Ce petit message veut prendre acte de deux choses :

• la disparition du local de la rue Quincampoix pour le centre Assise. En effet ce local était loué au nom de Jacques Breton, et la mairie de Paris l'a récupéré[1].
• la disparition du Centre Pastoral Halles-Beaubourg (CPHB) situé près ce local, un lieu que Jacques Breton a beaucoup fréquenté, il y a d'ailleurs fait du kinomichi et du zen tout au début. C'est l'archevêque de Paris qui a décidé l'interruption du CPHB en fonction d'un certain contexte, et a supprimé les pages qu'il avait sur Internet[2]. Cela entraine la suppression de la messe du dimanche de 11 h 15 (une analyse faite par J. Pierron figure en 2^e partie de Dossier sur la célébration eucharistique avec des réflexions de Jacques Mérienne et de Joseph Pierron).

Pour accompagner ces deux changements, après la citation de G. de Nysse,  la parole est donnée à une femme, Geneviève Esmanjaud[3] qui nous a quittés le 3 avril 2020, il y a presque un an. Ce texte est paru en 1991 dans "Aujourd'hui des chrétiens", le bulletin du CPHB dirigé par Xavier de Chalendar (c'est lui qui a créé le CPHB en 1975), bulletin trouvé dans les papiers de Jacques Breton après sa mort.

« Abraham partit ne sachant où il allait, et parce qu'il ne savait pas où il allait, il savait qu'il était dans la vérité »
                 (Grégoire de Nysse)

La contagion des cœurs errants

Geneviève ESMANJAUD

Je pense à l'errance amoureuse de trois femmes de l'Évangile : la Samaritaine, Marie-Madeleine, la femme adultère ; trois cœurs blessés d'amour insatisfait, naïfs et impudiques, déçus et provoquants, cependant espérant, humblement. À côté d'elle, les pharisiens, aussi des cœurs blessés d'amour insatisfait, mais préférant le droit, l'apparence de vertu, tenant fermées les portes de leur intimité, et condamnant les cœurs trompés, pris par l'errance et l'illusion. Jésus est pour eux tous.

Plutôt qu'hommes et femmes à opposer, je vois deux façons différentes de vivre la blessure du cœur. Soit le repli sur soi, avec son amertume et le refus d'un nouveau risque de rencontre et de souffrance, soit l'ouverture maintenue, ses imprudences et ses richesses, mais une hâte et une peur qui ne permettent pas de s'accorder en vérité…

Jésus, le grand errant, le jamais solitaire ; l'échange vital avec son Père, la vigueur de l'Esprit, par son passage il en imprègne quiconque ne se dérobe pas et veut bien se laisser à son tour vivifier dans son sillage, après qu'il ait passé. De visage en visage et d'appel en appel, aussi d'attente en abandon et reniement, de toujours à toujours, il demeure et il va, comme si en chaque lieu où passera un homme errant, lui déjà aura passé et précédé, ouvrant la voie de renaissance, laissant trace de son empreinte afin que nul pied ne se pose en un lieu qui ne soit pas chemin, Voie pour qui veut, Vie et Vérité.

L'errance est multiple rencontre, et c'est toujours le même amour.