De Joseph FAVIER, prêtre et pratiquant de zen : articles parus dans la Voix d'Assise entre 1995 et 2004
Dans le cadre du Centre Assise, Joseph FAVIER est venu souvent participer à des sesshins zen dès avant l'achat de la maison de Saint-Gervais. Il raconte dans ces articles comment il en est venu au zen, étant d'abord allé à des sesshins avec Taizen Deshimaru. D'après un site internet, J. Favier était ancien curé d’Etival (Vosges) et est décédé le 16 septembre 2017, à l’âge de 92 ans, dont 67 de prêtrise. Il a découvert le zen en 1972, et c'est dans les années 1987 qu'il a trouvé le Centre Assise après avoir fait des sesshins dans d'autres lieux (avec Maître Deshimaru au début). Il a dû prendre sa retraite canonique en 1990. Il a créé un petit groupe de zazen, et l'une de ses lettres est envoyée du jura. Ce message est une façon de lui rendre hommage.
Voici les sept articles très courts :
- I – Comment ai-je découvert le monde zen ?
- II – Lettre à Jacques Breton
- III – Méditation pour "retraités"
- IV – Réflexion à propos du temps
- V – Citations
- VI – Logia 42 et de l'Évangile de Thomas : "Soyez passant" ; chercher...
- VII – Lettre à la Voix d'Assise
VA = Voix d'Assise, bulletin interne à l'association qui a existé jusqu'en avril 2016.
I – Comment ai-je découvert le monde zen ?
VA 20, juillet 2002
Vous demandez qu'on vous écrive, pour vous offrir ne serait-ce qu'un témoignage. Après presque trente ans de pratique méditative zen, je vous envoie simplement ce que j'ai écrit il y a plus de quinze ans dans un cahier consacré à ce sujet. Puisqu'il s'agit de mon histoire personnelle, je vous livre mot à mot ce que j'ai écrit à cette époque, sans changer quoi que ce soit à ce rappel de l'entrée du zen dans ma vie d'homme et de prêtre en "l'an de grâce" (car c'en est une) 1972.
Très cordialement vôtre – Père Favier, un ancien de St Gervais.
Comment ai-je découvert le monde zen ?
Tout à fait par hasard d'abord. Un après-midi du mois d'août 1972, j'eus l'idée d'acheter un petit livre sur ce sujet, histoire, comme on dit, de satisfaire ma curiosité, vraiment rien de plus. Or, à peine eus-je lu quelques pages de ce modeste ouvrage, que je me sentis vivement intéressé. L'auteur – François Viallet[1] – y raconte comment son expérience de déporté, puis sa vie de professeur de philo l'avaient amené peu à peu à pratiquer cette "discipline" méditative, puis à se rendre au Japon pour y vivre des mois entiers dans des monastères bouddhistes et enfin à établir un centre zen en Allemagne, près de Frankfort.
Comme il décrivait dans son ouvrage, d'une façon très précise et dans tous ses détails, le comportement du corps et de l'esprit en état de méditation, je me suis mis à appliquer cette méthode, d'abord seul dans ma chambre, puis bien vite en groupe dans des sesshins de 4 à 8 jours organisées par quelque maison religieuse telle que la maison des Dominicains de l'Arbresle. En 1975 même, en guise de vacances (!!!), je passais 10 jours complets dans une école catholique à Bressuire près de Niort. Le très célèbre moine zen Taizen Deshimaru – décédé en 1982 – et son équipe, avaient organisé là un stage d'initiation à la méditation (za-zen) qui réunissait une centaine de participants. Depuis cette époque (et il en est de même aujourd'hui en 2002) je n'ai jamais mis en doute les fruits merveilleux que cette antique "discipline" pourrait apporter à notre monde occidental, décadent parce qu'il a oublié les valeurs spirituelles et religieuses élémentaires dont tout homme a besoin, et qui ne demandent qu'à émerger à nouveau pourvu qu'on leur accorde leur exacte importance.
J. Favier
II – Lettre à Jacques Breton
Parue dans VA n° 11, 1989
Cher Père
Je reçois toujours avec joie la Voix d'Assise et apprécie les diverses voix qui s'y expriment… Depuis si longtemps déjà, août 1972, que la voie du zen m'a rencontré, je me suis rendu dans plusieurs centres où l'on pratiquait et où l'on pratique toujours zazen… Puis je me suis rendu au Centre Assise dans les débuts d'ouverture de la maison de Saint-Gervais en 1989. Je pense avoir suivi six ou sept sesshins (mais aussi à Montargis et en Savoie)…
Bref, en cette semaine de l'unité, je me sens poussé à écrire à la Voix d'Assise sur ce parcours où j'ai été plus que touché par l'expérience de zazen, mais toujours en liaison avec ce qu'il y a de plus profond dans la tradition chrétienne occidentale. Il me semble bon, en effet, que de temps en temps nous nous livrions les uns aux autres les expériences spirituelles ou autres qui nous ont le plus marqué au cours de notre existence.
Ce que vous dites dans votre lettre aux amis de janvier 1989[2], je le ressens également oh ! combien, pour le cheminement lent et apparemment avec bien peu de résultats tangibles pour ce qui concerne les membres de notre dojo jurassien ; quatre à sept participants, quelques allées et venues, certains abandonnent puis reviennent, etc…
Vous dépeignez pas mal la situation et cependant chacun est appelé comme vous le dites à partager une plénitude de vie sans être obligé pour cela de s'inquiéter si peu que ce soit sur l'avenir du groupe, pas plus, du reste, que du futur en général. Cela, le Christ nous l'a souvent enseigné dans son Évangile…
Bonne année donc à vous et à Assise et union de prière.
Père Joseph FAVIER,
Vannoz, France, le 21 janvier 1989
III – Méditation pour "retraités"
VA n° 4, janvier 1995
Écrire le mot juste, la pensée juste, est aussi libération. Né chercheur, je me fatigue aussi à chercher, ne trouvant pas toujours ce que j'aimerais découvrir, ne rencontrant parfois qu'avec peine ceux ou celles avec lesquelles j'aimerais converser. Je suis alors renvoyé pour des instants plus ou moins long à ma solitude primordiale, au Soi profond d'où se dégage toute vie et en tout cas l'Être essentiel et divin, source de tout.
Que faire dans ces moments d'attente qui mettent à l'épreuve la patience ?
Dormir, bien sûr, si je ressens quelques besoins de sommeil.
Lire ? Peut-être si c'est pour y retrouver un quelconque ressourcement et une connaissance accrue.
Prier, très sûrement si, ayant la foi, j'ai tout à fait la certitude que Dieu et les saints entendent mes prières et sont prêts à y répondre, même si c'est dans un sens autre que celui de mes désirs.
Méditer, si les circonstances et le Silence environnant y sont favorables et que cette descente au plus profond de soi est également source de joie paisible.
Écrire aussi, car libérer la pensée par l'expression des mots les plus appropriés, cela aussi m'apporte consolation de l'intellect et peut d'une certaine manière être utile à d'autres qui liront ces écrits et s'y reconnaîtront quelque peu, même s'ils se sentent aussi assez différents.
Quant à la nature, au réconfort d'une simple promenade en forêt ou la contemplation d'un beau panorama ou d'une simple fleur, beaucoup d'autres que moi en ont parlé. C'est là un thème de réflexion universelle et qui varie presque avec chaque personne suivant l'âge, l'éducation et les nombreuses expériences que nous offre la vie.
Joseph Favier
IV – Réflexion à propos du temps
VA n° 15, juillet 2000
Le passage à l'an 2000 pousse très fort à méditer sur le temps, celui de nos horloges d'abord. Il y a 30 ans, peut-être plus, peut-être moins, cette échéance du changement de siècle et de millénaire surtout me paraissait fort lointaine. Y arriverai-je ? Or nous y sommes ! Pas de tricherie possible en effet avec cet écoulement régulier et inexorable du temps.
Dès le plus jeune âge, ce déroulement ininterrompu des heures, des mois, des années a quelque chose d'éprouvant. Mais il y a le jeu, la camaraderie, les petits travaux adaptés à cet âge, tout cela agrémente le temps et fait oublier les moments fastidieux, les remontrances et parfois les punitions. Durant l'enfance, le temps paraît-il comme autre chose qu'un déroulement continuel d'événements, plus ou moins heureux ; joie et peine s'enchevêtrant sans jamais se ressembler tout à fait ?
Et qu'en est-il pour l'adolescent qui connaît des émotions plus fortes, des conflits parfois douloureux ? Peut-il dépasser le cadre étroit du temps, si coloré des passions qui l'agitent, pour accéder à une autre dimension et toucher si peu que ce soit au mystère de l'éternité ? Je le pense volontiers, appuyant, pour le suggérer, sur une expérience personnelle.
À la suite d'un accident, un jeune de quelques années plus âgé que moi est passé de vie à trépas. J'entre dans la chambre mortuaire pour m'y recueillir. En plus de l'émotion qui m'étreint quelque part dans ma poitrine, voici que le mouvement du balancier de l'horloge qui égrène ses tic-tac réguliers tout près du corps inerte et cireux de ce camarade, prend tout à coup, je ne sais pourquoi, un relief étonnant. Si banal en un autre temps, ce va-et-vient sonore devient subitement très éloquent, quand il vient rompre le profond silence qui règne ici en maître.
Pourquoi la vie ? Pourquoi la mort ? Pourquoi lui ? Pourquoi ?
Ce que chuchotaient à mes oreilles de jeune, ces tintements légers des tic-tac de l'horloge face à ce jeune cadavre, que chacun l'interprète suivant sa personnalité propre, son âge, son éducation… !!! Pour mon compte, ils m'impressionnaient fort dans leur douceur même et m'accablaient de questions : Qu'est-ce que le temps ? Qu'est-ce que la vie ? Qu'est-ce que la mort ? Qu'est-ce donc que l'éternité ?
Père Joseph FAVIER, un ancien de St Gervais
V – Citations
VA n° 21, novembre 2002
Pour le prochain bulletin d'Assise, je relève quelques citations qui peuvent peut-être nous aider à avancer avec lucidité et détermination sur ce chemin d'intériorité qui est le nôtre.
À propos du silence mental le rôshi japonais Kôshô Uchiyama dit :
« Si vous pensez pendant le zazen, ce n'est plus le zazen. »
Une prophétie du gourou Rimpoché, dont le nom signifie "précurseur" et qui se fit au VIIIe siècle de notre ère l'apôtre du bouddhisme à travers l'Inde et le Tibet :
« Quand les chevaux auront des roues (automobiles) et que l'oiseau de fer volera (avions) le Tibet sera occupé. Le dharma (la loi) disparaîtra et il se rendra dans les régions de l'ouest. »
Nous savons que depuis l'invasion chinoise du Tibet, cette prophétie s'est réalisée et continue de se réaliser.
Et cette parole très forte d'un autre prophète - chrétien celui-là – Romano Guardini, écrivant dans la première moitié du XXe siècle :
« Peut-être Bouddha est-il le dernier génie religieux avec lequel le christianisme aura à s'expliquer. »
Très amicalement vôtre, Père Joseph Favier.
VI – Logia 42 et 2 de l'Évangile de Thomas : Soyez passant ; celui qui cherche...
VA n° 24, juillet 2003.
Le père Jean-Yves Leloup qui a fait un très bon commentaire de chacune des 114 paroles de Jésus dans l'évangile de Thomas nous dit dans son introduction qu'il est possible de lire avec un esprit catholique ou orthodoxe cet évangile comme on lit Luc, Marc, Matthieu ou Jean ; il n'y a pas à l'opposer aux autres pour le considérant comme "supérieur". Et il ajoute : « Les évangiles ne sont-ils pas à lire "ensemble" comme autant de points de vue sur le Christ "à l'intérieur de vous et à l'extérieur de vous" dans toutes ses dimensions à la fois historiques et méta historiques ? » L'évangile de Thomas "une nouvelle facette d'un éternel diamant", c'est la conclusion de l'auteur.
Pour ma part, ayant médité assez souvent cette "bonne nouvelle selon Thomas", je me suis livré moi aussi à un commentaire des 114 logia ou "paroles nues" attribuées au maître doux et humble de cœur. Plutôt que de garder ces réflexions uniquement pour moi-même, j'ai pensé en diffuser quelques-unes à des personnes, des groupes de prières ou des revues telles que La Voix d'Assise, plus sensibles à cet évangile. Bien qu'il ne soit pas "canonique" comme on dit, il peut à l'instar de beaucoup de saints non canonisés rendre un service spirituel réel à bien des chrétiens ou même des mal-croyants en recherche de vérité.
Logion 42.
Voici par exemple ce que me suggère le plus cours de ces logia, il s'agit du logion 42 :
- « Jésus disait : “Soyez passant”. »
Aide-moi, Seigneur, aujourd'hui à être passant, à ne pas m'accrocher vraiment à des savoirs, à des pouvoirs, à des affections, et même à des bonnes œuvres si utiles soient-elles. Quand seul compte l'Être et qu'il nous faut redevenir sans cesse comme de petits enfants, pourquoi m'acharner à retenir tel plaisir, telle compagnie ou au contraire écarter obstinément telle douleur ? Même le fruit de mon travail, ma fonction exercée avec compétence, tout cela passera. À quoi bon m'attarder en route quand le temps qui m'est imparti est court, surtout si j'approche des 80 ans.
Un traité chrétien des premiers siècles dit : « Fuis les divisions et les liens, et déjà tu as la résurrection.[3] » Jésus disait simplement : « Soyez passant ».
Logion 2.
« Que celui qui cherche
soit toujours en quête
jusqu'à ce qu'il trouve
et quand il aura trouvé
il sera bouleversé ;
étant bouleversé, il sera émerveillé,
il régnera sur le Tout. »
Si je m'en tiens à ces paroles, un vrai disciple du Christ devient un chercheur et un chercheur opiniâtre jusqu'à ce qu'il trouve. C'est plus fort donc que le simple « Cherchez et vous trouverez » de saint Matthieu (7, 7).
Que ce soit dans le domaine temporel avec la découverte de tout ce qui dans l'univers peut aider l'homme à mieux vivre son passage sur terre, ou dans le domaine spirituel, avec le souci constant de mieux rencontrer le "Dieu caché" de la Bible, l'au-delà de tout, je n'ai pas d'autre choix que celui de "chercher". Pas de place donc pour l'indifférent qui, dans les sciences de la nature ou les multiples activités humaines s'en tient uniquement, sans contradiction, à ce qui se dit ou se pratique. Pas de place non plus, semble-t-il, à celui qui se contente d'une foi aveugle, celle reçue dans l'enfance ou encore celle qui refuse de se confronter aux questions nombreuses et importantes que pose le monde moderne.
Mais ne peut-on pas affirmer que chercher c'est d'une certaine manière avoir déjà trouvé, selon la célèbre parole de Blaise Pascal : « Tu ne me chercherais pas si tu ne m'avais déjà trouvé » ?
À propos de l'émerveillement qui suit cette recherche, Grégoire de Nysse au IVe siècle disait : « Les concepts créent les idoles de Dieu, seul l'émerveillement peut nous en dire quelque chose. » Et Einstein, plus proche de nous, ne dit-il pas : « Il n'y a que les imbéciles qui ne s'émerveillent pas », ceux qui justement mettent fin à toute recherche.
Je termine en rappelant que le P. Teilhard de Chardin, homme de science et aussi de contemplation active, écrivait le mot Recherche avec une majuscule, signifiant par là qu'elle est aussi "Adoration" et acte vital pour l'avenir de l'homme.
Père Joseph Favier
VII – Lettre à la Voix d'Assise
VA n° 27, mai 2004
La première fois que j'ai rencontré le zen vivant - et non la théorie - c'est au cours de l'été 1975. Après avoir lu un petit livre qui traite du sujet, j'ai participé à un sesshin organisé à Bressuire près de Niort par le maître sôtô Deshimaru et son équipe animatrice. Je fus enthousiasmé. Je recevais là -en pleine figure oserais-je dire – tout ce que cette discipline (car c'en est une à mon avis) véhiculait de joie, d'équilibre, d'énergie physique et spirituelle qui me semble manquer dangereusement au monde occidental. Plusieurs fois dans les années 1980 j'ai suivi à la Gendronnière près de Blois des sesshins organisés par des disciples de ce maître sôtô venu du Japon et qui a répondu à ce qu'il appelait une mission : répandre en Europe cette précieuse semence du zen pour qu'elle s'y développe.
Me rendant compte plus tard qu'il manquait à ce zen venu de l'Asie la dimension judéo-chrétienne dont je suis issu, je me suis tourné alors vers des centres où l'on pratiquait aussi zazen, mais sans oublier l'essentiel de la tradition biblique, des prières chrétiennes et surtout de l'Eucharistie. C'est pourquoi je suis alors allé au couvent de l'Arbresles à 25 km de Lyon suivre quelques sesshins avec un disciple de Dürckheim, Jacques Castermane qui a établi plus tard un centre de méditation à Mirmande près de Montélimar. Enfin, j'appris qu'un prêtre catholique, comme je le suis moi-même, organisait des sesshins du même genre.
Et c'est ainsi qu'à Saint-Jean-de-Sixte dans le Vercors, puis à Montargis j'ai fait la connaissance de Jacques Breton, puis du centre de Saint-Gervais où j'ai suivi aussi des stages et sesshins dans les années 1990. C'est à ce centre-là que je me sens actuellement le plus relié. Si ce n'était la distance, je m'y rendrais encore sans doute une ou deux fois par an. Heureusement, La Voix d'Assise me tient au courant de ses activités.
Père Joseph Favier
[1] François-Albert Viallet (1908-1977) également connu sous le nom Soji-Enku est un philosophe. D'origine autrichienne et italienne, docteur en philosophie, chrétien, il fait ses études à Paris, Rome et Vienne. Il est journaliste à Paris dans les années 1930. Les positions antinazies qu'il a publiquement exprimées peu avant la guerre lui valent d'être arrêté par la police allemande dès le mois de juin 1940. Fait prisonnier de guerre, puis interné dans différentes prisons du Troisième Reich, il parvient à s'évader en mars 1942 et à revenir en France, où il rejoint les rangs de la Résistance. Après la guerre, il s'est fait connaître par ses ouvrages sur Pierre Teilhard de Chardin, dont il a été le proche ami, puis comme propagateur de la pratique Zen en Europe. Il a effectué de nombreux voyages à l'étranger et notamment au Japon, dont il parle la langue. Il a été élève de Taisen Deshimaru et Kōshō Uchiyama dont il a traduit des textes. Il a écrit plusieurs livres suite à sa captivité : La cuisine du diable, éd. Hier et aujourd'hui, 1945, car au début de sa détention, pendant plus de quatre mois, il croupit dans le dépôt numéro 1, surnommé "la cuisine du diable", avec 400 autres prisonniers "politiques" dans des conditions effroyables de crasse et de promiscuité, les lieux étant prévus pour une vingtaine de détenus ; il écrit Nos chaînes, Expérience d'une captivité, aux Éditions ouvrières ; Les chiens d’Himmler, Presse lyonnaise du sud-est, 1945 (cf. http://www.critique-livre.fr/histoire/chiens-dhimmler-francois-albert-viallet/). En 1950 il écrit L'Avenir de Dieu, Recherche d'une optique religieuse pour demain, éd. Les Cahiers d'Art et d'Amitié. Il écrit aussi L'univers personnel de Teilhard de Chardin, Amiot-Dumont, 1955. Plus tard il écrit Zen l'autre versant, éd. Casterman, 1971 ; il est avec Kôshô Uchiyama l'un des auteurs de Réalité du zen le chemin vers soi-même, Le courrier du livre, 1974
[2] Extrait de cette lettre aux amis : « Une année se termine. Elle a été pour Assise un temps de passage qui lui a permis de retrouver un autre souffle. Oui, quelques perspectives nouvelles s'ouvrent, un certain nombre de personnes de qualité viennent d'adhérer au Centre et participent à nos activités, une équipe de communication se met en place. Un équilibre financier est atteint. Certes, demeure encore des points obscurs comme l'avenir de la propriété de Saint-Gervais et sa gérance, l'installation d'une communauté en ce lieu, etc… Mais n'est-ce pas le destin de toute création, de tout chemin spirituel pour qui le désert est un passage obligé. Durant ces périodes qui peuvent durer, nous avons parfois l'impression que rien de solide ne se construit, que rien n'avance, que nous nous heurtons à des impasses ; l'avenir nous semble bouché. Elles sont inévitables et souvent désespérantes et douloureuses. Mais ne sont-elles pas pour chacun d'entre nous l'occasion d'une remise en question ? […] Mon souhait pour cette nouvelle année est qu'une ère nouvelle s'ouvre pour vous. Que vous fassiez l'expérience de cette incomparable richesse de paix, de force, d'amour, qui gît au fond de votre cœur pour la communiquer autour de vous, à ces hommes et à ces femmes auxquelles il manque l'essentiel : la possibilité de vivre pleinement ce qu'ils sont. »
[3] C'est une phrase du Traité de la Résurrection trouvé à Nag Hammadi où l'auteur s'adresse à Réginos : « Fuis les divisions et les liens, et déjà tu as la résurrection… Pourquoi ne te considères-tu pas déjà comme un ressuscité. »