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Voies d'Assise : vers l'Unité
Voies d'Assise : vers l'Unité
  • Blog dédié à Jacques Breton (prêtre, habilité à transmettre le zen, assistant de K.G. Dürckheim, instructeur de kinomichi) et au Centre Assise qu'il a créé en le reliant à l'abbaye de St-Benoît-sur-Loire (France) et au monastère zen du Ryutakuji (Japon).
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11 février 2018

Témoignage à propos de la méthode Noro, le Kinomichi ; la beauté intérieure du geste par F. Paumard

Le message précédent du blog portait sur le Kinomichi vu d'une part par Jacques Breton et d'autre part par Maître Masamichi Noro qui a créé cet art. Le présent message commence par deux articles parus dans la Voix d'Assise  qui est le bulletin interne au centre Assise : en première partie figure le témoignage d'une élève de Françoise Paumard (instructeur de Kinomichi au centre Assise) ; en deuxième partie, c'est la présentation du Kinomichi par F. Paumard elle-même. En troisième partie figure le début d'un article "Kinomichi, La beauté du geste" où F. Paumard est interviewée. Des indications concrètes sur les cours figurent à la fin.

 

 

I – Témoignage à propos de la méthode Noro, le Kinomichi[1]

Voix d'Assise n° 1, Avril 1994

 

En adhérant au centre Assise, j'ai découvert la méthode Noro - le Kinomichi par hasard, mais il y a des hasards heureux. J'en suis aux balbutiements et j'aimerais avancer, progresser dans cette discipline qui m'a apporté beaucoup.

Le contact avec l'autre, l'ouverture vers l'autre, le passage de l'énergie, la transmission et la réception d'un souffle, sont des éléments d'élévation, de recherche de stabilité et d'équilibre physique et psychique.

Françoise PaumardLes mouvements dits de ciel et de terre nous montrent bien que nous sommes en tant qu'individu, êtres de chair ; le lien avec le cosmos, l'esprit et la racine ancrée dans le sol.

Les postures, mouvements et déplacements du Kinomichi sont très subtils, très précis, très étudiés, pour permettre une évolution harmonieuse dans l'espace de la matière animée par l'esprit.

On va vers l'autre, on reçoit de l'autre, dans un mouvement ample et non restrictif. Les blocages, les tensions cèdent, le corps s'allège tout en gardant un socle solide et inébranlable. Nous devenons le roseau avec un pied de chêne.

 

Je n'ai pas les compétences nécessaires pour détailler l'origine de cet art, la technique et son évolution dans le temps.

Je ne peux que transmettre mon ressenti de débutante. Le Kinomichi me permet d'avancer dans la vie avec plus d'assurance, en ayant conscience de la dimension de mon corps dans l'espace.

De plus le Kinomichi est très complémentaire du zazen et inversement.

  • En posture de méditation (zazen) on est assis le corps droit, les épaules basses. C'est le recentrage, le ressourcement dans le hara, l'intériorisation.
  • Dans le Kinomichi c'est la chrysalide qui devient papillon. Le Fluide, l'énergie accumulés se dispensent et se distillent doucement, tout en mouvance et en subtilité, mais sans mollesse. Cela devient le contrôle cohérent et le mouvement juste, en totale symbiose avec l'autre.

 Kinomichi veut dire "la voie de l'énergie" : L'énergie suprême, positive, spirituelle, qui s'exprime sans restriction de temps et d'espace.

 

Je terminerai par des paroles de Maître Noro sur le Kinomichi qui est son œuvre, sa méthode :  « Unifier le corps et l'esprit en privilégiant le sens du toucher et la relation, en associant le mouvement du corps à l'ouverture du cœur. »

Également :  « Harmonisation, ouverture aux autres et à l'univers, unification de l'être intérieur, élargissement à tous les domaines de la vie. »

 

Nicole Van Leer

 

II – La pratique du Kinomichi au centre Assise

Par Françoise Paumard, instructeur de Kinomichi[2]

Voix d'Assise n° 47, octobre 2010

 

Le Kinomichi, méthode créée par Maître Masamichi Noro en 1979, est avant tout un art du mouvement.

Il est né de la rencontre entre l'Aïkidô fondé par Maître Morihei Ueshiba et des pratiques corporelles occidentales notamment la méthode de Gymnastique holistique de Mme Ehrenfried[3], ce qui en fait un art dont l'apprentissage est progressif.

L'aspect technique, précis, structuré, permet aux pratiquants un langage corporel commun et constitue une base pour cheminer au-delà de la technique. C'est un apprentissage qui nous permet de reconnaître notre nature et de découvrir ce qui nous éloigne de notre être profond : trop de force basée sur des tensions physiques, psychiques, émotionnelles qui souvent génèrent de la fatigue et un manque d'énergie.

La répétition est importante afin que la mémoire des mouvements devienne corporelle, que le mental et ses interférences se mettent au repos.

 

Françoise Paumard avec la canneLe Kinomichi est aussi et surtout un art de la relation.

C'est une pratique qui nous révèle nos grandes capacités à donner, à partager. Les deux partenaires sont investis d'une responsabilité pour la réalisation du mouvement à deux : harmonisation grâce à l'accueil, la disponibilité, la prise de conscience de ce qui crée des blocages. L'objectif n'est pas dans le but d'un mouvement réussi mais dans le chemin pour y parvenir.

Dans notre pratique, le souffle incarne l'esprit, et l'esprit conduit le geste pour laisser le mouvement et l'énergie se manifester.

 

Lien avec l'Assise en silence.

La méditation, bien que basée sur une posture assise n'est pas figée. Elle nous permet d'être en relation avec ce qui est vivant en nous. Le Kinomichi avec la répétition de mouvements nous amène peu à peu à un calme, une paix intérieure, une méditation en mouvement.

 

 

III – Début de l'article "KINOMICHI la beauté intérieure du geste"

Aikido-magazine[4] n°10 de juin à nov 2005[5]

 

Fusion de la martialité nippone et de l’esthétique occidentale, le Kinomichi est une discipline vécue par ses pratiquants comme une relation d’harmonie parfaite entre partenaires.

 

Françoise Paumard et Valérie Delamotte, article► Quelle motivation pour commencer ?

Françoise Paumard : L’occasion m’est donnée ici de rendre hommage à Maître Noro et à l’art qu’il propose : le Kinomichi (art résultant d’une rencontre entre Orient et Occident). Commencer la pratique de cet art a répondu pour moi à un appel, une quête d’unité que je ne trouvais pas dans la danse. Je n’hésite pas à dire aujourd’hui que ce fût une sorte de re-naissance dans le sens d’ouverture à la vie.

Tout d’abord, se mettre en route comme on se met à marcher ; tout le corps s’engage dans la reconnaissance de ses difficultés mais aussi de ses possibilités. Il y a dans ce contact avec la qualité du mouvement, quelque chose où tout l’être se sent concerné, quelque chose d’autre… et de précieux. Une des premières questions que Maître Noro posait dans un de ses cours dont je me souviens était : « Qu’est-ce qu’un mouvement sincère ? »

Tout homme ou femme à n’importe quel âge de leur vie peuvent décider d’entrer dans une expérience de travail, même si la motivation pour commencer relève du mystère. On garde au fond de soi une petite lumière qui nous a mis un jour sur le chemin et l’on y revient lorsque notre quotidien nous remet dans l’obscurité, ou que le doute devient moteur pour continuer.

 

► Comment poursuivre ?

F P : L’espace du dojo où l’on entre dans un rituel propice à l’écoute, au regard, à l’ouverture de ce qui est vivant en nous, est un lieu de transformation. Grâce au mouvement, la pratique avec nos partenaires devient un temps d’apprentissage, un révélateur de notre état intérieur ; si notre énergie est bloquée par des causes physiques, psychiques ou émotionnelles, entrer dans la répétition des techniques devient libérateur.

Le mouvement créé dans le Kinomichi participe de l’engagement spontané des deux partenaires à vivre l’aspect réceptif (yin) et l’aspect actif (yang). Le mouvement que les participants réalisent ensemble est le partage de ces deux énergies complémentaires. C’est un acte donné, non pris ; tenter ce projet révèle l’aspect dynamique et joyeux du travail.

Ainsi, dans la pratique, il est important de se mettre dans la situation qui permet à son partenaire de réaliser son mouvement, en offrant la plus juste résistance afin de ne pas être dans la complaisance. C’est peut-être ça la recherche d’harmonie. Cela nous demande une présence, une attitude qui nous permettent d’affiner sans cesse notre sensibilité.

 

► Quelle résonance pour chaque lendemain ?

F P : Tout d’abord on s’appuie sur la patience pour apprivoiser la technique tout en laissant en soi un veilleur sur nos illusions, on s’arme de courage et on se donne chaque jour l’occasion de préserver la beauté du geste ; on garde dans son cœur la bonté perçue dans le regard de ceux qui nous ont aidés sur le chemin et on poursuit afin d’aller au plus simple, au plus dépouillé.

 

Maître Noro et Françoise Paumard à la canne

ANNEXE : Quelques informations.

1) Les cours de kinomichi avec F Paumard. Pour toute information, prendre contact directement avec elle, 01 42 23 62 25 / 06 09 31 39 55 Mail : f.paumard(@)hotmail.fr

2) Article de Françoise Paumard pour la revue "Energie", spécial Aïkido 2009 : De l'intérieur vers l'extérieur.



[1] La conception chinoise et par extension japonaise perçoit le ki (氣) comme un souffle, influx ou énergie vitale qui anime l’univers. Les techniques sont étudiées mains nue, avec bâton (杖, jō), sabre en bois (木剣, bokken) et debout ou à genoux, avec un partenaire ou plusieurs, de manière codifiée ou librement. Le sabre (居合刀, iaito) se pratique seul. Maître Masamichi Noro a retenu 9 techniques comme bases, techniques de terre (ichi, nichi, sanchi, yonchi) et techniques de ciel (iten, niten, santen, yonten, goten) et 16 formes d'approche. La base des premières initiations est centrée sur le ki et l'apprentissage des techniques, les initiations plus élevées orientent le pratiquant vers une sollicitation du shin (cœur-esprit)

[2] Françoise Paumard suit l'enseignement de Maître Noro depuis 1978.

[3] La Gymnastique holistique de Mme Ehrenfried est enseignée par Françoise Paumard au centre Assise, voir Gymnastique holistique.

[4] Aïkido-magazine est la revue de la FFAAA La Fédération Française d'Aïkido, Aïkibudo et Affinitaires (FFAAA ou 2F3A)  a été créée en 1983. C'est en 2001 que le groupe Noro-kinomichi la rejoint. Elle regroupe trois disciplines : l’Aïkido, l’Aïkibudo et le Kinomichi et est agréée par le Ministère de la Ville, de la Jeunesse et des Sports; c'est là que les pratiquants de kinomichi prennent leur licence.

[5] A la suite de Françoise Paumard quatre autres femmes instructeurs de kinomichi étaient interviewées : Catherine Bazin, Martine Pillet, Françoise Weidmann, Geneviève Barthélémy. On trouve l'intégralité de l'article en version pdf et en-dessous en version texte sur  http://fr.1001mags.com/parution/aikido-magazine/numero-10-jun-a-nov-2005/page-10-11-texte-integral + page suivante

 

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