閉口又喪。
Now tell me, did Kyõzan preach or did he not not? If he opens his mouth, he is lost; if he seals his mouth, he is lost.

不開不閉、十万八千。
Even if he neither opens nor shuts his mouth, he is a hundred and eight thousand [miles away from the truth].

 

Mumon's Verse 頌曰

白日晴天        In broad daylight, under the blue sky,
夢中説夢        He forges a dream in a dream;
捏怪捏怪        He makes up a monstrous story
誑□一衆        And tries to deceive the whole crowd.

 

 Case 26 : Two Monks Roll Up the Blinds
    二十六 二僧卷簾

 清涼大法眼、因僧齋前上參。 眼以手指簾。
When the monks assembled before the midday meal to listen to his lecture, the great Hõgen of Seiryõ pointed at the bamboo blinds.

時有二僧、同去卷簾。
Two monks simultaneously went and rolled them up.

眼曰、一得一失。
Hõgen said, "One gain, one loss."

 

Mumon's Comment

無門曰、且道、是誰得誰失。
Tell me, who gained and who lost?

若向者裏著得一隻眼、便知清涼國師敗闕處。
If you have an eye to penetrate the secret, you will see where Seiryõ Kokushi failed.

然雖如是、切忌向得失裏商量。
However, I warn you strongly against discussing gain and loss.

 

Mumon's Verse 頌曰

卷起明明徹太空       Rolling up the blinds, the great sky is open,
太空猶末合吾宗       But the great sky does not come up to Zen.
爭似從空都放下       Why don't you throw them all down from the sky,
綿綿密密不通風       And keep your practice so close that no air can escape?

 

Case 28 : Ryûtan Blows Out the Candle
  二十八 久嚮龍潭

  龍潭、因徳山請益抵夜。
Tokusan asked Ryûtan about Zen far into the night.

潭云、夜深。
At last Ryûtan said, "The night is late.

子何不下去。
Why don't you retire?"

山遂珍重掲簾而出。 見外面黒却回云、外面黒。
Tokusan made his bows and lifted the blinds to withdraw, but he was met by darkness. Turning back to Ryûtan, he said, "It is dark outside."

潭乃點紙燭度與。
Ryûtan lit a paper candle and handed it to him.

山擬接。潭便吹滅。
Tokusan was about to take it when Ryûtan blew it out.

山於此忽然有省。 便作禮。
At this, all of a sudden, Tokusan went through a deep experience and made bows.

潭云、子見箇甚麼道理。
Ryûtan said, "What sort of realization do you have?"

山云、某甲從今日去不疑天下老和尚舌頭也。
"From now on," said Tokusan, "I will not doubt the words of an old oshõ who is renowned everywhere under the sun."

至明日、龍潭陞堂云、可中有箇漢、牙如劍樹、口似血盆。
The next day Ryûtan ascended the rostrum and said, "I see a fellow among you. His fangs are like the sword tree. His mouth is like a blood bowl.

一棒打不回頭。
Strike him with a stick, and he won't turn his head to look at you.

他時異日、向孤峰頂上立君道在。
Someday or other, he will climb the highest of the peaks and establish our Way there."

山遂取疏抄於法堂前、將一炬火提起云、窮諸玄辨、若一毫致於太虚、竭世樞機似一滴投於巨壑。
Tokusan brought his notes on the Diamond Sutra to the front of the hall, pointed to them with a torch, and said, "Even though you have exhausted the abtruse doctrines, it is like placing a hair in a vast space. Even though you have learned all the secrets of the world, it is like a drop of water dripped on the great ocean."

將疏抄便燒。於是禮辭。
And he burned all his notes. Then, making bows, he took his leave of his teacher.

 

Mumon's Comment

無門曰、徳山未出關時、心憤憤、口□□、得得來南方要滅却教外別傳之旨。
Before Tokusan crossed the barrier from his native place, his mind burned and his mouth uttered bitterness. He went soutward, intending to stamp out the doctrines of special transmission outside the sutras.

及到澧州路上問婆子買點心。
When he reached the road to Reishû, he asked an old woman to let him have lunch to "refresh the mind."

婆云、大徳車子内是甚麼文字。
"Your worship, what sort of literature do you carry in your pack?" the old woman asked.

山云、金剛經疏抄。
"Commentaries on the Diamond Sutra," replied Tokusan.

婆云、只如經中道、過去心不可得、見在心不可得、未來心不可得。
The old woman said, "I hear it is said in that sutra, 'The past mind cannot be held, the present mind cannot be held, the future mind cannot be held.'

大徳、要點那箇心。
Now, I would like to ask you, what mind are you going to have refreshed?"

徳山被者一問、直得口似□檐。
At this question Tokusan was dumbfounded.

然雖如是、未肯向婆子句下死却。遂問婆子、近處有甚麼宗師。
However, he did not remain inert under her words but asked, "Do you know of any good teacher around here?"

婆云、五里外有龍潭和尚。
The old woman said, "Five miles from here you will find Ryûtan Oshõ."

及到龍潭納盡敗闕。
Coming to Ryûtan, Tokusan got the worst of it.

可謂是前言不應後語。
His former words were inconsistent with his later ones.

龍潭大似憐兒不覺醜。
As for Ryûtan, he seemed to have lost all sense of shame in his compassion toward his son.

見他有些子火種、郎忙將惡水驀頭一澆澆殺。
Finding a bit of live coal in the other, enough to start a fire, he hurriedly poured on muddy water to annihilate everything at once.

冷地看來、一場好笑。
A little cool reflection tells us it was all a farce.

 

Mumon's Verse 頌曰

聞名不如見面           Hearing the name cannot surpass seeing the face;
見面不如聞名           Seeing the face cannot surpass hearing the name.
雖然救得鼻孔           He may have saved his nose,
爭奈瞎却眼晴           But alas! he lost his eyes.

 

Case 37 : Jôshû's Oak Tree            
   三十七 庭前栢樹

 趙州、因僧問、如何是祖師西來意。
A monk asked Jõshû, "What is the meaning of Bodhidharma's coming to China?"

州云、庭前栢樹子。
Jõshû said, "The oak tree in the garden."

 

Mumon's Comment

無門曰、若向趙州答處見得親切、前無釋迦後無彌勒。
If you understand Jõshû's answer intimately, there is no Shakya before you, no Maitreya to come.

 

Mumon's Verse 頌曰

言無展事        Words cannot express things;
語不投機        Speech does not convey the spirit.
承言者喪        Swayed by words, one is lost;
滯句者迷        Blocked by phrases, one is belwildered.

 

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