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Voies d'Assise : vers l'Unité
Voies d'Assise : vers l'Unité
  • Blog dédié à Jacques Breton (prêtre, habilité à transmettre le zen, assistant de K.G. Dürckheim, instructeur de kinomichi) et au Centre Assise qu'il a créé en le reliant à l'abbaye de St-Benoît-sur-Loire (France) et au monastère zen du Ryutakuji (Japon).
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3 février 2018

Le livre de J. Breton " Vers la lumière : Expérience chrétienne et bouddhisme zen" : présentation, recension, échos divers

Jacques Breton a écrit deux livres : Vers la lumière : Expérience chrétienne et bouddhisme zen et L’itinéraire singulier d’un prêtre catholique. La traversée de l’obscur.

Ce message et le suivant proposent des présentations de ces deux livres. Il est question ici du premier. Dennis Gira, directeur de la collection dans laquelle a été publié ce livre est un ami de Jacques Breton. Il a été professeur de bouddhisme à l'Institut Catholique de Paris. Il est venu plusieurs fois dans le centre Assise faire des conférences ou animer des week-ends sur le rapport bouddhisme / christianisme. Vous trouverez ici son avant-propos qui figure en début de livre. Par ailleurs ce livre a donné lieu à une réunion mémorable dans la salle de la rue Quincampoix de Paris où ont lieu les activités du centre (l'autre lieu se trouvant à Saint-Gervais 95420) et également à plusieurs témoignages publiés dans la Voix d'Assise, le bulletin de liaison interne à l'association. Tout cela figure ici.

  • Pour lire, télécharger, imprimer ce message, c'est ici en fichier pdf : Vers_la_lumi_re.

 

Le livre de J. Breton :

 

Vers la lumière :

Expérience chrétienne et bouddhisme zen

 

 

 

Vers la lumière, Jacques BretonQuatrième de couverture[1] :

Jacques Breton, prêtre catholique, pratique le zen depuis vingt-cinq ans et l'enseigne depuis une quinzaine d'années dans un centre qu'il a créé. Cette situation à première vue étrange est le fruit d'une quête spirituelle et humaine d'une rare qualité. C'est en effet en cherchant une plus grande authenticité de sa vie chrétienne, dans la voie monastique d'abord, puis dans la voie érémitique, que Jacques Breton a rencontré le zen et s'est lancé dans cette aventure difficile, ce chemin de crête où la foi doit sans cesse se confronter à une sagesse autre.

Il nous fait dans cet ouvrage participer à son itinéraire et à ses réflexions. Il nous montre quel peut être l'apport du zen, quels sont les points de contact entre deux expériences spirituelles proches et pourtant diverses et quelles sont les ultimes différences qui rendent toute assimilation de l'une à l'autre impossible.

Un livre à la fois très personnel et très riche qui ouvrira au lecteur des perspectives inattendues.

 

I – Avant-propos du livre par Dennis Gira

Directeur de la collection "Religions en dialogue"

 

À sa création en 1989, la collection « Religions en dialogue » s'est donnée comme but de publier, d'une part, des ouvrages de référence sur les grandes religions du monde et, d'autre part, les itinéraires spirituels d'hommes qui vivent, ou qui ont vécu, leur quête de la vérité à la frontière spirituelle où ces religions se rencontrent. Le souci principal des ouvrages de référence de la collection (Comprendre le bouddhisme, Un regard chrétien sur l'islam, Sagesse et religion de la Chine…) est de présenter de manière objective et respectueuse la richesse et la cohérence interne des traditions que chacun peut aujourd'hui rencontrer autour de lui. Cette connaissance d'autrui est l'un des piliers d'un authentique dialogue interreligieux et elle est absolument essentielle pour garantir sa vérité. Sans elle, le discernement si nécessaire à qui veut s'ouvrir totalement à l'expérience spirituelle des croyants d'autres religions devient impossible.

Mais, si la connaissance des autres religions est essentielle au dialogue interreligieux, les repères que nous proposent les hommes qui pendant des années ont vécu au "creuset" de ce dialogue ne le sont pas moins. Comme des phares qui balisent un chemin difficile, ces hommes sont là pour nous dire les exigences d'un véritable dialogue, les souffrances qu'engendre le désir d'aller toujours plus loin dans la rencontre d'une autre manière de vivre la quête spirituelle, et la joie de progresser sur ce chemin. C'est pourquoi « Religions en dialogue » publie également les itinéraires spirituels de personnes qui s'investissent totalement dans cette rencontre d'une autre tradition.

Dès les premières lignes de Vers la lumière, il devient évident que Jacques Breton, prêtre catholique, compte parmi ceux qui ont choisi cette voie. Il nous décrit son itinéraire, sa rencontre avec des maîtres de la tradition zen, la manière dont il a été interpellé par eux – mais aussi la manière dont il les a interpellés. Le lecteur découvrira comment cette rencontre avec le zen a rendu l'auteur plus sensible aux symboles du corps, du souffle et de la croix, comment elle l'a aidé à sonder les profondeurs de sa foi en Jésus-Christ et en la Trinité ; cela ne devrait laisser personne indifférent. Le lecteur découvrira en même temps la tradition zen, qui est l'une des formes du bouddhisme les plus importantes au Japon et en Occident.

Jacques Breton vit quotidiennement cette rencontre entre le zen et le christianisme à travers sa pratique du zazen, et il sait ce qu'implique le fait de demeurer à cette frontière de la vie spirituelle, là où se cherchent les mots pour exprimer une expérience qui demeure indicible. Il sait qu'en ce lieu on risque de perdre sa vie, mais sa foi chrétienne lui dit que c'est en la perdant qu'il peut la trouver en vérité. Et c'est cette foi inébranlable qui finalement impressionne le plus.

 

II – Recension du Frère Laurent Knaff

(Abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire)

Dans la revue du DIM[2],  n° 16 de juin 1997

 

Lors des échanges spirituels avec les moines japonais où les personnes pratiquent la voie du zen, une question affleure à partir d'un certain moment : où se trouve la frontière entre prière chrétienne et méditation bouddhiste ? Malgré le respect des différences et l'amitié réciproque, on ne peut que mesurer, avec le temps, la distance qui sépare prière ou oraison, et méditation orientale. La question n'est pas neuve et revient souvent. C'est pourquoi l'expérience et le témoignage de Jacques Breton nous semblent importants.

Prêtre catholique, aumônier d'étudiants, puis ermite et enfin fondateur d'un centre chrétien de méditation où le cheminement est inspiré de la tradition zen, il est à même, après 25 années de pratique et de fréquents voyages au Japon, de nous dire comment aborder cette question.

Il  est remarquable que le sous-titre : « Expérience chrétienne et bouddhisme zen » suggère déjà une incompatibilité foncière, mais aussi la singularité d'une rencontre possible. L'exploration de l'expérience porte sur l'identité : « Qui suis-je ? » « Qui entre en relation ? » Que faut-il entendre par "nature originelle", la relation corps-esprit, les grands symboles ? Mais c'est au contenu de la "vacuité" que l'auteur apporte une contribution significative quand il re-découvre, grâce à elle, les enseignements de nos grands auteurs mystiques.

Ce livre ouvre des perspectives neuves dans le domaine de l'expérience chrétienne face à une autre vision de l'homme. Finalement, le mystère pascal intègre pleinement toutes ces données et permet d'avancer dans la lumière, vers le Père. Rien ne peut être négligé qui puisse nous aider à retrouver ce message central de l'Évangile.

Merci donc au père Jacques Breton d'avoir entrepris ce livre. Il y a de quoi avancer encore sur le chemin de dialogue, et tous ceux et celles qui y sont engagés trouveront grand profit à lire ces pages.

 

III – Échos de la présentation du livre à Assise

Par Constantin Comorovoski

Article paru dans la "Voix d'Assise" n° 8 de mars 1997

 

Voix d'Assise n° 8Il arrive rarement que la porte de notre salle de la rue Quincampoix[3] doive rester ouverte, tellement les participants à une manifestation d'Assise sont nombreux. C'était le cas le 11 février lors de la présentation du livre de Jacques Breton Vers la lumière, à peine paru.

Parmi ceux qui étaient présents, signalons le philosophe Denis Marquet dont les conseils avaient été pris en compte par l'auteur, Jean-Pierre Rosa, directeur de la maison d'édition, Dennis Gira qui en dirige la collection "Religions en dialogue" et maître Masamichi Noro. Les trois derniers ont pris la parole après Jacques pendant l'intéressant débat qui s'est déroulé.

La plupart d'entre nous avaient déjà eu l'occasion d'écouter Jacques Breton parler sur ce sujet, mais ses propos étaient d'habitude destinés à appuyer un moment de pratique méditative de groupe, et c'est dans ce contexte précis que leur sens se dessinait et opérait. Seulement, c'est le propre de la parole de s'inscrire aussi dans la durée, dans la mémoire, et d'y susciter des interrogations, une quête de plus amples cohérences.

Or, comme Jacques l'a confessé le 11 février, à ce niveau ses réponses n'étaient pas encore pleinement mûres avant qu'il ne s'embarque pour le travail ardu, de plus de trois ans, qui s'est cristallisé dans ce livre d'une belle transparence ; livre qui, pour cette raison et d'autres encore, était devenu nécessaire à Assise, sans parler des nombreux lecteurs qu'il va sans doute intéresser. Il me semble que ces intérêts seront assez divers car l'interface entre le bouddhisme et le christianisme est un thème fort actuel et qui prend d'autres couleurs selon le point de vue à partir duquel on l'envisage.

 

Une distinction importante, énoncée dans ce livre, est à faire entre la voie du zen empruntée par certains bouddhistes et la pratique de l'Assise en zazen qui convient aussi à ceux qui professent une autre religion ou même qui n'ont aucune appartenance religieuse.

Le sous-titre du livre se réfère à l'expérience chrétienne. Le zen étant entièrement centré sur la pratique et l'expérience spirituelle, il ne fallait plus le spécifier. Mais dans les religions bibliques, l'accent est mis sur l'écoute de la Parole révélée et de son exégèse, de sorte que la foi des chrétiens n'est pas toujours reliée à Dieu par leur expérience directe. Et quand le manque ou la discontinuité de l'expérience spirituelle s'accompagne d'une dévalorisation du corps et donc d'une atteinte au développement harmonieux de l'individu, des frustrations graves apparaissent qui, de nos jours, sont fréquentes.

Même des prêtres peuvent le ressentir cruellement, comme l'auteur du livre à une époque où il s'était retiré dans un ermitage au milieu de la forêt de Sologne ; situation qui fait penser au début allégorique de la Divine comédie :

    Nel mezzo del cammin di nostra vita
    Mi retrovai per una selva oscura…

    Au milieu du chemin de notre vie
    Je me suis retrouvé dans une forêt obscure…

Seulement, le Virgile qui allait guider et réorienter son parcours initiatique, il l'a trouvé plus loin, dans la Forêt Noire où habitait le comte Karlfried Dürckheim. Celui-ci lui a enseigné entre autres la pratique du zen rinzaï.

Approfondie ensuite avec une persévérance sans faille auprès de maîtres japonais, cette pratique a ouvert à Jacques Breton le chemin de l'intériorité. Cela allait revivifier aussi sa vie chrétienne et lui faire découvrir les nombreuses passerelles ou convergences qui relient les deux grandes religions sans pour autant effacer leurs différences. Parmi ces convergences latentes, certaines sont explorées et exposées pour la première fois dans ce livre.

Ainsi l'assise en zazen possède des virtualités symboliques qui ne sont pas explicitées par les maîtres bouddhistes. Jacques en est devenu peu à peu conscient et les a intégrées dans sa pratique méditative et dans son enseignement, d'autant plus qu'elles lui ont permis de revivre les symboles essentiels du langage biblique et de la tradition chrétienne. En effet « Le chrétien qui médite n'aura certainement pas les mêmes dispositions que le bouddhiste, la foi au Christ qui l'habite va influencer son exercice » (p. 207).

Pour lui, la respiration attentive, inséparable de la posture en zazen, exprime son union avec le Souffle divin dont parle la Bible, devenu dans la traduction habituelle l'Esprit Saint. La remontée verticale du corps dans le zazen réunit les deux pôles de la nature humaine, terre et ciel, qui désignent aussi de manière symbolique la double origine de l'homme. Mais le zazen comporte aussi la dimension horizontale qui nous relie les uns aux autres. Ceci fait que la verticale et l'horizontale réunies reproduisent la croix, symbole universel auquel René Guénon a dédié un livre important Le symbolisme de la croix, mais surtout images cardinales de la Foi chrétienne.

L'approche des rôshis[4], des monastères zen et des écrits bouddhistes a permis à l'auteur d'établir de nombreuses et subtiles correspondances avec le christianisme. Ainsi le zazen peut constituer une forme de prière silencieuse, sans parole ni image, dans la mesure où son point de départ est « l'intention de nous abandonner entièrement en notre fond, de nous ouvrir, d'accueillir ce souffle de l'Esprit qui nous habite » (p. 87). Le bouddhiste zen est lui aussi conscient de la présence en nous de ce Souffle qu'il appelle la force ki (en chinois chi) (p. 166). Évidemment cette méditation « ne peut jamais être pour le chrétien la seule forme de prière » car de toute façon elle s'insère dans l'ensemble de sa pratique religieuse.

Examinant les doctrines bouddhiques dans une acceptation plus large, les derniers chapitres montrent que là aussi, par rapport au christianisme et surtout par rapport à la mystique chrétienne apophatique[5], les divergences ne sont pas si sûres qu'on les présente quelquefois. Respectueux de la différence entre les créatures et le Dieu créateur, l'apophatisme maintient que le mystère divin, l'essence de Dieu, est inaccessible à nos facultés cognitives. Nous ne pouvons en avoir que, au mieux, une expérience purement intuitive, dans une sorte de Nuage d'inconnaissance suivant le titre d'un remarquable écrit d'un mystique anglais du XIVe siècle[6]. On peut ajouter que, selon un des meilleurs connaisseurs de l'orthodoxie, l'apophatisme « constitue le caractère foncier de toute la tradition théologique de l'Église d'Orient »[7].

Or, la pensée bouddhiste a elle aussi un caractère résolument apophatique car l'Absolu, la "nature de Bouddha", sont au-delà de toute affirmation et même de toute négation, vu l'ignorance fondamentale qui marque toute conscience n'ayant pas atteint le Satori ou le Nirvana.

La présentation de l'attitude religieuse zen, issu d'un auteur qui a pu l'observer directement tout au long de son propre parcours, témoigne d'une rare compréhension et d'un véritable esprit œcuménique. Il me semble pourtant utile de signaler deux inadvertances qui se sont glissées dans une rédaction très soignée. K. Dürckheim n'a pas dialogué avec Shunryu Suzuki, auteur d'un livre cité à la page 93, mais avec le Dr Daisetz Taitaro Suzuki qui fut professeur de philosophie bouddhiste à l'université de Kyôto. Quant à l'auteur du livre L'enseignement du Bouddha, la manière dont il est cité à la page 130 donne l'impression qu'il s'agirait d'un des dix grands disciples du Bouddha, or cet auteur est le révérend Walpola Rahula, notre contemporain.

Revenons toutefois à la question : quelles sont les différences irréductibles entre la voie du zen et la mystique chrétienne ? Cette question est minutieusement étudiée sous divers aspects. Très brièvement on peut dire que le bouddhiste zen, pour sortir de son ignorance par un satori libérateur ne compte pas sur ses propres efforts ; tandis que le chrétien ressent sa transformation purificatrice comme un don de Dieu, et son effort sera de se rendre aussi accueillant que possible à ce don, de s'abandonner, de se laisser entraîner par ce Souffle divin qui, à travers lui, va vers tout le reste de l'humanité, pour amener finalement la Parousie, l'unification de tous les hommes dans une communauté parfaite.

Cette grande attente finale marquerait, plus ou moins, toute expérience chrétienne authentique, ce que le bouddhiste a du mal à comprendre, peut-être du fait que son vécu spirituel se concentre sur l'instant présent. Il est vrai que « chaque instant est orienté vers le futur » (p. 143) mais, s'agissant de l'horizon grandiose et lointain de la Parousie, je me demande dans quelle mesure il est accessible à l'expérience directe, différente par exemple d'une visée intellectuelle. Serait-ce une expérience exceptionnelle, équivalente à une certitude apophatique ? Une réponse simple serait que l'espérance de la Parousie peut devenir une expérience efficace capable de donner du sens et de transformer non seulement la succession de "morts et résurrection" qui composent notre vie ordinaire, mais aussi la mort au sens propre. Comme l'écrit l'auteur : « Je suis intimement persuadé que celui qui est habité par cette foi, cette certitude que dans la mort se trouve la vraie vie, acceptera cette mort infiniment mieux » (p. 204). Inversement, quand nous ne sommes pas habités par cette certitude : « Que de fois nous somment arrêtés par nos peurs, notre manque d'entrain, notre force d'inertie, nos révoltes ! Au fond, nous manquons d'enthousiasme » (p. 64).

En toute franchise, je ne vois pas comment ce dernier constat s'appliquerait à Jacques Breton. Au contraire, tous ceux qui le connaissent peuvent attester que l'enthousiasme est un de ses traits les plus saillants. Et ce livre ne fait que le confirmer.

 

IV – Échos de trois lecteurs

 

1) Article paru dans la Voix d'Assise n° 9 de juillet 1997

 

Voix d'Assise n° 9Le livre de Jacques Breton Vers la lumière découle d'une démarche audacieuse mais oh combien actuelle dans ce besoin de rapprochement Orient/Occident.

Ce livre est accessible à tous par sa clarté de langage. Jacques Breton, de par son chemin personnel, va à l'essentiel en tant que chrétien et prêtre et pratiquant de méditation zen. Sa longue expérience auprès de K. Graf Dürckheim lui a permis de transmettre avec succès cette notion de lien entre deux traditions au départ opposées mais qui, en final, se rejoignent ou se complètent.

On retrouve dans son enseignement une fidélité dans cette voie de cheminement intérieur difficile mais gratifiant.

Il y a actuellement des essais de mondialisation dans les échanges interreligieux. Certains sceptiques, même, se penchent avec intérêt sur la philosophie bouddhiste.

Par exemple Jean-François Revel, le rationaliste critique, s'entretient avec un moine bouddhiste, Matthieu Ricard, son fils, dans un livre Le moine et le philosophe dont un extrait a paru dans un hebdomadaire. Ils sont opposés par exemple sur le thème de la "charité chrétienne" et de la "compassion bouddhiste". Par contre, l'un et l'autre s'accordent sur le constat suivant : « Si l'Occident a triomphé dans l'ordre de la science, la sagesse lui fait encore défaut, qui lui permettrait d'affronter les défis terribles  qui sont les siens » (texte de l'article relevé dans le dit hebdomadaire).

Propos de Matthieu Ricard : « En tibétain nyingjé que l'on traduit par "compassion", signifie le "seigneur du cœur", c'est-à-dire celui qui doit régner sur nos pensées. » Ce terme ne peut-il s'assimiler à "l'Esprit divin", donc Dieu, qui régit le cœur de tout chrétien ?

Concernant les expériences spirituelles et leurs techniques d'approfondissement, le livre de Jacques Breton peut se comparer à celui de Bede Griffiths, moine bénédictin qui a vécu longtemps aux Indes et auteur du livre Expérience chrétienne et mystique hindoue. Il écrit :

« La nécessité d'un dialogue est de mieux en mieux compris, et ceux qui s'y emploient savent qu'un dialogue vrai n'est pas un compromis avec l'erreur, mais un processus d'enrichissement où chaque religion s'ouvre à la vérité de l'autre, et que les deux parties grandissent dans cette quête commune de la vérité. Chaque religion doit à la fois tenir la vérité fondamentale de sa propre tradition et permettre à cette tradition de se développer au contact avec d'autres aspects de la vérité. »

Le livre de Jacques Breton m'a amenée à ces réflexions, en mettant en parallèle d'autres démarches qui ont pour but : la compassion, l'effacement de l'égo, la non-souffrance, le non-jugement et le bien-être ici et maintenant.

La méditation zen, qui nous mène au-delà de la conscience physique et psychique, nous permet d'expérimenter la profondeur de notre être intérieur. Elle nous aide à chasser ou à laisser passer tous sentiments parasites. Elle nous donne accès à l'Esprit divin qui est en nous et nous offre un merveilleux cadeau : la découverte ou la redécouverte de Dieu.

                 Coline

 

2) Article paru dans la Voix d'Assise n° 9 de juillet 1997

 

Je vois à ce livre trois mérites principaux :

– À la suite de la rencontre qui s'est tenue dans la ville d'Assise en 1986 entre représentants des grandes religions et aux "Assises" qui se sont tenues en novembre 1996 à Paris, ce livre est une contribution substantielle au dialogue interreligieux dont la nécessité est de plus en plus ressentie aujourd'hui.

– L'auteur, prêtre catholique se voulant totalement fidèle à sa foi et à son Église, nous parle d'abord de son expérience de la pratique quotidienne de la méditation zazen et de sa fréquentation régulière, une ou deux fois par an, de monastères bouddhistes japonais. Il nous montre ainsi tout l'intérêt qu'un "occidental" désirant approfondir sa spiritualité mais voulant essentiellement ne pas s'écarter de sa propre tradition "occidentale", peut retirer au contact intime d'une démarche "extrême-orientale". Jacques Breton invite donc le lecteur à se garder de tout syncrétisme en réunissant les conditions d'un nécessaire discernement. Mais, comme le disait un jour K. Graf Dürckheim, lire une bibliothèque entière sur le zen ne peut pas y mener : il est indispensable d'en faire l'expérience, de le vivre.

– Enfin, pour tous ceux, dont je fais partie, qui se sont engagés dans deux voies complémentaires (leur propre démarche spirituelle et la méditation zazen), l'auteur confirme l'enrichissement que nous pouvons attendre de la discipline zen, à la condition d'être fidèle dans sa mise en œuvre. En ce qui me concerne (mon emploi du temps me le permettant), les pratiques régulières et parallèles de la prière chrétienne d'une part et, d'autre part de la méditation zazen (où se conjuguent le corporel et le spirituel) m'aident à lâcher prise, me permettant d'acquérir une colonne vertébrale, de m'ouvrir davantage au souffle de l'Esprit et d'être plus présent à moi-même, à l'autre, au Tout autre et au monde, et contribuent à ma paix intérieure et je l'espère, à la paix du monde.

                                  Pierre W.

 

3) En cheminant à petits pas "Vers la lumière"…

(Article paru dans la Voix d'Assise n° 10 de janvier 1998)

 

J'ai été profondément touché par la richesse du livre de Jacques.

Quelle sollicitude et quelle patience pour partager avec nous, et tenter de prendre, dans le réseau peu commode des mots et des phrases, la fuyante, l'insaisissable lumière ! La tâche est ici d'autant plus difficile que deux lumières de coloration différente se croisent, interfèrent, sans toutefois se confondre. Et il faut avancer entre leurs reflets mouvants, sans s'égarer…

J'ai reçu par ce livre la réponse à ma question laissée en suspens : pourquoi est-on placé face à face pendant la méditation… Pourquoi n'y a-t-il pas d'échange par le regard pendant les sesshins… Et bien d'autres qu'il serait inutile d'énumérer. Ces questions peuvent paraître de faible portée. Pourtant, qu'elles soient résolues apporte cohérence et donc solidité, et une grande paix à l'esprit.

Je commence aussi à entrevoir la réponse à la grande énigme qui me faisait attendre très fort le livre de Jacques. En effet, depuis que je viens à St-Gervais, voir Jacques vêtu tantôt de l'habit gris et bleu qu'il porte pendant les sesshins, et tantôt de l'habit de prêtre catholique pour célébrer l'Eucharistie, m'a toujours plongée dans une certaine stupeur – quoi que sans aucun malaise et en toute confiance, car rien, absolument rien, ne peut mettre en doute l'authenticité des actes et des paroles sous un habit ou sous un autre ! « Sous ces vêtements, me disais-je, un homme, le même homme, aussi vrai et sincère cinq minutes avant et cinq minutes après… Où donc se situe pareil cheminement ? » Si j'avais exprimé ma stupeur à Jacques, je parie qu'il m'aurait répondu, avec un bon sourire et des yeux pleins de malice : « Mais, pour répondre à une pareille question, il faudrait tout un livre ! » Oui – et le livre est maintenant dans mes mains… Comme je voudrais dire un très profond merci ! …

Cependant – et c'est ce qui arrive chaque fois qu'un livre est très riche – il va me falloir le relire. Certes, je l'ai compris car il est très clairement rédigé. Mais il y a comprendre et comprendre. Bien souvent, j'adhère de tout mon être, mais à plusieurs reprises, je bute, parce que ce qui est dit ne correspond pas à mon vécu, à mon ressenti. « Faire partager une expérience est une affaire bien délicate », dit Jacques dans ses premiers mots. Certes, et la recevoir aussi ! Mais l'effort, de part et d'autre, en vaut la peine, assurément. Or, quand je bute, quand – pour simplifier – ma "tête" comprend mais non mon "cœur", je préfère personnellement (chacun a sa façon de lire) aller de l'avant malgré tout, car je sais par expérience qu'une vue globale aide à mieux comprendre les détails. Ensuite, il faut reprendre, et cheminer à petits pas…

Le livre, c'est évident, est un livre de dialogue, et il ne tient qu'à nous d'en découvrir et d'en vivre ensemble toute la richesse. Il invite à clarifier nos choix, à maintenir nos différences, mais aussi à les dépasser. « Je suis toujours ému, dit Jacques à la page 15, de voir méditer en zazen côte à côte, toutes ces personnes d'horizons spirituels différents. » Oh oui ! Et que mon voisin ou ma voisine vive la croix pendant la méditation – en effet Jacques Breton dit que « la pratique du zen peut nous la faire vivre excellemment » – et que moi je vive un autre symbole, que nous le sachions mutuellement et recevions cette différence avec respect et tendresse, est important, certes, mais plus important encore est ce quelque chose d'indicible qui nous a rapprochés en ce lieu. Ne lui donnons pas de nom pour ne pas créer de séparation, mais la lumière est là, justement. C'est à la lumière de cet indicible qu'il faut relire certains passages pour mieux les comprendre et pour mieux me comprendre. Et si seulement nous pouvions ne jamais oublier que la différence est richesse !

                                   G. juillet 1997



[1] Vers la lumière : Expérience chrétienne et bouddhisme zen, Bayard / Centurion 1997, 219 pages (épuisé)

[2] DIM : Dialogue Interreligieux Monastique.: http://www.dimmid.eu/ .

[3] Le centre Assise a ses activités au 40 rue Quincampoix à Paris et aussi  dans le Vexin, voir la fin de la page d'accueil du blog

[4] Un rôshi est un maître.

[5] Le mot "apophatisme" correspond au substantif grec apophasis, issu du verbe apophêmi (nier) est une approche fondée sur la négation. C'est de là que vient la théologie négative, une approche qui insiste plus sur ce que Dieu "n'est pas" que sur ce qu'il est.

[6] Nuage d'inconnaissance, texte traduit et publié dans la collection Point Sagesse

[7] Vladimir Lossky : Essai sur la théologie mystique de l'Église d'Orient, éditions du Cerf 1990, p. 24.

 

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