Le début de ce qui est publié ici est un extrait de l'introduction de J. Breton à l'Assemblée Générale de novembre 2012 dont le compte-rendu a été publié dans Voix d'Assise n° 53. La suite est la deuxième partie de la lettre aux amis de Jacques Breton du n° 55 d'octobre 2013.

Chers amis,

La charte du Centre Assise a été rédigée par tout un groupe qui, pendant une année, se réunissait tous les mois.

Elle met comme finalité « l'enracinement dans la tradition mystique chrétienne ». Cela demande une explication. Assise se refuse à être un lieu où est enseignée la théologie, mais plutôt un lieu où on cherche à vivre une expérience intérieure.

La Bible elle-même est essentiellement un livre d'expérience. Inspirés par l'Esprit, les prophètes, les prêtres, les sages, les historiens ont transcrit leur propre expérience du mystère de Dieu. Et cette œuvre s'est poursuivie jusqu'à nos jours par les mystiques, les saints, les sages. La théologie est une réflexion intellectuelle nécessaire pour garantir la justesse de ces expériences et transmettre l'enseignement ainsi donné. L'éthique et la morale que l'Église enseigne peuvent se résumer en un seul mot : "aimer", mais ce terme peut se conjuguer de différentes manières pas toujours justes.

L'essentiel est de comprendre que l'amour divin prend sa source à l'intérieur de nous-même comme une eau vivifiante qui nous communique un dynamisme qui engage toute notre personne : corps, cœur, esprit, au service de l'« autre ». C'est ce que nous propose le Centre Assise quand la charte parle d'expérience mystique.

Au cœur de cette expérience se trouve l’Amour. Cet Amour nous engage à mettre toute notre personne au service du Tout-Autre et de l’autre. Cette expérience tient compte de la réalité du corps, des sens, de l’affectif, de l’intelligence. Nous sommes tous appelés à la vivre à notre manière.

Le centre Assise, dans sa démarche, insiste plus spécialement sur l’unité du corps, du psychique et du spirituel. Trop souvent, dans nos relations, nous en restons au plan affectif ou intellectuel. Pour retrouver cette unité, il nous faut accepter de nous détacher de nous-mêmes pour davantage nous intérioriser. Dans nos démarches, nous restons trop souvent à un niveau qui nous empêche d’être nous-même. Or, l’ouverture à notre profondeur ne peut se faire sans une présence divine qui nous habite, l’Esprit. Mais l’Esprit n’est pas une présence anonyme, il est une des trois personnes de la Sainte Trinité. Il est chargé de toute la beauté, la bonté, la liberté de toutes les valeurs spirituelles. Nous ne pouvons pas espérer les vivre par nous-mêmes. C’est en nous mettant en relation avec l’Esprit que nous trouvons le dynamisme qui va nous permettre de passer de notre condition humaine limitée à la plénitude à laquelle nous sommes appelés. Cet Esprit étant Amour ne peut que respecter nos choix, nos décisions. Il ne s’impose pas. C’est à nous-mêmes de croire à sa présence et de l’accueillir pour que, avec lui, nous cheminions vers la vie de plénitude. Je puis vous assurer que lorsqu’on s’ouvre à cette expérience, on trouve une grande paix et une grande joie.

D’autre part, l’Esprit n’est pas réservé aux chrétiens, il est à l’œuvre dans toute l’humanité et, entre autres, dans les diverses traditions religieuses. Je crois qu’il est important, comme le dit la charte d’Assise, de nous ouvrir à ces diverses religions pour y trouver d’autres lumières et vivre des échanges plus fraternels.

Avec toute mon amitié,

Jacques Breton