C'était la lettre écrite pour la rentrée 1990.

Chers amis

Vous rentrez de vacances, de voyages… ou de stages avec certainement plus d'ardeur pour reprendre votre vie quotidienne. Vous vous interrogez sur la manière dont vous allez poursuivre votre cheminement. Comment demeurer fidèle à tout ce que vous avez pu découvrir dans votre vie ? Bien des possibilités s'offrent à vous. Mais que choisir ?

Il nous faut d'abord bien distinguer les exercices de détentes qui nous sont indispensables, des exercices proprement "initiatiques" comme le zen, le yoga, le kinomichi, le tai-chi, etc. qui nous font progresser sur le chemin spirituel.

Parmi ceux-ci, de plus en plus d'activités vous sont proposées, aussi tentantes les unes que les autres. Mais comme il nous est difficile d'être patient avec nous-mêmes et d'apprendre à nous limiter. Sinon nous risquons de nous disperser et de fuir la réalité. Or c'est le quotidien qui est le terrain d'exercice par excellence, c'est là et là d'abord dans les conditions de vie qui sont les nôtres que nous progressons. Et puis nous en sommes convaincus, mais nous l'oublions très vite, c'est l'Être seul, le Souffle de vie qui est la véritable cause de notre transformation. Toutes les techniques ne nous sont offertes que pour nous rendre plus disponible, plus attentif. Ou bien elles nous aident à nous décharger de tout ce fardeau inutile qui entrave notre route. Certes bien souvent nous ne sentons pas cette action de l'Esprit et nous sommes déconcertés avec l'impression de piétiner. Or c'est dans le désert que nous avançons, comme le rappellent tous les mystiques. Aussi, gardons un esprit critique par rapport à toutes ces techniques alléchantes, qui nous promettent monts et merveilles et qui ne sont qu'illusion.

Sans doute avons-nous besoin d'une discipline personnelle et de temps forts. Ils nous sont indispensables pour retrouver une nouvelle énergie. N'abandonnons pas trop vite les méthodes traditionnelles qui nous viennent de l'Extrême Orient ou de l'Occident : elles ont fait leurs preuves, et nous ouvrirons plus sûrement à la source intérieure.

En toute amitié,

Jacques BRETON