Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Voies d'Assise : vers l'Unité
Voies d'Assise : vers l'Unité
  • Blog dédié à Jacques Breton (prêtre, habilité à transmettre le zen, assistant de K.G. Dürckheim, instructeur de kinomichi) et au Centre Assise qu'il a créé en le reliant à l'abbaye de St-Benoît-sur-Loire (France) et au monastère zen du Ryutakuji (Japon).
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 102 294
Archives
1 juillet 2023

Le lotus, ombre et lumière par Bernard Ugeux

« On parle de "position du lotus" parce que c'est une attitude physique d'ouverture, un mouvement circulaire d'accueil et d'offrande » nous dit Bernard Ugeux dans cette ancienne chronique du Magazine Prier, parue dans la rubrique : « S'interroger sur la quête spirituelle d'aujourd'hui : celle du dedans et celle du dehors, dans l'Église et hors de l'Église », en septembre 2003, n° 254. C'est l'occasion de découvrir B. Ugeux.

Anthropologue et théologien, il est d'origine belge. Père blanc il a été professeur à la Faculté de théologie et à l'Institut de Science et de Théologie des Religions de Toulouse. Il a longtemps participé à la formation des soignants et des aumôniers de la santé. Depuis une douzaine d'années, il vit au Congo[1]. Il a publié aux Editions de l'Atelier Guérir à tout prix ? (Coll. Questions ouvertes, 2000) ; Retrouver la source intérieure (2001), Traverser nos fragilités (2012). Il a publié Vivre de tout son être, (Presses de la Renaissance 2009) ; Petite initiation à la prière (Médiaspaul, 2014).et La compassion, j'y crois (Bayad 2015). Il a dirigé le livre La fragilité, faiblesse ou richesse ?, (Albin Michel, 2009). Dans Retrouver la source intérieure il s'appuie sur trois traditions : la méditation d'Extrême-Orient, la spiritualité orthodoxe et la spiritualité ignatienne.

Depuis très longtemps il pratique la méditation dans la tradition de Karlfried Graf Dürckheim[2], et cette rubrique est bien dans l'esprit de Dürckheim.

 

 

lotus

Le lotus, ombre et lumière

 

J'aime l'image du lotus, la fleur symbolique de l'Inde. Par le déploiement de sa corolle, cette fleur évoque la position de la personne en méditation ou en prière. On parle de "position du lotus" parce que c'est une attitude physique d'ouverture, un mouvement circulaire d'accueil et d'offrande.

Ce qui est beau dans le lotus, et que nous pouvons constater aussi dans nos régions avec le nénuphar ou le nymphéa, c'est que sa tige, ses racines, pénètrent dans des eaux sombres. C'est une lumineuse image de la vie spirituelle. En effet, nous avons tous dans nos profondeurs des lieux obscurs, nous sommes tous un mélange de lumière et d'ombre. Or nous sommes invités à nous élever vers la lumière, à nous déployer dans ce que nous avons de plus beau et à nous unifier. Cette part lumineuse en nos profondeurs, nous sommes invités à l'identifier, à nous la réapproprier, pour l'offrir.

Même si nous avons les pieds dans la boue, même si nous vivons, par rapport à notre histoire, des sentiments négatifs d'échec, de péché, de culpabilité, si nous portons un lourd héritage, des blessures, des handicaps, ne nous laissons pas arrêter… On ne grandit pas en regardant ses pieds, l'arbre grandit en s'ouvrant vers la lumière.

Péguy écrivait qu'en arrivant à la cathédrale de Chartres à la fin d'un pèlerinage, ses bottines couvertes de boue, une fois celles-ci essuyées, il ne s'encombrait plus des traces du chemin pour orienter tout son être vers la lumière du sanctuaire, avec son mystère divin.

Cela ne signifie pas qu'il faille nier ou ignorer notre part d'ombre. Elle fait partie de nous et nous apprend l'humilité et la vulnérabilité. La lumière se nourrit de l'ombre. Cependant notre part obscure étouffe parfois le jaillissement de la source, nous empêche de croire que nous pouvons émerger de la tourbe pour faire l'expérience de la lumière, de la plénitude, de la transfiguration. Cette transfiguration nous est intérieure et, en même temps, elle nous vient d'un ailleurs, d'un au-delà qui nous échappe sans cesse.

Comme disait un mystique chrétien, Grégoire de Nazianze : « Oh ! Toi, l'au-delà de tout, n'est-ce pas tout ce que l'on peut chanter de toi ? », en s'adressant à Dieu.

En outre, l'image du lotus nous renvoie à la promesse du Christ : « Je suis la vigne, vous êtes les sarments : celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là portera du fruit en abondance car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. » (Jean 15, 5).

Déployés et enracinés comme un lotus, avec nos obscurités et notre lumière, nous pouvons apprendre à nous arrêter et à durer dans le silence et l'immobilité, demeurer ouverts à cette simple Présence, habités parce qu'aimés.

Commentaires