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Voies d'Assise : vers l'Unité
Voies d'Assise : vers l'Unité
  • Blog dédié à Jacques Breton (prêtre, habilité à transmettre le zen, assistant de K.G. Dürckheim, instructeur de kinomichi) et au Centre Assise qu'il a créé en le reliant à l'abbaye de St-Benoît-sur-Loire (France) et au monastère zen du Ryutakuji (Japon).
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14 octobre 2020

La méthode de l'introspection. Début d'une lettre écrite par Hakuin et publiée dans l'Orategama

Dans cette lettre, le grand maître zen Hakuin présente la méthode de l'introspection et il donne des précisions sur le lien entre pratique assise (zazen) et vie quotidienne.

Le Centre Assise à qui est dédié ce blog est sous la responsabilité de Eizan rôshi, responsable du Ryutaku-ji, le monastère fondé par Hakuin près de Mishima au Japon. Eizan  transmet l'enseignement de Hakuin (cf. tag Enseignement Eizan Rôshi).

Cette lettre au gouverneur Nabeshima fait partie du receuil Orategama (遠羅天釜). Il existe une traduction française faite par Shibata mais qui n'est pas fiable, quelques passages traduits dans la revue  Hermès n° 4 intitulée Tchan-Zen (p. 366-384), ainsi que des traductions anglaises accessibles sur https://terebess.hu/zen/hakuin-works.html.

La présente traduction française doit beaucoup au travail de Anna RUGGERI TAKESHITA "Traduzione italiana dell'Oradegama di Hakuin Zenji", pdf n° 1  (https://core.ac.uk/download/pdf/236421337.pdf). Presque toutes les notes viennent de là et donnent beaucoup d'informations. Cette traduction n'est évidemment pas parfaite...

Ce message fait partie des textes fondamentaux du zen publiés sur le blog. Un commentaire du chant de Hakuin qui est récité chaque jour en sesshin a déjà été publié (HAKUIN ZENJI ZAZEN WASAN Le chant de Maître Hakuin à la louange de Zazen).

 

 

 Lettre de réponse au Gouverneur Nabeshima[1] de la Province de Settsu,

remise au soin d'un mandataire proche

 

Hakuin EkakuHier j'ai reçu la lettre que vous m'avez envoyée de loin. Je suis content de savoir que vous êtes toujours mieux. Je peux imaginer votre soulagement d'avoir pu accueillir et divertir les envoyés de la délégation de Corée avec un franc succès[2]. Je vous félicite. Quant à moi, comme toujours, je jouis d'une excellente santé, alors ne vous inquiétez pas.

De plus, le fait que vous continuiez la "pratique du zen"[3] sans vous épargner, et cela non seulement pendant le zazen[4] mais aussi dans la vie quotidienne[5], est une chose vraiment admirable. En ce qui concerne les autres points liés à la pratique sur lesquels vous m'écrivez, je suis en parfait accord avec vous. Vous ne pouvez pas imaginer à quel point vos nombreuses réalisations me font plaisir.

En règle générale, si les motivations avec lesquelles on affronte la pratique sont fausses, on finit par avoir des problèmes à la fois pendant le zazen et dans la vie quotidienne, et on peut entrer dans un état de dépression et de distraction qui mène facilement à la colère[6]. En conséquence, les poumons[7] commencent à faire mal, on s'affaiblit et on tombe gravement malade assez souvent. Si au contraire on se consacre correctement à la pratique de l'introspection[8], à la méthode secrète de soins parfaits[9], le corps et l'esprit sont en pleine forme, ils retrouvent force et vitalité, tout est résolu facilement et on réussit à atteindre l'illumination.

C'est pourquoi le Bouddha Shākamuni traite ce sujet en détail dans les Agama[10] des soutras. Maître Chigi[11] de l'école Tendaï s'appuie sur cet enseignement fondamental et le décrit très méticuleusement dans le texte du Makashikan[12]. Le point fondamental de cet enseignement consiste à remplir d'énergie vitale la partie du corps située sous le nombril[13], et cela quelle que soit l'activité : lorsque nous lisons les Écritures sacrées et lorsque nous apprenons les lois du Dharma, lorsque nous pratiquons assis sans jamais nous allonger ou lorsque nous pratiquons la marche pendant les six périodes du jour[14], nous devons remplir d'énergie vitale la partie du corps située sous le nombril. Pendant que nous travaillons ou quand nous divertissons quelqu'un ou à tout autre moment de la journée, si nous continuons inlassablement à concentrer notre énergie vitale sous le nombril, notre corps sera alors en excellente santé, le souffle vital remplira naturellement le tanden en le faisant gonfler comme un ballon[15] et en le rendant aussi dur que le cuir d'une balle qui n'a pas encore été botté et donc adouci à l'usage.

Si quelqu'un est capable de ce type de concentration respiratoire, il peut pratiquer zazen toute la journée sans s'ennuyer, il peut lire les Écritures sacrées toute la journée sans s'ennuyer, il peut continuer à écrire toute la journée sans se fatiguer, et il peut prêcher toute la journée sans se décourager. De plus, lorsqu'il pratique d'innombrables bonnes actions au quotidien, il ne montre aucun signe de fatigue. La capacité de son esprit s'élargit progressivement et ses énergies vitales deviennent de plus en plus puissantes. Lors des chaudes journées d'été, il n'a pas besoin de s'éventer et ne transpire pas. Lors des nuits d'hiver froides et enneigées, il n'a pas besoin de porter des chaussettes[16] ni de se réchauffer. Même s'il vivait cent ans, ses dents resteraient saines et fermes. En pratiquant cette technique avec diligence, il peut vieillir plus longtemps. De cette façon, il n'y aura pas de Voie qu'il ne puisse suivre, il n'y aura pas de précepte qu'il ne puisse pas observer, il n'y aura pas de vertu qu'il ne puisse pas pratiquer.

Si, cependant, sans maîtriser l'ancienne technique mentionnée plus haut, et sans connaître les secrets de la vraie pratique, on essayait de s'éveiller seul, on irait vers les excès mentaux qui nourriraient des pensées inappropriées lors de la pratique du kōan. Et quand on perd le principe de base de la pratique, des obstructions se produisent dans le système respiratoire, le feu monte au cœur en créant de l'agitation, par conséquent les deux pieds deviennent aussi froids que s'ils avaient été immergés dans la glace et la neige, les oreilles sonnent comme si on marchait près d'une rivière rugissante qui coule à travers les vallées, les poumons s'affaiblissent, le corps se déshydrate et finalement on tombe gravement malade à un point où on risque de na pas rester en vie. Tout cela arrive parce que la manière correcte de procéder dans la pratique réelle n'est pas connue. Et c'est vraiment dommage. Le Makashikan parle de tranquillité temporaire et de tranquillité du vide[17]. La technique introspective à laquelle moi-même je me réfère a pour principe la tranquillité temporaire[18].

Moi aussi, quand j'étais jeune, j'avais mal compris la pratique, croyant que la Voie du Bouddha était la tranquillité de l'esprit[19]. C'est pourquoi je détestais les activités quotidiennes et préférais les endroits calmes. Je cherchais toujours des endroits isolés dans lesquels je pratiquais un zazen stérile[20]. Même pour des bagatelles je sentais un poids dans ma poitrine et le feu montait dans mon cœur. Pendant les activités de tous les jours je ne pouvais pas même pratiquer un peu ; quand je faisais quelque chose, j'étais souvent bouleversé et attristé. Mon esprit et mon corps étaient toujours faibles. Je transpirais sans cesse des aisselles et mes yeux pleuraient continuellement. J'étais souvent déprimé et incapable de tirer quelque force ou avantage que ce soit, incapable  d'apprendre et d'appliquer la pratique. Plus tard, cependant, j'ai eu la chance de recevoir les enseignements d'un bon professeur[21] qui m'a transmis la technique secrète de l'introspection. Je me suis méticuleusement consacré à cette pratique pendant trois ans, et les maladies graves dont j'avais souffert jusque-là et que j'avais eu du mal à guérir ont disparu en un clin d'œil tout comme le gel fond au soleil du matin. De plus, le caractère terrible et toxique des phrases-clés[22] de ces kōan difficiles à croire, difficiles à pénétrer, difficiles à démêler et difficiles à saisir, ceux-là mêmes dans lesquels jusque-là je n'avais pas pu "mordre", fondaient maintenant comme la glace en même temps que mes maladies étaient guéries.

Cette année j'ai eu soixante-dix ans[23] , mais je me sens dix fois plus fort que quand j'avais trente ou quarante ans. Mon esprit et mon corps sont vigoureux et je n'ai pas besoin de repos. Parfois je ne dors pas pendant un, deux ou même sept jours, mais quand je ne dors pas mon esprit s'affaiblit peu. Bien que je donne des conférences sur les Écritures ou commente des textes zen à trois cent ou cinq cents vaillants pratiquants pendant trente ou même cinquante jours d'affilée, cela ne m'épuise pas, et je suis sûr que tout cela se fait grâce à la puissance de la pratique de l'introspection.

Si dans un premier temps, grâce à la pratique de l'introspection, j'ai donné la priorité à la santé et aux soins du corps, j'ai eu je ne sais combien de fois et sans l'avoir cherché, un satori[24] inattendu avec tous ses avantages. Le plus important est de ne pas faire de préférence entre l'aspect quiétiste de la pratique représenté par le zazen, et son aspect actif inhérent à la vie quotidienne. L'important est de ne mépriser ni l'un ni l'autre, mais de continuer à se consacrer assidûment à l'entraînement. On a souvent l'impression de n'aller nulle part quand on pratique en mouvement dans les activités tandis que la pratique quiétiste elle-même semble apporter des résultats au-delà de nos espoirs, mais ce n’est pas le cas. En fait, les personnes qui se livrent uniquement à une pratique quiétiste sont incapables d'être en mouvement de façon à obtenir quelque chose librement : quand ils entrent dans la sphère du mouvement et dans le monde commun de l'activité, la puissance inhérente à un satori ordinaire disparaît sans laisser de traces, même la plus petite force vitale est épuisée, et ils restent des êtres humains médiocres et inférieurs ; les choses les plus insignifiantes les rendent nerveux, une lâcheté inhabituelle afflige leurs esprits et ils se comportent souvent d'une manière moyenne et basse. S'il en est ainsi, que penser quand ils disent avoir accompli quelque chose ?

Le maître zen Dai'e Sôkô[25] a dit que la pratique en mouvement est incommensurablement supérieure à la pratique dans l'immobilité. Hakusan[26] a dit que celui qui ne pratiquait pas dans l'activité était comparable à celui qui tentait de franchir le sommet d'une montagne très raide avec un poids lourd[27] sur les épaules.

Cela ne veut pas dire que vous devez vous débarrasser complètement de la pratique quiétiste et chercher un lieu d'activité pour pratiquer. De toute façon, ce qui a plus de valeur c'est une pure pratique de kōan qui n'est pas consciente des deux aspects d'activité et d'immobilité, et qui ne fait aucune différence entre eux. C'est pourquoi nous disons: « Un vrai moine pratiquant marche mais ne sait pas qu'il marche, il est assis mais ne sait pas qu'il est assis »[28].



[1] Il s'agit de Nabeshima Naotsune (1701−1749), chef de Hasunoike dans la province de Settsu, actuelle préfecture de Saga, et disciple laïc de Hakuin. Forcé de voyager continuellement à Edo en raison du sankin kōtai (littéralement "rotation de services"), un système par lequel les seigneurs féodaux (qui à l'origine étaient les ennemis de la famille dirigeante, la famille Tokugawa) ont été forcés de se rendre au shogun Tokugawa en signe de loyauté. C'était un système qui a épuisé la richesse des familles, et donc des provinces, qui y sont soumises. À cause de la fatigue et du stress causé par ce genre de vie, Naotsune tomba malade et mourut à l'âge de 49 ans. L'échange de lettres avec Hakuin a eu lieu juste à l'époque où Naotsune est tombé malade, un peu avant de mourir.

[2] Hakuin fait référence à une grande délégation diplomatique de Coréens que Naotsune avait la tâche de distraire. Il avait reçu l'ordre en mars 1747 et mena cette lourde entreprise jusqu'au bout, ce qui avait nécessité de nombreux prêts. Le divertissement a eu lieu le 17 mai 1747 à Ejiri, la cinquante-troisième station de Tokaidō, et s'est terminé avec succès. Quelques jours plus tard, au même mois de mai, Naotsune a envoyé une lettre à Hakuin, c'est celle dont nous avons la réponse. Cette lettre n'a pas été trouvée, mais son contenu est facilement compréhensible grâce à la réponse de Hakuin. Deux ans plus tard, le 16 octobre 1749, Naotsune mourut.

[3] "Pratique zen". Le terme japonais est kufū 工夫, qui indique la pratique de l'école rinzaï avec kôan.

[4] Zazen坐禅 désigne la pratique zen réalisée en position assise (za = assis).

[5] Le terme utilisé est dōjō nikyō動静 二 境 et indique les deux aspects de la pratique: l'aspect actif et l'aspect quiétiste. En d'autres termes, il s'agit d'une référence au double aspect de la pratique, qui se fait respectivement pendant zazen et au cours de la vie quotidienne.

[6] L'expression utilisée est «le feu qui monte et fait brûler le cœur». Ici shinka心火  désigne l'organe du cœur, comme dans la conception de la médecine traditionnelle chinoise où  l'élément feu caractérise le cœur.

[7] Les poumons, eux, sont caractérisés par l'élément métallique. D'où l'utilisation du terme haïkin肺 金, composé du poumon et du kanji désignant l'élément métallique.

[8] "L'introspection", naikan内 観. Cette technique taoïste consiste en une sorte d'exercice d'observation introspective, dans lequel on se concentre sur l'élimination des images matérielles et enfin des pensées. Le terme est également utilisé dans le bouddhisme de l'école Tiantai…Hakuin décrit la technique du naikan en détail un plus loin dans une partie de l'Oradegama et aussi dans le Yasenkanna.

[9] On ne sait clairent à quelle méthode Hakuin se réfère ici. Le terme utilisé est shigoku yōjō至極 養生.

[10] Ce sont les sutras du bouddhisme hīnayāna qui contiennent l'enseignement de la période initiale des sermons de Bouddha.

[11] Chigi (ch. Zhiyi智 顗, 538-597) fut le fondateur de l'école japonaise Tendaï (ch. Tiantai 天台) en Chine.

[12] Le titre complet de l'œuvre est  Tendai Makashikan (ch. Tiantai Mohe zhiguan : 天台 摩 詞 止觀). Dans le volume VIII du Makashikan, une technique contemplative est décrite et liée aux différents types de respiration capables de guérir les maladies.

[13] Le nom qu'utilise Hakuin pour indiquer cette partie du corps est kikai-tanden (kikai気 海 et tanden丹田). Le kikai il est situé à environ quatre centimètres et demi sous le nombril, tandis que le tanden est à environ neuf. Il s'agit du kikai bas, lieu où se concentre l'air inhalé, et du tanden bas, point de rassemblement de toutes les énergies. Étant tous les deux situés sous le nombril, ils sont nommés ensemble comme un seul terme. Un autre point appelé kikai est le kikai élevé, il est situé dans la région des poumons. Pour le tanden, il y en a trois : le tanden haut, qui se trouve entre les sourcils, le tanden moyen qui est sous le cœur, et le tanden bas.

[14] Ces six périodes de la journée (jap. : rokuji gyōdō , 六 時 行 導 [道] ) sont les six heures pendant lesquelles le pratiquant, sans se coucher ni se reposer, se consacre uniquement à la pratique du zazen japonais (chōzafuga , 長 坐 不 臥).  Ils correspondent à une heure le matin, une le midi, une heure au coucher de soleil, une le soir, une la nuit et une au milieu de la nuit.

[15] Le ballon, hyōtan 箪, était un récipient fabriqué à partir d'une longue citrouille particulière qui était vidée et séchée. Il était souvent utilisé pour contenir du saké ou d'autres boissons.

[16] Chaussettes, tabi足 袋 : chaussettes japonaises traditionnelles qu'on met avec des tongs. Hakuin raconte dans le Yasenkanna avoir été hypersensible au froid dans son enfance et avoir eu besoin de porter deux ou trois paires de tabi les unes sur les autres pour lutter contre le froid.

[17] Ce sont les tranquillités temporaires,  keenshi假 縁 止 et les tranquillités du vide,  taishinshi諦 眞 止. Le Makashikan (ch. Mohe zhiguan) parle de trois types de tranquillité auxquels il oppose trois types de visualisations correspondantes. La première technique à laquelle il fait référence est un type de tranquillité, ou méthode introspective, qui concentre l'esprit dans une direction "temporaire", tandis que la seconde technique va dans le sens des "principes de la vacuité", Śamatha  qui équivaut à un autre terme, en japonais keienshi , dont le sens renvoie à une pratique zen qui relie l'esprit au nez, au nombril et à d'autres parties du corps, afin de ne pas les laisser se disperser.

[18] C'est probablement parce que la tranquillité temporaire, comme l'explique Chigi (ch.  Zhiyi) dans le volume III du Makashikan (ch. Mohe zhiguan) est une technique qui concentre l'attention sur des parties du corps telles que le nez ou le nombril.

[19] Littéralement: cet endroit calme qui constitue la source de l'esprit.

[20] Littéralement: "pratiquer un zazen mort" (死 坐 す), Hakuin critique vivement ce type de pratique, qui forme le fondement de mokushō zen (ch. mozhao chan:黙 照 禅)ou " zen de l'éveil silencieux", le considérant passif et stérile. Historiquement ce zen de l'éveil silencieux a été critiqué par Dai'e Sōkō (ch. Dahui Zonggao.大 慧 宗 杲 1089-1163), le maître zen de l'ère Song, qui opposait ce zen au kanna zen (ch. kanhua chan:看 話 禅), qui est la pratique centrée sur l'introspection du kōan.

[21] Hakuin aurait reçu les enseignements de l'ermite Hakuyūshi (白 幽 子) influencé par le taoisme. Cette rencontre est décrite en détail dans le Yasenkanna (Entretien d'une barque au crépuscule). Le vrai nom de Hakuyūshi est Ishikawa Jozan (1583-1672), il a vécu la dernière période de sa vie dans une grotte de la région de Shirakawa de la province de Yamashiro, située dans la partie orientale de Kyōto. Une rencontre entre Hakuyūshi et Hakuin est considérée comme improbables, car il n'y a pas de coïncidence entre les déplacements de Hakuin et la date présumée de cette rencontre. Plus probablement, Hakuin a utilisé la figure de Hakuyūshi, dont la renommée l'avait atteint, comme prétexte narratif visant à décrire la technique d'introspection.

[22] La "phrase-clé",  watō (ch. houatou, 話頭) d'un kôan consiste en un mot ou une phrase contenue dans le kōan, sur lequel on se concentre pour résoudre le problème proposé par le kōan en question. Par exemple dans le célèbre kôan du MU de Jôshu, le watô est "MU".

[23] En fait Hakuin n'a pas 70 ans au moment de la rédaction de l'Oradegama mais plutôt 64 ans. Ce chiffre 70 est l'âge défini (jūshin 從 心)  par Confucius dans ses Dialogues, c'est-à-dire l'âge auquel on agit en toute liberté et sans violer aucune règle.

[24] C'est le satori 悟, éveil ou illumination zen

[25] Dai'e Sôkô (ch. Dahui Zonggao) faisait partie de l'école japonaise rinzai. Il était l'un des maîtres les plus importants de l'ère Song et on se souvient de lui comme promoteur du kōan zen

[26] Hakusan Daigi (ch. Boshan Taiyi :博山 大 艤, 1575-1630).Un autre nom de Mui Ganrai (ch. Wuyi Yuanlai :無異 元 来), célèbre maître chan de l'école sôtô (ch.  caodong). Boshan était le lieu qui abritait le temple où il vivait. Ses aphorismes sont contenus dans hakusan sanzen keigo (ch.  Boshan sanchan jingyu, "Mots d'avertissement sur la pratique de Boshan chan" 博山 参禅 警 語, 1611), ouvrage qui contient des explications sur la pratique du kōan et mises en garde sur les maladies causées par la pratique zen et qui ont influencé Hakuin. La citation ici rapporté par Hakuin semble être plus un passage de Kidō oshō goroku (ch. Xutang hehuo yulu, Les discours de maître Xutang, 堂 和尚 語録, 1269).

[27] "Un poids lourd", littéralement : 120 kin斤, le Kin étant une ancienne unité de mesure chinoise qui équivaut à 600 grammes.

[28] Hakuin fait référence est à une phrase présente dans le Zenkan sakushin (ch. Changuan cejin :禅 関 策 進), œuvre contenant des commentaires de Unsei Shukō (ch. Yunxi Zhuhong : 雲棲 袾 宏, 1535-1615) aux dires des anciens maîtres et compilé en 1600. Au Japon, il s'est fait connaître grâce à Tōrei Enji (東嶺 円 慈, 1721-1792), disciple de Hakuin qui l'a fait réimprimer.

 

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