Zenna (ou vie contemplative), article de Shigeto Oshida de 1979
Cet article a été écrit en japonais par le père Oshida (1922-2003) pour le Congrès International de la Mission (IMC) à Manille (Philippines) en décembre 1979. La présente traduction française a été faite à partir de la traduction anglaise qui figure dans Takamori soan. Teachings of Shigeto Oshida, a zen master, Buenos Aires 2007. C'est proche de la traduction parue dans le livre Enseignements de Vincent Shigeto Oshida (p. 20-26) mais la présentation n'est pas la même.
Oshida se réfère plusieurs fois à l'étude des différentes paroles qu'il a faite dans le message précédent du blog (Article de Shigeto Oshida sur le mystère de la Parole et sur la contemplation (zen)). Ce message fait partie du tag Oshida.
Comme dans le livre Takamori soan. Teachings of Shigeto Oshida, a zen master, deux schémas accompagnent ce texte, le premier ayant été refait.
N B : Quelques titres ont été ajoutés. Toutes les notes ont été ajoutées.
Zenna (ou vie contemplative)
Par Shigeto Oshida
Nous vivons dans une époque intéressante où l'on attend un nouvel horizon du fait de la générosité et de l'ouverture mutuelle qui grandit entre les grands courants spirituels et mystiques de l'humanité. Cependant, malgré la bonne volonté, cela s'accompagne de quelques ombres qui surgissent de l'obscurité et de l'arrogance humaines.
Par exemple, aujourd'hui dans le christianisme, il y a une sorte de mode : on cherche à prendre certaines choses au bouddhisme zen et à les intégrer de quelque façon dans sa propre tradition. Mais ce genre de chose n'a de sens que pour quelqu'un qui éprouve au fond de soi la nécessité d'apprendre la pratique d'une sagesse auprès d'un homme sage appartenant à une autre tradition, ou bien encore dans le cas d'un bouddhiste zen qui aurait rencontré le Christ lui-même.
La vie spirituelle de chacun est unique en elle-même et ne peut pas facilement être généralisée, et il en est de même pour chaque courant spirituel et mystique : son existence et sa tradition sont uniques et ne peuvent être facilement généralisés. De même qu'un dialogue authentique entre deux personnes n'est possible que lorsque les deux ont le sens de l'autre et le respect de son mystère, de même il n'y a aucun fruit à attendre d'un contact entre deux courants spirituels s'il y manque le respect du mystère de l'autre tradition.
Pour voir la situation clairement, nous allons regarder les tendances actuelles qui se manifestent autour de nous :
– du côté du christianisme, existe depuis longtemps la tendance à traiter des choses spirituelles et à en parler avec la parole-idée (je renvoie à un autre de mes articles, "The mystery of word and reality"[1]), le résultat étant que de nombreuses généralisations et régulations ont pénétré tous les champs de la vie spirituelle et l'ont rendue en quelque sorte consciente d'elle-même, centrée sur elle-même et abstraite. Et certains, séduits par les courants mystiques orientaux qui s'exprimaient plus directement en paroles-sagesse et qui vivaient dans un mode concret d'existence en ayant le sens du mystère, ont sauté dans ces courants, échappant au monde abstrait du concept dans lequel ils avaient l'habitude de vivre, mais sans avoir réellement rencontré le mystère du Christ lui-même.
– du côté du bouddhisme zen au Japon, par exemple, il y a eu tendance à séparer la discipline spirituelle et la vie quotidienne. La vie spirituelle a été orientée vers la quête d'expériences mystiques personnelles comme telles, et de ce fait on a un peu négligé le fait que toute la vie pourrait devenir la Vie elle-même de l'Autre Monde. Du coup, la vie spirituelle [du bouddhisme zen] est devenue elle aussi abstraite à sa façon.
On m'a demandé de parler de ma propre expérience du zen et de la manière de l'intégrer à ma propre vie spirituelle chrétienne, mais, comme je l'ai déjà dit, il n'y a pas de zen qui existe de manière universelle générale.
Le "zen" ne saurait signifier seulement l'aspect extérieur de la discipline. Comme je l'ai dit dans l'article mentionné précédemment, j'utiliserai seulement le mot "zen" dans son sens propre et plus large : dhyâna [en sanskrit], c'est-à-dire zenna [en japonais], même si je l'utiliserai parfois avec cette nuance d'aspect extérieur qui correspond à la vision ordinaire qu'on en a.
Chacun a son zenna, s'il l'a. Et d'une certaine façon on pourrait dire qu'il y a un zenna du bouddhiste zen qui lui est propre, qu'il y a un autre zenna d'une autre personne, et que chaque zenna correspond pour chacun au mystère de sa foi personnelle.
=> Témoignage personnel de Oshida.
Je n'ai jamais eu "l'intention" d'intégrer le zenna dans ma vie. Et si je n'ai jamais tenté de l'intégrer c'est que cela eût été une tentative impossible. Simplement, je suis né dans une famille où mon père appartenait au bouddhisme zen, et quelque chose de ce bouddhisme zen était, pour ainsi dire, une partie de mon âme et de mon corps depuis ma naissance. Si je peux m'exprimer ainsi, le Christ a intégré le zen dans Sa vie sans me le faire savoir.
Pour parler de manière personnelle, mon maître zen a été ma maladie[2]. Il y eut un moment dans ma longue vie de malade où je fus confronté à la mort dans une profonde insécurité, et où je vis l'orgueil de mon activité apostolique alors que je croyais qu'elle relevait d'une pure piété. Depuis lors, j'ai appris à fuir l'odeur de l'ego partout où on la renifle. Tel fut le commencement du zen dans ma vie.
* * *
Je ferai mes remarques selon deux points de vue.
1) Le zenna (vie contemplative) comme discipline active et passive.
L'aspect extérieur de la discipline du bouddhisme zen touchant des points essentiels ne montre pas de contradiction avec mon zenna, à savoir la vie contemplative (mais je préfère le mot "zenna" au mot "contemplation" parce que le mot "contemplation" est souvent pris d'une façon trop restrictive). Cependant mon zenna[3] est différent de celui du bouddhisme zen (il y a d'ailleurs des moines bouddhistes zen qui veulent apprendre mon propre zen, recommencer ainsi). Je n'ai pas l'intention de généraliser ma façon de faire, c'est le problème de la vie. S'il y a quelque chose à transmettre, c'est fait par la Main de Dieu[4] au-delà de notre conscience.
Voici les grands traits de ce que je perçois au sujet de la discipline du zenna.
● La prière n'est pas un simple engagement oral ou intellectuel, mais c'est un engagement de toute l'existence. Pour que la prière soit bonne et réelle, il devrait y avoir l'humilité du cœur et une certaine apparence physique transparente [c'est-à-dire une bonne position corporelle]. La prière devient meilleure et plus réelle sous de bonnes conditions, à savoir des activités de l'existence portées par le souffle[5] et la profondeur de l'être de chacun. Notre prière discursive habituelle nous conduira toujours vers la sphère de la conscience (consciousness) et de la simple morale, tandis que la prière bonne, réelle, nous gardera dans la sphère de la profondeur, au niveau du mystère du Christ. Le zenna en tant que discipline servira à nous garder là et à approfondir la prière dans la conscience (awareness)[6] profonde.
● Trois éléments nécessaires pour la prière.
Pour que la prière soit une prière réelle, trois éléments sont nécessaires :
- un approfondissement du silence, le silence de l'awareness (le silence de la conscience non réflexive) ;
- un élément méditatif, pour éviter que le cœur ne flotte à la surface et de façon à le garder enraciné dans le silence ;
- le fait de se garder dans une discipline intégrale, afin de réaliser une transparence physique.
Concernant la méditation zenna, la discipline physique zenna et la recherche zenna, on peut dire des choses semblables. Et j'appellerai zenna cette sorte de réalité intégrale.
# Les 3 aspects : approfondissement du silence, étude des livres sacrés, engagement du travail manuel
● Pour la formation de chacun, qu'il soit jeune ou vieux, les éléments suivants sont donc nécessaires, ils sont réalisés grâce à la discipline zenna visée comme telle, en toute sérénité :
1// Un approfondissement du silence.
Nous n'avons pas ce qu'on appelle "méditation", mais simplement nous approfondissons notre silence et rendons plus aigu le sens de la Réalité de la profondeur grâce à une certaine concentration et par l'engagement inconnu qui sort de la profondeur : la foi[7]. Toutes les disciplines chrétiennes traditionnelles – vœux ou pratique des vertus… – devraient être présentes. C'est comme amener un bateau à la rame vers la haute mer de la profondeur, en traversant la résistance des vagues. Quand quelqu'un rame réellement pour faire avancer ce bateau pendant de longues années, le bateau disparaît d'abord, puis même le rameur. Ce n'est plus lui-même qui rame. L'Autre Rive commence à être perçue. Le mouvement contraire apparaît en même temps plus visiblement pendant qu'on continue à ramer : le Souffle et la Lumière de la profondeur, quoique notre conscience ne puisse pas en prendre la mesure directement. Dans ce Souffle et cette Lumière, la méditation peut apparaître spontanément mais passivement[8], en même temps que les actes physiques de pénitence apparaîtront spontanément mais passivement. C'est différent de la méditation active ou des actes de pénitence auxquels ont recours les débutants pour commencer à ramer et pousser le bateau dans la mer.
La naissance ou la création de la liturgie véritable se situe dans la même sphère de la méditation passive. Si notre liturgie n'est que ce qui se situe dans la sphère de la méditation active, notre bon avenir n'est pas garanti.
2// L'étude des livres sacrés.
Cette étude peut se poursuivre avec l'approfondissement du silence mentionné plus haut. Quand le Souffle et la Lumière commenceront à souffler et à briller plus visiblement depuis la profondeur, cela deviendra une étude sacrée au sens propre, et la rencontre avec la Main (Parole) de Dieu deviendra plus réelle et plus pénétrante. Les travaux des commentateurs actuels de l'Écriture Sainte correspondent habituellement à la sphère de la méditation active.
3// Le zenna dans l'engagement du travail manuel :
Notre sphère physique doit être intégrée dans le silence du zenna. Cet engagement est nécessaire pour l'aptitude à lire dans les situations concrètes et pour une vie spirituelle totale.
# Trois points importants de la discipline zenna.
Pour la conduite de la discipline zenna, il faut se souvenir des points suivants :
- Assurer la motivation spirituelle réelle de la personne, même si c'est encore à l'état de germe[9].
- Faire attention à toute odeur d'orgueil : aussitôt qu'on commence à la flairer, il faut tout arrêter et réfléchir sur ce qui en est la cause.
- Nourrir l'équilibre physique et psychologique de notre intégrité. Il y faut l'entraînement du regard et du souffle zenna[10]. Dans la pseudo-spiritualité à la mode aujourd'hui, on peut percevoir un manque dans ce domaine.
Personne ne peut comprendre cela intellectuellement, mais par sa propre prière réelle et par la grâce de Dieu. Tout le monde devrait désirer cela de tout son cœur, car nous sommes tous invités à cela par Dieu et c'est en y goûtant que Jean a dit : « Dieu est amour ».
Un schéma pour résumer
NB : dans la vie spirituelle concrète d'une personne, la prière ou la méditation active et passive coexistent[11].
2) Le zenna comme style de vie.
Quant à mon zenna comme vie, je peux évoquer quelques principes que j'ai reçus dans le processus de naissance à un nouveau style de vie. Quand j'ai quitté la vie conventuelle de style occidental avec la permission de mon Supérieur, j'ai commencé à chercher mon identité personnelle en tant qu'homme né dans ce pays avec le poids particulier de son histoire et de sa culture, un homme qui a alors rencontré le Christ d'une certaine façon. Mais je n'avais aucune conscience de tout cela, je voulais seulement être moi-même, en toute simplicité.
Je reçus la visite d'un de mes amis prêtre catholique. Il me persuada de dire un mot en expliquant pourquoi je vivais ainsi. C'était une année et demie après mon retour au Japon comme prêtre.
=> Témoignage de Oshida à propos de la communauté de vie de Takamori.
À mon retour du Japon, j'étais tombé malade une fois de plus et je fus opéré à Tokyo puis transféré dans un petit hôpital de la préfecture de Nagano pour ma convalescence. Pendant mon séjour là-bas, une petite communauté est née qui vivait au rythme de la vie quotidienne. C'est en lien avec cet événement nouveau que mon nouveau style de vie commença, cela se réalisait après quinze ans de patience, de souffrances et d'attente[12].
J'avais la nostalgie de l'enfant Jésus dans la mangeoire et j'étais porteur d'une vision de Jésus, mais je n'avais aucun projet, aucune idée précise à réaliser. Ma vie consistait à me rendre présent à chaque moment, à chaque personne, en répondant à leurs besoins immédiats.
Après avoir vécu ainsi pendant plusieurs années, nous avons discerné quelques principes pour une vie de communauté vivante, ouverte, en jetant un regard en arrière sur l'action de la Main de Dieu au cours des années écoulées.
(La communauté ne prétend pas mener une existence fermée au monde extérieur, mais elle est quelque chose comme une cristallisation d'un courant communautaire plus large : ainsi, le mot "communauté" exprime ici une réalité qui diffère quelque peu de ce qu'on désigne sous le nom de communauté religieuse.)
Ces principes de la vie en communauté sont les suivants :
- Ne pas choisir ceux qui viennent à nous. Recevoir chacun comme un mystère du Christ. Quand nous choisissons quelqu'un, c'est nous-mêmes que nous choisissons.
- Ne rien posséder, même en tant que communauté. S'il est nécessaire d'avoir des possessions, que ce soit un strict minimum.
- N'établir aucune loi ni aucune règle à l'avance. Le respect, l'amour et la sincérité envers le mystère de chacun doivent être suffisants. Commencer par nous faire absolument confiance les uns aux autres, de sorte qu'aucune règle ou interdiction ne doive être écrite dès le départ.
- Ne pas faire de plan à long terme. Répondre avec sincérité aux besoins de chaque moment.
En d'autres termes, la communauté du Christ devrait être ouverte à tous les êtres humains et à tous les courants spirituels profonds, et on devrait y chercher la présence et l'intervention réelle du Christ lui-même seul.
La vie zenna (la vie contemplative) consiste à ramer vers la Parole-Dieu, en étant conduit par la Main de Dieu lui-même, et pendant qu'on rame, le signe donné devrait apparaître comme un miracle : la naissance de la koinônia (communion) de Dieu.
Pour être ouverts à toutes les personnes, y compris celles d'autres courants spirituels et mystiques, nous avons été obligés de prendre une certaine forme pure d'approfondissement du silence comme notre pratique commune. Et dans ce mode de vie communautaire, il nous a donné de nombreuses rencontres.
Cette histoire elle-même, mais sur l'Autre Rive, est la Réalité apocalyptique (c'est-à-dire la Réalité pleinement dévoilée), et c'est zenna.
[1] Cf. message précédent.
[2] « Bouddhiste de naissance, il pratique le zen jusqu'au jour où, rencontrant un chrétien véritable, il fit l'expérience de la présence du Christ dans cet homme. Suite à ce choc spirituel, il devint chrétien et entra chez les dominicains. Envoyé au Canada pour y faire son noviciat, il y resta plusieurs années. De retour au Japon, il se sentit mal à l'aise dans un catholicisme de style occidental. Ayant fait une rechute de tuberculose, il dut subir une intervention chirurgicale ; il fut ensuite envoyé en convalescence dans un hôpital du Nagano. C'est à ce moment-là surtout qu'il éprouva le besoin, comme il l'a écrit, « de chercher mon identité en tant qu'homme né dans un pays ayant une histoire, une civilisation et une tradition bien définie. » La maladie mena le P. Oshida plusieurs fois jusqu'aux portes de la mort. » (Odette Baumer-Despeigne, Échos des séjours d'O. Baumer et S. Rougier au centre japonais créé par Oshida)
[3] « Quand il s'agit des aspects méthodiques du zazen, Oshida conçoit la manière de prier chez les Pères du désert et ce qu'on appelle la prière de Jésus dans la tradition hésychaste comme “le zazen du christianisme”. Selon lui, on a trouvé, dans les archives de monastères bénédictins au Portugal, des documents qui montrent que la tradition des Pères du désert était vivante dans ces monastères jusqu'à la fin du Moyen Âge. On retrouve dans cette tradition les mêmes principes que dans le zazen en ce qui concerne la présence dans la respiration, la libération des pensées discursives et le niveau profond de la conscience. Mais les Pères du désert n'avaient pas assez de connaissances sur les éléments physiques de la position assise, et leurs instructions sur celle-ci ne sont pas suffisantes. Ce que le zazen peut apporter à cette ancienne forme de la prière chrétienne, c'est une position assise adéquate ; mais le zazen n'est pas quelque chose de nouveau, il permet une rencontre avec un silence et une mystique qui ont existé longtemps dans le christianisme mais qui se sont perdus au moins dans l'Église catholique, dit Oshida. Dans son enseignement, Oshida applique le zen d'une manière libre et indépendante. Parmi les points essentiels de cet enseignement, on retrouve le point anthropologique sur la respiration considérée comme un exercice spirituel, “respirer avec Dieu”, et le point théologique selon lequel, dans sa profondeur, l'homme est habité par la lumière de Dieu qui l'illumine quand il se concentre en silence sur la respiration. La proximité avec la tradition spirituelle de la prière de Jésus est évidente sur ces deux points. » (Katrin Amell, o. p. la Vie Spirituelle, 731, juin 1999)
[4] En japonais on utilise le mot "main" pour désigner le sujet d'une action.
[5] La respiration peut elle-même devenir prière. Oshida appelle cela "respirer avec Dieu".
[6] Awareness se distingue de consciousness qui est la conscience réflexive, observatrice, attentive au processus en cours. L’awareness exclue la "prise de conscience", le retour sur expérience. J-M Martin parle en ce sens de l'expérience de Dieu qu'il nomme "l'insu" : « Le pneuma [l'Esprit Saint et autres] est insu, il n'est pas dans le champ de notre conscience. Il n'est pas en-dessous comme de l'inconscient, parce que l'insu n'est pas l'inconscient. L'inconscient, c'est autre chose. L'inconscient, d'ailleurs, dépend du conscient, il fait partie du conscient quand j'oppose le conscient au pneumatique. Inconscient et conscient s'entre-appartiennent. Il y a passage d'un seuil lorsque l'on va de cet ensemble conscient-inconscient (c'est-à-dire la conscience humaine au sens banal du terme) au pneumatique. L'insu n'a pas sa réflexio completa, c'est-à-dire que la connaissance que nous avons de Dieu n'est pas une connaissance pleinement accomplie. Nous sommes jetés en avant de notre avoir-à-être qui est de connaître Dieu comme il nous connaît. Nous sommes jetés en avant, ce qui ouvre cette autre dimension qui est aussi une dimension d'expérience, mais, dans son titre propre, une expérience d'attente.»
[7] Sur le mot "foi" voir Foi et Gyô (行 la pratique). Article de Shigeto Oshida (un maître zen qui a rencontré le Christ) suivi de textes de B. Rérolle.
[8] « Le zen purifie l'attention et lave le regard, ... alors le voile du temple se déchire et quelle grâce d'entrevoir le Christ partout présent. Car, pour Shigeto, cette réalité que le zen dévoile est inséparable de la révélation de Jésus-Christ. Ce moine japonais touche ses disciples par son être-là, cette Vie qu'il laisse jaillir. Et si on le presse de répondre à des questions sur la pratique, il énonce simplement qu'« Il faut renoncer au désir de recevoir un enseignement. La Voie, c'est la vie. Le zen n'est pas quelque chose de spécial, c'est la vie dans la réalité, dans la nudité, la réalité de la nudité. » Shigeto propose néanmoins quelques pistes comme la répétition du mot « Abba » au rythme de la respiration. » (Katrin Amell, opus cité) Note : Abba signifie "papa" en hébreu.
[9] « Voici quelques points de l'enseignement du père Shigeto Oshida (…) Au sujet du souffle, de l'Esprit, il dit souvent : « Le zen cherche à approfondir le silence intérieur, c'est s'exercer à mourir à soi dans le Verbe de Dieu, à se laisser mouvoir par le souffle de Dieu. Pratiquer le zazen, c'est se laisser séduire par le souffle de Dieu. Si vous ne subissez pas cette séduction, prier pour qu'elle vous soit octroyée, c'est un don ; la prière n'a d'autre but que de supplier le Seigneur de se rendre irrésistible. » (B. Durel, Les Voies de l'Orient n° 57)
[10] Sur le regard voir Conscience-flèche et conscience-coupe (K-G Dürckheim) ; regard zen. Voici un autre conseil de Oshida : « Concernant l'approfondissement du silence dans votre vie quotidienne, permettez-moi quelques petites suggestions : gardez le regard vers le lointain, le regard de celui qui conduit une voiture : il n'est pas limité par quelque point matériel comme cela se produit pour le regard ordinaire, mais il est toujours conscient du Tout, tout en prêtant attention à un point. Consacrez régulièrement un peu de temps à l'approfondissement du silence, par exemple une fois le matin et une fois le soir, en vous servant parfois de “Abba” pendant l'assise. Souvenez-vous parfois dans la vie quotidienne de cette manière d'être, simplement en disant “Abba”. » (Oshida). Bernard Durel raconte ce qui se passait à Takamori : « Au bout d'un long moment d'assise silencieuse, le père Oshida nous invitait certains jours à une sorte de gémissement commun où tous murmuraient « Abba » au long d'un expir prolongé. « Abba », parole de petit enfant, et au fond la parole dernière, celle qui porte et rassemble toutes les autres, celle qui conduit au silence vivant qui est libéré de tous les mauvais silences, de tous les silences de mort » (B. Durel, Voies de l'Orient n° 57)
[11] La question passivité/activité a été évoquée par B. Durel en seshin : « Ce matin-là, Bernard Durel évoque certains aspects de l’enseignement du Père Oshida, en particulier la question cruciale de savoir comment doit être harmonisé le couple activité/passivité. Car, pour tout méditant, le temps vient immanquablement où, ayant épuisé la vertu du seul effort personnel, il est appelé à porter davantage attention aux dons reçus (lesquels parfois sont des épreuves). Afin de resituer cette question dans une perspective plus familière à des esprits occidentaux, Bernard Durel cite l’injonction bien connue de l’Évangile : « Frappez et l’on vous ouvrira. Demandez et vous recevrez. » Ici, dit-il, l’action est affirmée comme hautement nécessaire, mais elle consiste à demander avec foi et humilité plutôt qu’à forcer la porte. » (Extrait de http://temporel.fr/Un-sesshin-anime-par-le-Frere )
[12] L'histoire de cette communauté est racontée dans http://www.spiritualite2000.com/2012/06/vincent-shigeto-oshida/ .