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Voies d'Assise : vers l'Unité
Voies d'Assise : vers l'Unité
  • Blog dédié à Jacques Breton (prêtre, habilité à transmettre le zen, assistant de K.G. Dürckheim, instructeur de kinomichi) et au Centre Assise qu'il a créé en le reliant à l'abbaye de St-Benoît-sur-Loire (France) et au monastère zen du Ryutakuji (Japon).
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20 janvier 2023

Dessins d'enfants ; exemple de travail réalisé avec un enfant de 12 ans ; méthode de dessin dirigé pour adultes

Les dessins d'enfants fascinent parents, animateurs, psychothérapeutes… Mais d'où vient l'impulsion que dirige leur main ?

La méthode de "dessin dirigé" fait partie des "exercices" de "thérapie initiatique" enseignés au Centre créé par Graf Dürckheim en Allemagne. Elle est proposée aussi au Centre Assise créé par Jacques Breton qui a été assistant de Dürckeim. Plusieurs messages du blog ont déjà présenté le dessin dirigé avec des exemples de dessins produits par des adultes.

Le présent message a pour but de rendre compte d'une adaptation qui a été faite au niveau d'enfants. Il se compose de trois parties :

  1. Réflexion rapide sur les dessins d'enfants suivie d'exemples de "lecture" concernant des moins de 4 ans, tirés du livre de Réal DUPONT, Lire les images des enfants.
  2. Rapport d'une suite de séances réalisées avec un enfant de 12 ans (4 dessins)
  3. Présentation de la méthode du dessin dirigé avec un exemple de dessin réalisé par un adulte.

Les messages du blog concernant la psychothérapie initiatique sont dans le tag thérapie initiatique.

 

Dessins d'enfants

Méthode de dessin dirigé avec des adultes

 

1) Les dessins des jeunes enfants

Si on donne un papier et un crayon à un tout jeune enfant, les premiers gestes jaillissent de lui sans qu'on ait à les lui enseigner. Ils sont spontanés.

C'est le renouvellement de ce qu'on appelle les "gribouillis" qui permettent à l'enfant de parler. Au fur et à mesure qu'il améliore ses gestes, il nomme, il raconte et s'approprie la parole.

 

Voici six dessins reproduits sur trois pages du livre de Réal DUPONT, Lire les images des enfants, Ed. L'image de l'art, Montréal 1991, p. 17, 19 et 31 (livre épuisé) :

  • 1ère et 2ème photos : l'enfant gribouilleur (registre gestuel)
  • 3ème photo : les premiers schémas (registre pré-logique)

 

Dessins gribouillis 1

 

Dessins de Gilbert et Gabriel

 

Dessins de Patrick, 4 ans

 

2) Témoignage du suivi d'un enfant de 12 ans : séances associant techniques de relaxation, de visualisation, et technique du dessin dirigé.

Thomas a 12 ans. Il a de grosses difficultés de concentration et est très anxieux, très inquiet. L'école ne lui plaît pas beaucoup et il éprouve de grosses difficultés en français.

Un animateur lui a proposé quelques séances pour qu'il puisse prendre davantage confiance en lui-même et s'exprimer par le dessin. Il a associé des techniques de relaxation, de visualisation, et celle du dessin dirigé (voir au 3°).

Avant chaque dessin exécuté avec des pastels, il lui a proposé de fermer les yeux, puis, lui a donné la consigne d'exprimer son ressenti par le dessin. Une fois le travail exécuté, il lui a demandé de dire à voix haute ou d'écrire ce qu'il avait ressenti, vu, entendu, en dessinant, et d'exprimer ensuite les réactions qu'il avait en observant son travail, les yeux ouverts.

 

Dessin 1, Thomas

 

Suite à ce dessin, Thomas explique : « je suis décontracté. Je me trouve dans une forêt près d'une cascade. Il y a des arbres, de la verdure, une rivière. »

En regardant le dessin exécuté, les yeux fermés, il dit :

  • « Je ne pensais pas que l'eau tombait sur moi. »
  • « Allongé dans l'air, je croise les jambes. Je suis en train de me reposer »
  • « Pour moi, la nature est un espace où on est libre. Il faut contempler la nature sans faire des choses qui la détruisent : par exemple mettre le feu ou déraciner les arbres. »
  • « Je me sens bien dans la nature, chez mes grands-parents, en Lorraine. »

 

Deuxième dessin :

Dessin 2, Thomas

 

Avec ce deuxième dessin, Thomas explique : « Après la compétition de natation, je cherche la voiture avec mon père. Ce dernier est heureux parce que j'ai bien nagé. Il m'a expliqué des mouvements et des techniques pour nager encore mieux. J'aimerais faire encore une autre compétition pour m'améliorer. »

 

Troisième et quatrième dessins suivis des commentaires de Thomas

 

Dessin 3, Thomas

 

Dessin 4, Thomas

Commentaires après ces deux dessins :

  • « J'aime bien l'Égypte, les pharaons, les trésors dans les tombeaux, depuis la lecture du livre Les pilleurs de sarcophage…. J'ai dessiné que j'étais dans les couloirs. Je me sens seul et je suis prudent à cause des pièges qu'on ne peut pas voir. »



 3) La méthode du dessin dirigé mise au point par Maria Hippius, compagne de K. G Dürckheim

Karlfried Graf Durkheim (1896-1988) était professeur de psychologie, chargé de mission au Japon de 1937 à 1945. Il a dirigé de 1948 jusqu'à sa mort le centre de formation et de rencontres de psychologie essentielle à Todmoos en Forêt Noire. Auteur de nombreux ouvrages, il a été le pionnier de la diffusion en Occident des préceptes de la sagesse orientale. Reconnu comme maître spirituel, un facteur important de son enseignement est « l'exercice » sur le chemin qui est le but de la vie initiatique.

Les exercices de dessin permettent avant tout la liberté d'expression de la spontanéité des forces profondes. Il ne s'agit pas de formes réalisées volontairement dans un but artistique mais d'un mouvement spontané permettant aux forces enfermées dans l'inconscient de se manifester librement et de trouver une expression libératrice. Le but du dessin dirigé[1] est de délivrer les dons de vie originels qui, s'ils restent bloqués, altèrent le développement naturel de l'homme.

L'expérience nous enseigne que les dons plastiques, parce qu'ils sont proches de la nature, conduisent plus facilement que d'autres dispositions à des expériences où l'élève se perçoit lui-même dans la profondeur de son Être essentiel.

Maria Hippius[2], compagne de K. G. Durkheim, a mis au point, au cours de longues années d'études, une méthode très importante : le « dessin dirigé ». Elle le formule ainsi :

  • « Les guirlandes et les arcades, par exemple, formes tirées de la division verticale du cercle, ou leur liaison linéaire en forme de vagues ou de serpents sont des formules de formes, de gestes archétypiques de l'ÊTRE. Ils expriment une ouverture, une réceptivité ou – à l'inverse, une fermeture, une protection. La vague symbolise le changement par des hauts et des bas, le temps et l'éternité.
    D'autres formes archétypiques sont la spirale et la lemniscate, les lignes de mouvements giratoires en général. Ces formes plutôt douces, fluides, aux contours peu précis, ont un caractère dominant féminin. À l'opposé, les lignes droites et anguleuses, ou les formes distinctement délimitées sont plutôt de type masculin. Elles apparaissent en lignes verticales et horizontales, en flèches, en rayons, en angles, en croix, en triangles, en carrés ou en points.
    On demande à l'élève de reproduire ces formes et de les répéter, d'une seule main ou des deux mains, sur des feuilles de papier de formats différents, jusqu'à ce que le processus se déroule de lui-même. L'automatisation croissante et l'intériorisation du modèle archétypique apportent une aisance, une fluidité de plus en plus évidente, comme aussi une sûreté accrue des gestes et des formes. La répétition automatisée de certains tracés finit par saisir l'homme, intérieurement aussi. Il en résulte un dessin mieux différencié et, au-delà de l'activité primaire, un beau langage plastique individualisé qui peut acquérir une qualité artistique. Ce genre de dessin conduit – et c'est son véritable but – à une expérience de soi-même et, éventuellement, à des réalisations qui peuvent amorcer une transformation personnelle.
    Les séquences de dessin donnent ainsi un aperçu du chemin suivi, du point de départ et des métamorphoses de l'énergie psychique.
    Tout comme la peinture et le dessin, le modelage libre[3] apporte des possibilités spécifiques. Il peut mener à une profondeur initiatique quand, au lieu de chercher à créer une forme, on laisse les mains manipuler librement la terre glaise. Au-delà des formes qui expriment les énergies refoulées, des figures archétypiques nourrissent parfois l'inspiration jusqu'à faire résonner l'ÊTRE métaphysique. »

 

● Exemple de dessin dirigé.

Un atelier de dessin dirigé[4] peut avoir lieu soit en individuel, soit en petit groupe (moins de 8 personnes). Il commence par des exercices de détente pour une mise en condition corporelle. Puis l'animateur formule une consigne et, en fermant les yeux, chacun laisse sa (ou ses) main(s) dessiner sur quelques feuilles de papier[5]. À la fin, il y a un temps d'échange. Lors de séances de groupes, chacun à tour de rôle regarde ses dessins et exprime son ressenti.

Dessin, Bouillonnement du feu contenu

 

 


[1] On parle de "dessin dirigé" pour deux raisons : il y a une consigne donnée au départ, et en plus le dessin vient d'une impulsion.

[2] Maria Hippius était psychologue et graphologue et a soutenu sa thèse sur le thème "expression graphique des sensations".

[4] Le "dessin dirigé" se dit en allemand : "das Geführte Zeichnen" (dirigé de l'intérieur de soi), on peut dire aussi "dessin méditatif", même si certains réservent "dessin méditatif" au travail réalisé en étant seuls.

[5] On peut disposer les feuilles de façon verticale ou horizontale. On peut dessiner avec une ou deux mains.

 

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