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Voies d'Assise : vers l'Unité
Voies d'Assise : vers l'Unité
  • Blog dédié à Jacques Breton (prêtre, habilité à transmettre le zen, assistant de K.G. Dürckheim, instructeur de kinomichi) et au Centre Assise qu'il a créé en le reliant à l'abbaye de St-Benoît-sur-Loire (France) et au monastère zen du Ryutakuji (Japon).
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21 mars 2018

Commentaires d'Eizan Rôshi sur le kôan MU, avec des ajouts venant de Philippe Jordy et de Bernard Sénécal

Eizan Rôshi, enseignementEizan Rôshi est venu souvent au centre Assise en région parisienne animer des sesshin (sessions de plusieurs jours). Il est de l'école Rinzai où on utilise la méthode des kôan, et il est même plus particulièrement le responsable actuel du monastère zen du Ruytakuji fondé par maître Hakuin qui a renouvelé le travail des kôan. Aussi Eizan Rôshi a souvent insisté sur le premier kôan du recueil du Mumonkan, kôan appelé "Le chien de Jôshû" dans ce recueil, mais aussi appelé couramment "kôan Mu".

Le kôan lui-même est très court : « Un jour un moine demanda à Jôshû : “Un chien a-t-il ou non la Nature de Bouddha ?” Jôshû répondit : “MU”.» Il est suivi d'un commentaire de Maître Mumon qu'Eizan Rôshi cite partiellement en le glosant.

 Le message précédent du blog proposait une traduction de ce kôan Mu :  Le kôan Mu (Le chien de Jôshû), base de la méthode des kôan en zen Rinzai : texte japonais, traductions anglaise et française

Voici maintenant des extraits de plusieurs enseignements de Eizan Rôshi en sesshin au centre Assise. Il y a aussi en 4° une réflexion de Philippe Jordy qui vit la plupart de l'année au Japon et qui a souvent joué le rôle d'interprète lors des sesshin. À la fin figure un extrait d'un article de Bernard Sénécal, jésuite qui vit maintenant en Corée, mais qui, dans les années 1990 est venu animer des sessions au centre Assise.

Attention : Eizan Rôshi parlait en japonais, un interprète traduisait lle mieux possible en français, et c'est à partir de ses notes que Christiane Marmèche a rédigé ce message, sans que cela ait été relu par Eizan Rôshi.

 

Commentaires d'Eizan Rôshi sur le kôan MU

 

1) Le problème du traducteur (sesshin de 1999[1]).

Le bouddhisme est né en Inde grâce au Bouddha, il est passé en Chine où il a été adapté. C'est cette adaptation du bouddhisme originel par la Chine qui a donné le zen.

Il y a plus de 1000 ans vivait maître Kukai, un être admirable, d'obédience Shingon. Il est allé deux ans en Chine pour parfaire ses études. On dit qu'il avait une maîtrise parfaite du chinois. Ainsi il a pu absorber énormément de textes en chinois et il a ramené des sûtras en grand nombre au Japon[2]. Maître Dôgen lui aussi est allé en Chine, et il lui fallait parler chinois quand il était avec le maître, et il y avait des moments où ils prononçaient le même mot, mais à propos de deux caractères (kanji) différents, c'est ce qui a donné quelques erreurs dans la transcription des sûtras.

Ainsi les textes zen traduits en français viennent de loin : il y a d'abord eu une traduction du chinois en japonais, puis du japonais en anglais, et enfin de l'anglais en français. Je pense que la plupart des textes zen vendus en France sont remplis d'erreurs[3]. Si j'avais moi-même une certaine maîtrise du français, je vous rassemblerais tous et je vous ferais corriger cela.

J'ai dit "erreurs", mais pourquoi ? Il s'agit en effet de textes zen, or ceux qui les ont traduits sont des commentateurs qui n'ont pas fait zazen. C'est pareil au Japon : il y a des gens qui n'hésitent pas, sans aucune expérience concrète, à écrire sur le zen ! Et vraiment, si vous lisez ce genre de livre, vous risquez d'être trompé.

 

2) Indications données pour le travail sur le kôan Mu (sesshin 2000)[4].

C'est vraiment le kôan MU que l'on doit passer en premier quand on commence le zazen. Et à force de s'évertuer, de suer sang et eau, peut-être va-t-on pouvoir expérimenter cette immense joie. Il y a toutes sortes de gens qui prennent ce kôan : certains le franchissent au bout d'un mois, d'autres au bout d'un an ou au bout de longues années… certains le franchissent au soir de leur vie ou… jamais. Il n'y a aucun autre moyen que de franchir en premier lieu cette barrière.

Le kôan : « Un jour un bonze a demandé à Maître Jôshû : un chien a-t-il la nature de Bouddha ou non ? Et Jôshû a répondu : “MU”. »

Évidemment "MU" 無 comme signe, comme kanji (idéogramme), cela veut dire « rien », « il n'y a pas ». Si on interprète le signe "MU" comme « il n'y a rien », alors il n'y a même pas le signe "MU" ! Dans ce signe "MU" il y a une contradiction interne évidente. Donc, essayer d'interpréter ce signe, c'est tout à fait inutile, il vaut mieux s'attacher au son prononcé : en zazen nous expirons sur le son MU-U-U-U-u-u-u… et nous recommençons. C'est la répétition, presque l'invocation de MU.

Maître Mumon a dit que si le répétons, fatalement nous allons vers la réalisation. Lui-même avait travaillé ce kôan pendant six ans avec difficulté. Il faisait zazen ; s'endormant en zazen il se relevait pour faire un kinhin[5] ; et même en kinhin il arrivait à s'endormir, alors il se frappait la tête contre le pilier. Il faut aller jusque-là !

Il ne s'agit donc pas, pour réaliser l'éveil, d'interpréter le signe "MU". Il faut arrêter le travail de votre cœur/esprit dans cette ligne de vouloir interpréter. Et celui qui n'arrive pas à réaliser ce kôan reste dans l'errance, dans l'erreur éternelle.

 

Pour avoir une connaissance très profonde de ce kôan MU, que faut-il faire ? Je vais vous donner quelques indications.

Ce kôan est le premier du recueil intitulé Mumonkan ou récit de la Passe sans porte. Sur ce kôan, Maître Mumon a écrit son commentaire. Plus vous vous efforcez de lire et de relire ce commentaire, plus l'expérience d'éveil de Maître Mumon lui-même doit vous paraître évidente. Et il nous faut réaliser la même expérience que Maître Mumon par notre pratique de la répétition du MU.

« Vous devez vous concentrer avec chacun de vos 360 os et 84 000 pores de peau. » Une telle description vient de la médecine traditionnelle indienne. Cela veut dire qu'il faut rassembler tout son corps, le porter à l'exercice tout entier.

Gardez toujours en vous le MU, que ce soit à table, le soir, en dormant, en étant éveillé, tout le temps. Vous marchez, c'est MU qui marche. Vous mangez du pain, c'est MU que vous mangez. Vous passez le balai, c'est MU que vous passez. Il faut que soi et MU deviennent un et que vous fassiez tout zazen dans cette optique. C'est une sorte de moyen dynamique en mouvement. Il faut rassembler tout son cœur dans ce MU. Et bien entendu il faut dès le départ couper avec une conception nihiliste de MU.

Tout ce que vous avez accumulé en vous d'interprétations erronées, tout va se dissoudre dans ce MU si vous le pratiquez jour et nuit. Et à force de répétition, de concentration, vous entrez dans un état de samâdhi, d'unité avec la nature, avec tout : Le subjectif et l'objectif (ou "l'intérieur et l'extérieur") ne font plus qu'un.

On oublie que l'on fait zazen – c'est le samâdhi du zazen[6] – alors il peut se produire cette chance de l'éveil, un travail particulier qui vous éveille. Et vous pouvez refaire la même expérience qu'ont fait le Bouddha, Maître Rinzai, Maître Jôshû… Cette expérience est ce qui touche à la vérité, le cœur vrai et l'universalité de la religion.

Cette expérience, bien entendu, il va falloir la vérifier. Et les kôan sont ce qui permet d'en vérifier l'assise et le fondement. À partir de ce kôan MU vous avez d'autres kôan, mais ils n'en sont que des variations. Donc il faut absolument franchir cette porte.

 

3) L'importance du kôan Mu (sesshin de 1999[7]).

Il y a cinq classes de kôans[8], mais c'est une façon de classer qui ne correspond pas à une progression puisque le maître fait alterner les kôans.

La première classe est celle des kôans Hôsshin consacrés au corps du Dharma (de la Loi)[9].

Le cosmos tout entier est le corps de Bouddha. Dans cette classe se trouve le MU de Joshu. C'est le kôan qui fait mettre un le corps et l'esprit avec le monde. Il nous met en samadhi. Le kôan MU est dans le monde de la parfaite égalité. Apparemment, nous, nous sommes dans le monde de la discrimination, tous différents.

●   Le kôan Mu comme premier kôan.

Le premier kôan n’est pas "donné" rapidement. Quand j’ai demandé un kôan pour la première fois il ne m’a pas été donné : ma posture était insuffisante. Il faut trois ans pour arriver à une posture correcte.

Le premier kôan est le kôan MU. Il faut réaliser l’éveil en franchissant ce kôan. On reste dessus plusieurs années, et ensuite, on revient à lui très souvent même si on passe d’autres kôans. Moi-même j’ai répondu au kôan MU au bout de trois ans… mais sans l’avoir bien compris. Il m’a fallu six ans pour le comprendre. Joie, fête… on a célébré l’événement !

 

Dialogue zen, illustration de Quenten Lee

●   Les deux protagonistes des kôans.

Le kôan MU est très court. Il débute par la question d’un moine.

Le problème posé par un kôan peut avoir différentes formes :

  1. Celui qui pose la question ne connaît pas la réponse
  2. Celui qui pose la question connaît la réponse, il teste. C'est la forme la plus courante. Dans ces "joutes" un desservant de temple peut perdre sa charge s'il perd. C'est comme un duel à l'épée dans un Dôjô : si le maître est blessé, il rend son Dôjô. Mourir ou tuer.
  3. Chacun connaît la réponse, selon une forme originale, particulière
  4. Personne ne connaît la réponse. Ce type de kôan n'existe pas dans les textes zen.

●   Dans le kôan MU : la question du moine

Ainsi, un jour, un  moine a posé sa question à Maître Jôshû  mais "un jour", "à un moment" … ce n’était pas le hasard, ce moine avait une idée derrière la tête, il devait être très versé dans le bouddhisme, dans les kôans. Il avait une grande énergie pour renverser maître Jôshû par cette question. En zen on peut frapper le maître… ou frapper juste à côté.

"Un jour", "à un moment"… mais attention, pour le pratiquant cette question mettait en jeu toute sa vie. C’était une question de vie ou de mort. Cette question s’est posée dans le cadre d’une chance unique, d’une rencontre unique entre le maître et son disciple.

Vous-mêmes, vous êtes là…vous avez consacré du temps, des efforts, de l’argent… et puis, plus tard, on pourrait résumer cela en disant : « un jour vous étiez à tel endroit ». Il y a une très grande profondeur dans cette petite histoire. Ce n’est pas seulement quelques lignes écrites, c’est comme un affrontement, un choc gigantesque entre le disciple et son maître, et c’est cette phase-là qui est très importante.

●   La clé du kôan MU.

Comment alors comprendre ce MU en réponse, voilà la clé du kôan.

Qu’importe le sens des mots, on s’applique par le MU à approfondir la respiration : MU-MU-MU-mu-mu-mu [prononcez "Mou" avec beaucoup de force, pas de façon molle]. Nous expirons sur le son MU et nous recommençons. C’est la répétition, presque l’invocation de MU.

 En faisant MU j’absorbe en moi tout l’univers. Quand vous prenez une douche, vous devez constater que votre ventre s’est arrondi comme celui d’une femme enceinte, parce que vous avez fait MU pendant trois jours [on était au 3ème jour de la sesshin]. Vous avez commencé à respirer au niveau du ventre ; l’énergie du cosmos est entrée dans le ventre. Ce n’est pas bon d’avoir un gros ventre en buvant de la bière. Mais si vous faites zazen le nombril se tourne vers le haut, pour ceux qui boivent de la bière c’est le contraire ! »

Pour résumer : d’abord on compte les respirations de 1 à 10[10]. Puis on arrête et on fait MU à l’expir, puis on donne un kôan qu’il faut franchir. 

●   L'expérience de Maître Mumon.

Il faut lire et relire le commentaire de Maître Mumon.

Maître Mumon avait reçu le kôan MU de son maître et il était resté dessus plus de six ans. Dans son commentaire il décrit son expérience, il interprète son éveil : quand il a entendu le tambour de la salle à manger, il était en samadhi et il a ressenti ce bruit comme un vrai coup de tonnerre. Le bruit s’épanche à partir du ventre et vous prend tout entier. Alors toute pensée, toute dispersion est tranchée. Tout d’un coup, tout s’est écroulé et il a surgi d’un coup, d’un seul dans le ciel pur et éternel, et il s’est rendu compte que tous autour de lui étaient déjà réalisés.

Il faut vivre la même expérience d’éveil que Maître Mumon.

 

4) Indications de Philippe Jordy (ami d'Eizan Rôshi) dans les années 2010.

P. Jordy est professeur à l'université Hosei au Japon, et a très souvent été l'interprète auprès d'Eizan Rôshi lors des sesshin du centre Assise. Ce texte qui suit est extrait de "De quelques difficultés majeures dans la réception du Zen Rinzai en France", un article publié par son université[11].

Dokusan, entretien avec le maîtreLe zéniste Rinzaï doit s'atteler à la résolution des kôan, ces « petites histoires énigmatiques » (Low) ou « énigmes irrationnelles » (Robert). Il doit, à toute force et à toute extrémité, franchir cette passe sans porte, sans prise aucune laissée à sa pensée discriminante, qui doit disparaître dans un état de vrai za-zen (zenjô). Alors seulement, pourra surgir ou pas, la réponse spontanée, non-conventionnelle, au kôan, ici-et-maintenant, c'est-à-dire le plus souvent en face du maître au cours d'un dokusan (entretien particulier). Car le kôan n'est pas un objet de méditation. Dès lors que le méditant devient un avec lui, il atteint cet état d'absorption, samâdhi (zanmai) où il n'y a plus de distinction entre le sujet et l'objet, et en particulier plus cet objet "de réflexion".

Dans sa pratique du kôan de Jôshû (« un chien a-t-il la nature de bouddha ? Mu !, répondit Jôshû »), le zéniste, qui s'acharne à fournir la réponse demandée par son rôshi (« et vous, à la place de Jôshû, qu'est-ce que vous répondez ? ») ne doit absolument pas réfléchir au principe bouddhique selon lesquelles tous les êtres sensibles (chien inclus) ont la nature de bouddha (busshô), principe évidemment acquis, mais que Jôshû paraît bizarrement contester (le caractère chinois Mu signifie « il n'y a pas »). Le disciple doit trancher nette toute idée de discussion à ce niveau-là, il doit devenir un en Mu, il doit devenir Mu, dans un za-zen parfait, mais aussi dans tous les actes de sa vie quotidienne, consciente et même inconsciente (sommeil, comportements instinctifs…). Ce n'est qu'à cette condition que jaillira peut-être, un jour, la réponse spontanée que le maître agréera enfin.

Les bonnes réponses apportées aux kôan doivent elles-mêmes être reprises, revues, revécues dans un zazen toujours plus intense et profond.

 

Complément : Le hua tu[12] du kôan Mu (Bernard Sénécal)

 Bernard Sénécal est un jésuite, ami du Centre Assise[13]. Il habite en Corée et donc utilise des termes coréens, chinois ou japonais ! Voici un extrait de son article "Vers une pratique des kôans bibliques" paru dans Recherches de Science Religieuse, 2008/3 (Tome 96)[14].

« La pratique des kôans requiert l’usage d’une ascèse méditative spécifique kanhwason, qui est en fait la contraction de kanhwadu-son (en chinois kanhuatou-chan): l’examen de la phrase ou du mot clef (en coréen hwadu, en japonais hua tou, Terme signifiant littéralement ‘tête de la parole') d’un kôan.

Le kôan intitulé ‘le Mu de Zaozu’ est de loin le plus célèbre. Il s’énonce ainsi : “Lorsqu’un bonze demanda à Maître Zaozu (720-814) si oui ou non les chiens étaient eux aussi pourvus de la nature de Buddha, Zaozu répondit : ‘Mu’.” Mu signifiant ‘non,’ la réponse de Zaozu est erronée. En effet, selon la doctrine du bouddhisme du Grand Véhicule, tous les êtres vivants, y compris les plus vils, sont pourvus de la nature de Buddha. Zaozu aurait donc dû répondre : “Oui.” Le fait qu’il ait répondu : “Non !,” constitue le hwadu, ou fine pointe du kôan. Le but de ce kôan, comme de tous les autres, est de faire accéder le méditant à un plan supérieur de réalité, tel que la contradiction existant entre le ‘non’ de Zaozu et le ‘oui’ exigé par la doctrine bouddhique traditionnelle puisse être entièrement transcendée.

L’examen d’un hwadu exige de s’asseoir – de préférence dans une position qui s’approche de celle du lotus ou qui la réalise complètement – en pratiquant une respiration abdominale profonde et en répétant, sur l’expiration, soit tout simplement le ‘Mu’ de Zaozu, soit la question : “Pourquoi a-t-il dit ‘non’ alors qu’il fallait dire ‘oui’ ?” Une pratique sérieuse exige un strict minimum d’une demi-heure par jour et la rencontre hebdomadaire du maître à la faveur d’une séance de méditation commune. Tous les kôans ont une réponse extrêmement brève, laquelle, dans la majorité des cas, n’est pas verbale. Lorsque celle-ci a été trouvée, le disciple passe à l’examen du kôan suivant dans le recueil avec lequel il s’exerce.

 



[1] L'enseignement d'où est tiré ce paragraphe paraîtra dans le tag Enseignement Eizan Rôshi.

[2] Kûkai (774 - 835) est plus connu sous le nom de Kôbô-Daishi. Kûkai (空海) signifie « Océan de Vacuité ».

[3] Eizan Rôshi parlait en 2000, au moment où en France il n'y avait pratiquement que les traductions de M. Shibata qui, effectivement ne convenaient pas. Actuellement on dispose de deux nouvelles traductions, celle de Catherine Despeux faite directement à partir du texte chinois, celle de Koun Yamada qui traduit une traduction anglaise. Voir la bibliographie dans le message précédent.

[5] On pratique kin-hin dans le zendô, entre deux périodes de zazen. C'est une marche lente coordonnée à la respiration, les mains sur la poitrine. Elle est plus rapide dans le zen rinzai que dans le zen sôtô (les deux branches du zen présentes en France).

[6] Le samâdhi est un état profond de concentration : « Quand on rentre dans le samâdhi, c'est inconscient. S'il y a quelque part cette pensée : "Je rentre en samâdhi", ce n'est pas bon. Si vous dites "ça y est, j'y suis", ce n'est pas cela car on rentre dans le samâdhi sans savoir que c'est le samâdhi.» (Eizan Rôshi) On parle de "samâdhi de zazen" comme ici, mais aussi de samâdhi pour d'autres activités…

[7] L'enseignement d'où est tiré ce paragraphe paraîtra dans le tag Enseignement Eizan Rôshi.

[8] En japonais : Hosshin 法身. Kikan 機関. Gonsen 言詮. Nantô 難透, Go-i五位

[9] Le mot Hôshin ( 身) signifie corps du dharma (de la Loi), c'est le Dharmakâya, un des corps du Buddha. Le mot dharma est difficile à comprendre : Hô (ou Bô) 法 (forme initiale 灋) est un kanji dont le radical est l'eau 水stylisée, il veut dire à la fois la loi, les êtres, la méthode, l'enseignement, la convention.

[10] Cette pratique vient de Hakuin : « Au commencement [pratiquez] l'attention au compte des respirations. Cette pratique est la meilleure parmi les innombrables formes de samâdhi. » (Exhortation de Rohatsu)

[11] Cf http://repo.lib.hosei.ac.jp/bitstream/10114/5143/1/ibunka11_jordy.pdf. Des extraits de cet article feront plus tard l'objet d'un message mis sur le blog des Voies d'Assise.

[12] Hua tu 話頭 en japonais  (hwadu en coréen) est une courte phrase ou même un seul mot qui est une sorte de sujet de concentration, B. Sénécal l'explique.

[13] Il y a longtemps il a participé à un sesshin au centre Assise, et il y a animé des sessions, par exemple un week-end : "Zen et exercices de saint Ignace" en novembre 1991 ; une session d'une semaine : "Vivre la semaine sainte dans l'esprit du zen et des exercices de saint-Ignace" en avril 1992 (co-animation avec Jacques Breton). Plusieurs membres d'Assise sont restés en relation avec lui. Actuellement Bernard Sénécal est prêtre et enseigne le bouddhisme au département des religions de l’université Sogang, située à Séoul en Corée du Sud. Il s’est spécialisé dans l’étude du bouddhisme chan (zen en japonais) et a reçu d’un maître coréen la transmission du Dharma dans la branche coréenne de l’école Linji (rinzai). Depuis 20 ans, il anime de nombreuses sessions et retraites en Asie, en Amérique et en Europe. Il est l’auteur de Jésus le Christ à la rencontre de Gautama le Bouddha (Paris, Cerf, 1998) et de très nombreux articles.

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