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Voies d'Assise : vers l'Unité
Voies d'Assise : vers l'Unité
  • Blog dédié à Jacques Breton (prêtre, habilité à transmettre le zen, assistant de K.G. Dürckheim, instructeur de kinomichi) et au Centre Assise qu'il a créé en le reliant à l'abbaye de St-Benoît-sur-Loire (France) et au monastère zen du Ryutakuji (Japon).
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10 mai 2022

Anna LADYGUINA : par les mythes et les contes, vivre l'alchimie de la relation entre le masculin et le féminin

Pour Graf Dürckheim, « Le problème essentiel que la psychothérapie moderne a à résoudre est la reconstruction de l'intégrité que l'être humain a perdue parce qu'il a perdu sa part féminine. Quelles que soient les divergences qui séparent les différentes écoles psychothérapeutiques, elles ont en commun cette certitude : il n'existe pas seulement l'homme et la femme, mais aussi le masculin dans la femme et le féminin dans l'homme. Et pour devenir et rester un homme à part entière, il faut devenir un être humain total et donc accepter ce qu'il y a de féminin en soi et le développer. » C'est ce thème qui est abordé dans le présent message.

A. Ladyguina a passé plusieurs années à se former dans le centre de K-G Dürckheim (et pas que là). Elle fait partie des personnes interviewés dans le cadre du film-documentaire "Les heures étoilées" qui a été projeté le 11 mars 2022 au Forum 104 (film disponible gratuitement sur https://vodeus.tv/video/les-heures-etoilees-2640). Une partie de l'interview non prise en compte dans le film figure sur internet[1]. En voici une transcription un peu modifiée.

Anna LADYGUINA est Docteur en psychologie clinique, psychothérapeute jungienne et conférencière. Au Centre Assise à St.Gervais près de Paris, elle co-anime les sessions« Sur le chemin de l’unité» et propose des conférences en visio ou à Paris (le 31 mai : Conférence – La quête de l’eau de vie , une voie initiatique). Elle propose aussi à Mulhouse les ateliers de « Travail initiatique avec les Contes et les Mythes » (cf. https://www.anna-ladyguina-therapie-par-les-contes.com/).

 

la-quete-de-leau-de-vie-conference

Anna LADYGUINA

Le travail initiatique chez DÜRCKHEIM

(Maria HIPPIUS et le féminin)

 

 

J'ai passé quelques années à Rütte chez Graf Dürckheim, et c'est là que j'ai commencé mon chemin.

Je pense que, dans le travail initiatique, le lien entre le féminin et le masculin en nous, et aussi dans les relations de couple et dans les relations à l'extérieur, est extrêmement important. C'est tout un tissage entre ces deux forces qui sont en nous, et il prend des visages différents à mesure du chemin.

Le thème du féminin me parle particulièrement, et je trouve que dans notre monde d'aujourd'hui on est appelé à redécouvrir le féminin en nous. Ce féminin en nous est la partie vulnérable de notre être, et c'est aussi une partie pure qu'on associe souvent à la vierge, mais la vierge intérieure.

Par exemple dans beaucoup de mythes, on voit très clairement que le rôle du masculin est de pouvoir libérer le féminin à l'intérieur de soi-même. Par exemple Persée doit libérer Andromède[2].

Souvent ce masculin en nous doit se battre, il est confronté à une force qui est elle aussi à l'intérieur de nous-mêmes à laquelle ce féminin a été sacrifié. De quelque façon en effet, dans la relation d'origine avec notre féminin, il y a une sorte de sacrifice.

Dans le travail avec les mythes et les contes – mais pas que là – on voit que le masculin en nous est comme un chevalier qui est appelé à protéger notre féminin, à se mettre à son service, et à nous donner accès à cette qualité de notre âme. Souvent, en raison de cette fragilité, de cette vulnérabilité, de cette pureté du féminin qui est là, pour la protéger finalement on a construit des murs et des murs autour de nous parce que c'est une partie extrêmement sensible.

Souvent quand certains parlent de sensibilité, ils parlent de ces qualités-là. Mais en général, on est mal à l'aise avec cette sensibilité. En particulier dans notre tradition la sensibilité est considérée comme une faiblesse. On ne sait pas comment s'y prendre avec elle. Pourtant c'est comme un noyau très intime de notre être intérieur. C'est un peu comme la partie divine dans notre âme, et ce féminin en nous permet d'accueillir quelque chose de l'ordre du transcendant, permet d'accueillir le grand Autre en soi. C'est pourquoi je pense qu'il y a un devoir de l'être humain de découvrir ce féminin en lui-même. Ce n'est pas simple, surtout que notre tradition patriarcale est bien marquée par la méprise du féminin.

Ce qui me touche énormément, c'est que souvent, même les femmes se battent contre ce féminin ! Elles se battent parce que ce féminin n'est pas reconnu, pas vraiment accepté par la société. Si on observe les valeurs qui sont mises au premier plan de la société, on voit que ce sont des valeurs masculines.

Et je pense qu'aujourd'hui on est à un moment où on est appelé à redécouvrir les valeurs féminines en soi. Dans cette découverte, le rôle du masculin est essentiel parce que c'est lui qui aide à découvrir le féminin en nous. Il s'agit de devenir conscient qu'on a une force en nous, qu'on est relié à cette force pour pouvoir protéger le féminin en nous, pour être un chevalier au service de ce féminin.

Souvent, à la fin des mythes et des contes, il y a le mariage entre le féminin et le masculin. Par exemple Persée libère Andromède et se marie ensuite avec elle. On cherche tous à marier notre conscience avec ce féminin en soi qui n'est pas d'ordre mental. Le problème du lien avec notre féminin, c'est que quand on n'est que dans le mental, on n'a pas d'accès au féminin. Il s'agit donc de mettre le mental de côté pour descendre au fond du labyrinthe intérieur pour pouvoir découvrir le féminin en nous-mêmes… le découvrir c'est une chose, ensuite l'accueillir profondément et accepter de le manifester. Pour ça on a besoin du masculin parce qu'on doit ouvrir notre cœur. En effet, pour pouvoir ouvrir notre cœur, il faut être bien relié à notre force. Cette ouverture est comme une coupe, elle n'est possible que quand on être relié à notre masculin, à notre force en nous, c'est comme un axe qui est juste et bien posé.

C'est donc toute cette alchimie de la relation entre le masculin et le féminin qu'on peut découvrir au fur et à mesure de ce chemin-là.

 

ANNEXE 1

Conférence – La quête de l’eau de vie , une voie initiatique dans les contes et les mythes, Conférence d'Anna le Mardi 31 Mai 2022 de 20 h à 21h30 (Forum 104 à Paris ou visio)

Les contes et les mythes : qu’ont-ils à nous dire sur le monde d’aujourd’hui et la crise qu’il traverse ?

Depuis la nuit des temps, les mythes et les contes jouent un rôle fondamental dans la transmission de la sagesse ancestrale en agissant comme des repères dans l’évolution de la conscience humaine. En reflétant les lois cosmiques de la transformation de l’homme et de la nature, ils nous fournissent des clefs pour comprendre le processus qui se déroule dans l’âme humaine et dans le monde.


Comment les mythes et les contes nous permettent-ils de développer la conscience de soi et du monde qui nous entoure ? Ont-ils un message à nous délivrer pour nous aider à comprendre le monde d’aujourd’hui ?

 

 

ANNEXE 2

Voici quelques-unes des anciennes interventions d'Anna, d'autres sont sur son site

 

● Demeter et Perséphone (session de mai-juin 2020)

A la quête de notre créativité intérieure

Dans ce stage, à travers le mythe initiatique de Déméter et Perséphone, vous allez descendre dans les profondeurs de vous-même pour retrouver et libérer votre âme créative et lumineuse de sa captivité dans le corps, dans la matière, mais aussi dans l’inconscient collectif bien marqué par les valeurs patriarcales. Il s’agit d’un mythe très ancien, à la base des initiations du Culte des Mystères d’Eleusis qui ont eu lieu sans interruption pendant 2000 ans en Grèce antique. Des jeux de rôles, des expressions libres avec la musique et le dessin méditatif vous seront proposés pour vous permettre d’explorer les différentes facettes de ce mythe en relation avec votre histoire personnelle.

 

● "SUR LES TRACES DE L’ÉTERNEL FÉMININ : du Féminin élémentaire vers le Féminin spirituel" (conférence du 10 octobre 2018)

Dans beaucoup de traditions « la Face visible » du Divin est représentée par la Grande Déesse dont la puissance et l’ambivalence étaient bien connues depuis des millénaires. Elle est à la fois la Vierge et la Mère, la déesse de la Vie et de la Mort, céleste et terrestre, aimante et dévorante, inspiratrice et castratrice, Celle qui nous enchaîne dans les liens de l’illusion mais aussi Celle qui nous libère de ces mêmes liens… Y-a-t-il un moyen pour un être humain d’intégrer en soi, dans le processus évolutif de sa conscience, l’ambiguïté paradoxale de cette Mère Universelle ? Quel est le chemin qui pourrait nous amener à redécouvrir, au plus profond de nous-même, notre Féminin solaire qui se situe au-delà de cette dualité ?



[2] Dans la mythologie grecque, Andromède est une princesse éthiopienne. Fille du roi Céphée, elle est victime de l'orgueil de sa mère Cassiopée. Exposée nue sur un rocher pour y être dévorée par un monstre marin, elle est sauvée de justesse par Persée dont elle devient l'épouse.

 

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