Ryôkan, moine et poète - Un maître à l'école buissonnière du zen
Ryōkan Taigu (1758-1831) est un moine et ermite, poète et calligraphe japonais. Après dix de vie d'ermite il s'installe, à l'âge de 40 ans, sur les pentes du mont Kugami, non loin de son village natal, et prend pour domicile une petite cabane au toit de chaume[1]. Son haïku le plus connu est son exclamation après avoir eu la visite d'un voleur : « Le voleur parti / n'a oublié qu'une chose – / la lune à la fenêtre. »
Des extraits du livre Ryokan, Recueil de l'ermitage au toit de chaume ont fait l'objet d'un article dans l'ancienne revue des Voix d'Assise, n° 20, juillet 2002, article repris dans la revue des Voies de l'Orient n° 97 en fin 2005. Extraits choisis et présentés par Lucile Faivre.
Voici cet article, et en annexe la présentation du livre.
Ryokan, moine et poète
Un maître à l'école buissonnière du zen
Fils aîné d’un chef de village, Yamamoto Eizo (1758-1831) choisit d’entrer au monastère, où il est ordonné sous le nom de Ryokan (« bon et large »). Peu fait pour la vie en collectivité, il se fait moine itinérant, puis ermite.
si on me demande comment
j’ai pu renoncer au désir
sous le ciel
quand la pluie tombe, elle tombe
quand le vent souffle, il souffle
« Complètement en dehors de l’institution monastique, Ryokan n’a ni temple ni titre officiel lui permettant de transmettre la Lampe de la Loi bouddhiste et de former des successeurs »
je n’ai rien de spécial
à vous offrir
juste une fleur de lotus
dans un petit vase
à regarder un long moment
« Il met en garde contre « tout propos qui sent le pédant, qui sent l’esthète, qui sent le religieux, qui sent le maître de thé (…). Il déteste trois choses : la poésie de poète, la calligraphie de calligraphe, et la cuisine de cuisinier »
après quatre à cinq coupes
de saké d’offrande
je suis ivre
une fois ivre
j’en verse pour moi-même
« On raconte qu’un jour, fatigué d’avoir joué toute la journée avec les enfants, il s’est blessé en tombant et a dû rester dormir dans un champ où des loups l’ont gardé toute la nuit… Quand il est dans son ermitage, des oiseaux des champs et de la montagne, mésanges et bouvreuils, se rassemblent chez lui. Ils se posent sur sa tête, jouent avec son bras qui écrit, se perchent sur son pinceau »
si les manches de ma robe
teinte à l’encre noire
étaient plus larges, j’y abriterais
le peuple de ce monde flottant
où tout est à l’envers
« Timide et maladroit, continuellement souriant, il émane de lui une grande pureté, une immense joie et une profonde compassion. Lerencontrer, c’est, dit-on, « comme si le printemps arrivait par une journée d’hiverobscure »
comme un mince filet d’eau
se frayant un passage entre les rochers
couverts de mousse
aussi allègrement
j’ai traversé cette vie
ANNEXE
Présentation de Ryokan, Recueil de l'ermitage au toit de chaume
Ryokan, Recueil de l'ermitage au toit de chaume, est un recueil de poèmes de Ryokan traduits du japonais par Cheng Wing fun et Hervé Collet ; [édition et introduction par Hervé Collet] ; calligraphie de Cheng Wing fun. – Millemont (78940) : Moundarren, 1994
4e de couverture
Ryôkan (1758-1831), moine zen et poète, a passé dix années à sillonner les provinces du Japon, de temple en auberge, moine itinérant, "unsui" en japonais, libre comme "les nuages et les eaux" : S'en tenant au principe de maître Dôgen (13e s.) : "la vie quotidienne est illumination". Sublime Dans la baie de Suma Les vagues pour oreiller. A quarante-deux ans il se retire à Gogô-an, un ermitage au toit de chaume, sur le mont Kugarni, près de son village natal. Pour faire du feu Le vent m'apporte Assez de feuilles mortes De sa présence, imprégnée de simplicité et de sincérité, émanait une grande pureté, une immense joie et une profonde compassion. Le rencontrer c'était, dit-on, "comme si le printemps arrivait par une journée d'hiver obscure".