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Voies d'Assise : vers l'Unité
Voies d'Assise : vers l'Unité
  • Blog dédié à Jacques Breton (prêtre, habilité à transmettre le zen, assistant de K.G. Dürckheim, instructeur de kinomichi) et au Centre Assise qu'il a créé en le reliant à l'abbaye de St-Benoît-sur-Loire (France) et au monastère zen du Ryutakuji (Japon).
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1 novembre 2020

Lettre aux amis écrite par Jacques Breton à l'occasion de la Toussaint

Pour beaucoup, la Toussaint rime d'abord avec un jour pluvieux et des embouteillages sur les routes. A cette occasion certains en profitent aussi pour se recueillir sur la tombe des défunts de la famille ou d’amis, bien que la pratique de l'incinération modifie ces habitudes.

En général on confond la fête de la Toussaint et la fête des morts (appelée aussi "commémoration des fidèles défunts"). Cette confusion est liée au fait que Toussaint est un jour férié, celui du 1er novembre, alors que la fête des morts du 2 novembre ne l’est pas. En général ce moment de l'année donne occasion de réfléchir sur la mort. C'est ce que Jacques Breton faisait chaque année. Nous en avons un écho ici dans la "lettre aux amis" qu'il a écrite pour la "Voix d'Assise" n° 36 de novembre 2006.

 

Lettre aux amis,

 

          Chers amis,

 

allée de St GervaisCette lettre vous parviendra certainement après la Toussaint alors que je vous écris la semaine d'avant, ce qui explique le thème de ma réflexion avec vous.

Si, comme le mot l'indique, cette fête est celle de tous les saints, elle est aussi celle des morts de notre famille ou de nos amis. En nous rendant au cimetière nous sommes bien obligés de nous poser des questions sur la mort. Bien souvent nous évitons ces questions ; elles nous dérangent. Nous voyons en elles une des causes de nos souffrances. Il n'y a rien de plus dur à vivre que ces ruptures qui nous séparent de ceux que nous aimons. D'autre part notre propre mort peut nous inquiéter et même nous angoisser.

La mort est certes un mystère en ce sens que toutes les explications ne peuvent en rendre compte. Nous avons la certitude que nous mourrons un jour, même si nous repoussons l'échéance d'une dizaine d'années. Quel sens donner à cette mort ? Au départ elle peut signifier la caducité de notre vie terrestre. En dehors de la croyance en l'Absolu, il est impossible de lui donner un sens. Elle n'est qu'un retour au néant. Ceci rend la vie d'autant plus absurde que l'homme aspire à la plénitude de vie, au bonheur, à la joie, à la liberté, à l'amour total. Mais si nous croyons à cet Absolu vital, pourquoi la mort ?

Pour le bouddhisme la réponse est relativement simple ; la mort nous fait passer de ce monde impermanent au Nirvana dans la bouddhéité, cet absolu de lumière, de paix, de compassion… Et cette mort, les bouddhistes la préparent tout au cours de leur existence en apprenant le détachement, l'oubli de soi, l'entrée dans le vide pour ne pas retourner au samsara, cet enfer des multiples réincarnations.

Le christianisme, sans nier ce passage de la mort à l'absolu, va insister sur d'autres aspects. La Bible nous révèle que ce monde a été créé par Dieu pour que l'homme puisse partager la vie divine, vie d'amour. Mais, il ne peut y avoir d'amour vrai sans liberté. A cause de cette liberté l'homme aura toujours tendance à abandonner la source de vie pour être à lui-même son propre maître. La mort, conséquence de cet état, va sans cesse nous rappeler qu'en tout nous sommes limités.

Toute la foi chrétienne repose sur le Christ, le fils de Dieu venu dans ce monde pour vaincre en nous la mort et nous ouvrir à la vie. Son Esprit est sans cesse à l'œuvre, si nous le voulons. Il va nous faire vivre une réelle transformation, nous aider à passer des ténèbres à la lumière, des conflits à la paix, des divisions à l'unité, de l'égoïsme à la mort, de la mort à la Vie. La résurrection est déjà commencée et le chrétien, dès maintenant, peut en faire l'expérience. La mort physique sera la dernière transformation. Tout ce qui a été bâti ici-bas sur le plan relationnel, social et culturel ne sera pas détruit mais la résurrection amènera la vie humaine à son achèvement. Ainsi la mort n'est plus cause de désespoir mais d'espérance à condition de la vivre tous les jours pour renaître à la vie nouvelle. Loin de séparer l'homme de ceux qu'il aime, elle va lui donner de vivre une relation plus approfondie avec eux, même si la sensibilité en est affectée pendant un certain temps, c'est le temps du deuil.

Certes nous avons à prier pour nos morts, c'est une manière de les accompagner sur le chemin de la vie. Puisse cette Toussaint être pour vous une véritable fête.

 

En toute amitié

Jacques BRETON

 

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