"Lettre aux amis" écrite par Jacques Breton en avril-mai 2008 : La paix est œuvre divine
Jacques Breton nous a quittés l'an dernier mais les "Lettres aux amis" qu'il écrivait dans les numéros des Voix d'Assise nous parviennent toujours. En voici une qui a une certaine actualité. Cette lettre est parue dans la Voix d'Assise n°41 - mai 2008. La calligraphie est parue également dans un des numéros des Voix d'Assise.
Chers amis,
Aujourd'hui je voudrais vous écrire une lettre réconfortante. Le temps froid, couvert, pluvieux que nous avons en ce moment est peu encourageant. Le climat politique, social, international que nous subissons crée une certaine inquiétude. L'avenir économique et planétaire n'offre pas de meilleures perspectives. À cela s'ajoutent nos propres difficultés, nos épreuves, nos doutes.
Il est vrai que le Zen nous apprend à ne pas nous fixer sur nos soucis, nos sentiments, et à ne pas demeurer dans le côté un peu mortifère de notre nature. Il nous aide aussi à modifier notre regard. Nous avons trop tendance à voir le monde avec des lunettes déformantes, en ne retenant que ce qui heurte notre sensibilité.
Certes il faut bien reconnaître que notre humanité est loin de vivre ce à quoi nous aspirons. Dans bien des endroits de notre terre règnent encore des conflits, des guerres, et les injustices graves sont toujours le lot de notre civilisation. Aussi nous nous demandons si la paix que nous recherchons n'est pas utopique. Cela ne justifie-t-il pas de notre part une certaine paresse ? Que pouvons-nous faire pour modifier cet état de choses ? Toutes les réformes que nous cherchons à entreprendre ne restent-elles pas trop souvent des vœux pieux ?
Nous avons à prendre à notre compte cette parole de l'Évangile : « Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu » (Matthieu 5,9). Oui, la paix est une valeur essentielle de notre humanité. Elle peut nous combler de joie. Mais comme il est important de nous rappeler que c'est en nous d'abord qu'elle doit se vivre. C'est de là qu'elle pourra rayonner.
C'est aussi au cœur de nous-même que nous pouvons espérer résoudre nos conflits, nos oppositions, nos contradictions. C'est là seulement que peuvent se refaire l'unité et la réconciliation. Mais nous nous heurtons à tant de résistances, de peurs, de doutes, que facilement nous abandonnons le combat. La confiance nous manque.
Nous oublions aussi que la paix est œuvre divine. C'est à la suite de sa mort et de sa résurrection que le Christ nous donne sa paix. L'humanité ne peut trouver son accomplissement que dans la plénitude de Celui qui est venu la partager : le Christ. Cette paix nous avons à la construire et nous en sommes responsables comme nous sommes responsables de l'humanité en général.
Cela demande tout un travail sur nous-même pour détecter en nous toutes les causes de conflits et pouvoir y parer. Mais cette œuvre de purification, de libération, de pacification, exige un accueil constant en nous de l'Esprit de paix. Il est là pour soutenir notre action et lui donner toutes ses possibilités de réalisation.
Là nous retrouvons la confiance. Elle peut s'établir sur du solide. Il serait temps de quitter notre faux et vain orgueil pour nous ouvrir à Celui qui par pur amour vient œuvrer avec nous. Une des dernières paroles du Christ est : « Gardez confiance (ou courage), j'ai vaincu le monde !»
Cette victoire contre toutes les forces de division, déjà le Christ l'a obtenue en nous. Avec lui nous sommes les grands vainqueurs. Il ne nous dispense pas de lutter, mais avec l'espérance que la paix est déjà là.
Ayons la patience du combattant qui sait qu'à force de persévérance il remportera la victoire. La Paix est là.
En toute amitié.
Jacques BRETON