50e anniversaire de la mort d'H. Le Saux/Swami Abhishiktananda et dernière publication
Henri Le Saux adopta le nom indien de Swami Abhishiktananda. Il est né le 30 août 1910 à Saint-Briac-sur-Mer en Ille-et-Vilaine (France) et mort le 7 décembre 1973 à Indore (Inde). Moine bénédictin français et figure mystique du christianisme indien, il contribua au dialogue entre le christianisme et l'hindouisme. Plusieurs messages figurent déjà sur le blog dans le tag Henri le Saux.
Le présent message renvoie en première partie sur le site du DIM (Dialogue Inter-religieux Monastique) qui a consacré son dernier numéro à cette commémoration.
La deuxième partie donne écho de la parution des 700 pages de la correspondance entre Henri le Saux et Thérèse de Jésus, entre 1959 et 1968. Le 1er volume est paru le 2 septembre 2022, et le 2e vient de paraître le 14 septembre 2023.
I – Commémoration par le DIM
du 50e anniversaire de la mort de Swami Abhishiktananda
La dernière revue du DIM parue en juillet 2023 est centrée sur ce 50e anniversaire, voir leur site : Index 13:2 July - December 2023.
Voici la liste de plusieurs articles de ce numéro qui sont disponibles sur le site en anglais et en français (il suffit de cliquer sur le changement de langue quand on est sur l'article) :
- Martin Demchenko, La vie de Swami Abhishiktananda à la lumière des Sannyasa Upanishads
- James Wiseman, Amour et Advaita
- Jacob Riyeff, Swami Abhishiktananda et les Psaumes
- Yann Vagneux, Les derniers jours de Swamiji
- Ted Ulrich, Approcher la culture indienne : l'exemple de Swami Abhishiktananda
- Dorathick Rajan, La poursuite de Dieu en Inde
- Cyprian Consiglio, La dévotion au-delà des ténèbres
- Mario Aguilar, Réflexions sur Abhishiktananda, le pèlerin hindou
- Michael Highburger, Tourner vers l'Est : un moine bénédictin français dans l'Inde spirituelle
- Christian Hack-Barth Johnson, l'héritage spirituel et politique d'Abhishiktananda
- Antony Kalliath, Tao d'Abhishiktananda : Pont de conscience
II – Le Swami Et La Carmélite – Correspondance 1959-1968
Par Henri LE SAUX, Thérèse De Jésus
Préface et notes de Yann Vagneux
Deux tomes ont été publiés chez Arfuyen :
- L'appel de l'Inde est paru le 2 septembre 2022
- La beauté du Gange est paru le 14 septembre 2023
Une recension du premier livre est parue sur le site du DIM : Le Swami Et La Carmélite – Vol 1, Correspondance 1959-1968.
Les auteurs.
Henri Le Saux est né en 1910 à Saint-Briac. Après des études au séminaire de Rennes, il entre à 21 ans à l'abbaye bénédictine de Kergonan. En 1945, il entre en contact avec l'abbé Monchanin, qui s'est consacré à l'étude de l'Inde. Il le rejoint en Inde en 1948. Tous deux fondent en 1949 un ashram au lieu dit Shantivanam ("le bois de la paix"). Il se rend en 1949 à Arunachala, près de Pondichéry, pour suivre l'enseignement de Ramana Maharshi. Après avoir été ermite sur la montagne d'Arunachala, il commence, sous le nom d'Abhishiktananda une vie d'errance. Son expérience spirituelle de "sannyasi chrétien" exerce en France une grande attraction sur nombre de religieux et prêtres.
Née en 1925, Thérèse Lemoine est entrée en 1947 au carmel de Lisieux. Par l'entremise de sa prieure, elle entre en 1959 en correspondance avec Le Saux, qui lui confie son projet d'un Shantivanam féminin. Elle écrit à Jean XXIII en 1962 pour demander la permission de fonder dans l'Inde un ermitage, permission refusée. En 1965, elle obtient son transfert au carmel de Pondichéry et s'embarque pour l'Inde. Son intention reste de rejoindre Le Saux sur les bords du Gange. En 1967, elle quitte Pondichéry et retrouve Le Saux. Elle ne vit plus que dans l'espoir d'être autorisée à devenir elle aussi ermite, qu'elle obtient en 1971. Le Saux meurt en 1973, mais elle poursuit son expérience. En 1976, le renouvellement de son visa lui est refusé. Thérèse disparaît en septembre 1976 sans laisser de trace, noyée ou assassinée.
1) L'appel de l'Inde – 4e de couverture
« Entre le 19 et 22 septembre 1976, elle disparut sans laisser de traces. On peut tout supposer : accident, mauvais coup... On ne sait rien et on ne peut rien déduire de ses lettres. » De l'étonnante destinée de Thérèse de Jésus (1925-1976), partie du carmel de Lisieux pour rejoindre en Inde Henri Le Saux (1910-1973) et disparue sur les bords du Gange, il semblait ne rester aucune trace. En l'espace de trois ans, de Lisieux à Pondichéry, en passant par Delhi, plus de 700 pages de lettres ont été retrouvées par Yann Vagneux, prêtre des missions étrangères et grand connaisseur de l'Inde. De cet ensemble se dégage le dialogue spirituel exceptionnel qui a eu lieu entre cette femme assoiffée d'absolu et pleine de courage et le charismatique moine bénédictin devenu en Inde swami Abhishiktananda. « Nulle âme qui sentit l'appel réel au-dedans ne peut demeurer insensible au souffle qui passe en la tension de l'Inde vers l'absolu », lui écrit le Swami. « Si la paix demeure au fond, écrit la Carmélite, ce n'est quand même pas sans quelque effroi que j'aborde l'aventure. Je crois que tout cela fera un bon creuset de purification. » Henri Le Saux a laissé de nombreux ouvrages étincelants d'intelligence et de liberté intérieure. Citons Sagesse hindoue, mystique chrétienne (1965) ou Souvenirs d'Arunâchala (1978). Fondée sur la solide formation monastique des bénédictins et sur la méditation incessante des écritures chrétiennes et hindoues, son aventure spirituelle est l'une des plus fascinantes du XX° siècle.
2) La beauté du Gange – 4e de couverture.
Au travers des quelques 700 pages, admirablement écrites et pensées, de la correspondance entre Henri Le Saux (1910-1973) et Thérèse de Jésus (1925-1976) se révèle le dialogue spirituel exceptionnel qui a eu lieu entre cette carmélite assoiffée d'absolu et pleine de courage et le charismatique moine bénédictin devenu en Inde Swami Abhishiktananda. Publié en septembre 2022, le premier volume de cette correspondance, intitulé « L'appel de l'Inde », nous a montré le long cheminement de Thérèse, guidée par Henri Le Saux, avant qu'elle ne puisse son rêve de vivre en Inde une vie purement contemplative. Intitulé « La beauté du Gange », ce second volume nous fait assister à son parfait accomplissement. En juin 1975, Thérèse réalise le rêve qui l'habite depuis tant d'années : « une petite maison très primitive de deux pièces, avec toit de tôle ondulée sans électricité, au milieu des manguiers et autres arbres [...] En faisant de la gymnastique dans les rochers, je peux aller prendre mon bain dans le Gange qui coule en contre-bas. Je n'ai jamais rencontré nulle part une telle qualité de silence. » Son maître Henri Le Saux est mort depuis deux ans déjà. Sa solitude est totale. Elle est initiée au mantra le plus ancien de l'Inde alors que « même les femmes de caste brahmanique n'ont pas le droit d'y être initiées. » Un an après cependant, sa maisonnette est retrouvée déserte. Six mois plus tard, en avril 1977, l'autre disciple d'Henri Le Saux, Marc Chaduc, disparaîtra lui aussi de son ermitage de Kaudiyala, à 30 km de là. Jamais leurs corps ne seront retrouvés.