Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Voies d'Assise : vers l'Unité
Voies d'Assise : vers l'Unité
  • Blog dédié à Jacques Breton (prêtre, habilité à transmettre le zen, assistant de K.G. Dürckheim, instructeur de kinomichi) et au Centre Assise qu'il a créé en le reliant à l'abbaye de St-Benoît-sur-Loire (France) et au monastère zen du Ryutakuji (Japon).
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 97 988
Archives
15 octobre 2023

Le symbolisme de l’eau. 4. L'eau salvatrice. Conférence de Jean Marchal

Suite des deux messages précédents, voici les aspects bénéfique et salvateur de l'eau. C'est la quatrième partie de la conférence que Jean Marchal a faite lors des Assises nationales de yoga en 1995. La présentation figure dans la première partie. Des notes ont été ajoutées (celles de J. Marchal finissent par (JM)). Par endroits des numéros ont été ajoutés pour faire percevoir le plan.

1. L'eau et la cosmogenèse, message déjà paru
2. Les propriétés physico-chimiques de l'eau, non transcrit sur le blog
3. L'eau qui submerge et qui sépare, message précédent
4. L'eau salvatrice, présent message
Conclusion, présent message

 

Le symbolisme de l’eau

Par Jean Marchal

 

L'eau salvatrice

 

Si l'eau est capable de faire peser sur l'être humain de redoutables menaces, elle reste avant tout véhicule de vie et nous apparaît quotidiennement comme salvatrice : ne serait-ce que, quand nous avons soif ou, pour notre jardin, lorsque la sécheresse fait dépérir les plantes. Même illustres physiciens ou chimistes, nous ne pourrons jamais connaître vraiment l'eau, si nous n'avons pas fait l'expérience de la soif, la vraie soif, l'appel intense de tout l'organisme à l'eau salvatrice, et non la simple envie de boire dont seule en général nous avons l'expérience. Mais cette soif physiologique est aussi un symbole et nous rappelle qu'il y a en nous une soif de la présence divine, cette présence qu'a perdue Adam à l'expulsion du paradis (ou dont il a perdu la conscience). Cette soif spirituelle, la plupart des êtres humains n'en ont pas conscience, ou rarement : elle est soigneusement refoulée par notre mental[1]. C'est cette soif d'Esprit (du Saint Esprit disent les chrétiens) qu'expriment bien les passages des psaumes bibliques ou des écrits des mystiques : « Comme le cerf altéré a soif des eaux vives, ainsi mon âme a soif de toi, Seigneur », écrit le Psalmiste.

 

Beaucoup de versets de l'Évangile de saint Jean affirment cette parenté de l'eau physique et de l'Esprit. Ainsi : « À moins de naître d'eau et d'Esprit, nul ne peut renaître dans le royaume des cieux » (Jean 3), affirme le Christ à Nicodème […] Au chapitre 7 : «Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi et qu'il boive[2] »

Dans tous ces extraits de l'Évangile de saint Jean, l'eau physique, celle que nous buvons, est prise comme symbole de l'Esprit divin qui se répand sur tout être humain et pénètre et transforme tous ceux qui s'y ouvrent.

 

Tout ce qui précède nous aidera à comprendre pourquoi, dans l'hymne au Saint Esprit que chante l'Église le jour de la Pentecôte (le Veni Creator Spiritus)[3], l'Esprit est invoqué comme eau dans une des dix strophes, et comme feu dans la strophe suivante.

À l'Esprit-eau le chrétien adresse une triple demande :

      Lava quod est sordidum
      Riga quod est aridum
      Sana quod est saucium

(« Lave ce qui est souillé, irrigue ce qui est desséché, guéris ce qui est blessé. »)

Laver, irriguer, guérir : ces trois pouvoirs de l'eau physique sur le monde matériel sont aussi ceux de l'Esprit dans le monde spirituel.

 

Eau vive du baptême1/ « Lave ce qui est souillé » : certes, c'est un des pouvoirs de l'eau ordinaire de laver notre corps, et aussi le linge et la vaisselle… L'Esprit lave, non plus notre corps physique, mais notre mental, cet écran souillé du matin au soir tout au long de nos existences par le fil ininterrompu des pensées et émotions, comme l'écran blanc et vierge du cinéma l'est par les histoires le plus souvent ineptes des films projetés sur lui. Laver le mental, c'est s'ouvrir à l'Esprit purificateur dans le silence de la méditation. Lors de la bénédiction des fonts baptismaux le samedi saint, le prêtre prononce cette prière sur l'eau : « Que cette créature sainte et innocente soit indemne de toute attaque de l'ennemi, et purifiée par l'expulsion de toute sa malice. Qu'elle soit une source vivifiante, une eau régénératrice, une onde purifiante : afin que tous ceux qui seront lavés dans ce bain salutaire reçoivent par l'opération de l'Esprit Saint la grâce d'une purification parfaite. »

baptême du Christ, icône s_x7Cette eau qui lave et purifie, symbole de l'Esprit divin, est employée rituellement dans toutes les traditions religieuses : ablutions rituelles en Inde (le Gange !), en islam, en Israël. Dans le christianisme, elle est l'instrument du premier des sept sacrements, le baptême, par lequel est lavée la faute d'Adam qui valut au premier couple humain l'expulsion du paradis : la perte de la conscience de notre image divine et la souillure de l'esprit en mental dualiste. L'icône orthodoxe du baptême du Christ par Jean-Baptiste est un des plus répandues. Elle montre Jésus plongé dans les eaux du Jourdain et recevant le baptême des mains de Jean. L'esprit Saint divin descend du ciel et émet sur sa tête un triple rayon (le nombre trois est dans la symbolique le vecteur de l'énergie spirituelle). Il est des sectes protestantes qui pratiquent encore le baptême par immersion complète dans le Jourdain, en souvenir du baptême du Christ. […]

Remarquons que les baptistères contenant l'eau bénite du baptême étaient au Moyen Âge de forme octogonale[4], nous rappelant ainsi le sens du baptême qui est le passage de l'état de déchéance de l'Esprit à l'état rayonnant de la rédemption.

 

fontaine2/ « Irrigue ce qui est desséché » : l'eau étant le vecteur et le support de la vie végétale et animale, l'irrigation est nécessaire aux cultures, et l'apport et la répartition harmonieuse de l'eau par dérivation et canalisation peut transformer un désert en terre fertile. Que l'eau vienne à manquer, et c'est la mort des plantes. De même pour l'animal et chez les mammifères, l'homme en particulier : que l'irrigation sanguine soit interrompue dans une artère par un caillot, et c'est la nécrose du territoire irrigué par ce vaisseau. Si c'est du cœur qu'il s'agit, c'est l'infarctus du myocarde et le pronostic dépend alors de la rapidité avec laquelle sera mise en œuvre la thérapeutique visant à désobstruer l'artère coronaire bouchée : là aussi, la demande adressée au médecin est : « Irrigue ce qui est desséché. »

Fleuves d'eau vive coulent de Jésus nouveau TempleNotre esprit est semblable à ces organes physiques et demande à être irrigué par l'Esprit divin, faute de quoi il dépérit, même si le mental prospère. Dès l'origine du monde telle que la décrit la Genèse, l'irrigation apparaît. Le paradis est parcouru par quatre fleuves assurant la vie universelle. À la fin des temps, lorsque la Jérusalem nouvelle a remplacé le monde ancien détruit, saint Jean dans l'Apocalypse décrit un fleuve unique sortant du trône divin, fleuve de vie. « Et l'ange me montra un fleuve de vie resplendissant comme du cristal, qui sortait du trône de Dieu et de l'agneau, et un arbre de vie donnant son fruit chaque mois, fructifiant douze fois, et ses feuilles sont pour la guérison des nations…» (Ap 22, 1-2)[5]. On trouve une image semblable dans le livre d'Ézéchiel : un fleuve sort de l'autel du temple et irrigue tout Israël (Ez 17, 1-9).

 

La Fontaine de Jouvence, XVe, anonyme, chateau de la manta, Italie3/ « Guéris ce qui est blessé » : c'est ce pouvoir qu'a l'eau de guérir maladies ou blessures que les hommes ont toujours cherché à exploiter dans les sources thermales, comme ici à Aix. Mais parallèlement à cet appel aux vertus thérapeutiques de l'eau physique, basé sur la connaissance de sa composition physico-chimique particulière à chaque ville d'eau, des sources d'eau ont miraculeusement jailli dans certaines circonstances par l'intercession de saints personnages ou de la Vierge Marie. Certaines ont une réalité historique, comme celle de Lourdes, d'autres relèvent de la légende. Mais les unes comme les autres ont donné lieu à toute une iconographie symbolique dont nous allons citer quelques exemples.

Tout d'abord, ces images de Fontaine de vie, nombreuses au XIVe et XVe siècle, aux eaux limpides et intarissables, où s'abreuvent et se baignent individus ou couples pour y retrouver vigueur physique et profondeur spirituelle. Ainsi la deuxième vision de Nicolas de Flue « d'un grand réservoir carré d'où s'écoule une fontaine par un canal étroit résonnant harmonieusement, limpide bien que le courant soit puissant et intarissable. Et je m'étonnais que les hommes pourtant assoiffés ne viennent pas à cette fontaine pourtant si abondante. » Ce sont ces fontaines de vie que rappellent les innombrables fontaines sacrées parsemant la campagne bretonne, encore tout imprégnée de la mystique celte.

Moïse frappe le rocher, ChagallQuant aux sources miraculeuses, on en trouve déjà dans l'histoire du peuple hébreu lorsque Moïse, au cours de l'Exode, pour sauver les juifs menacés de périr de soif dans le désert, fait jaillir une source du rocher d'Horeb en le frappant de son bâton.

De nombreux vitraux typologiques au XIIe et XIIIe siècle représentent cette scène, en la mettant en relation avec le sacrifice du Christ dont le sang abreuve et guérit les chrétiens. L'hagiographie de nombreux saints fait intervenir dans leur histoire le pouvoir de faire jaillir miraculeusement les sources, épisodes qu'illustrent icônes, miniatures et vitraux. Ainsi de saint Serge de Radonège en Russie, au XIVe siècle, ou de sainte Odile de France au VIe siècle. Fille du duc d'Alsace, né aveugle, elle fut guérie de sa cécité par l'eau lors de son baptême. Devenue abbesse du couvent qu'elle avait fondé, elle rencontra au cours d'une promenade un aveugle mourant de soif sur le bord du chemin et fit jaillir du sol avec son bâton la source qui existe toujours au mont Sainte-Odile. L'aveugle fut guéri par cette eau, et de nos jours, on vient encore s'y recueillir et s'y abreuver pour guérir les maladies des yeux.

À une époque plus proche de la nôtre, le jaillissement miraculeux de plusieurs sources a été attesté par des témoins indiscutables. Les deux plus célèbres sont celles de Sarov en Russie et de Lourdes en France. La première a surgi sous l'action du grand saint russe Séraphin, à peu près contemporain du curé d'Ars, puisqu'il vécut de 1759 à 1833. Saint Séraphin vivait en ermite dans la forêt de Sarov, à quelques kilomètres du monastère dont il était l'un des moines. En 1832, la Vierge lui apparut, accompagnée de saint Jean l'évangéliste, et frappa le sol de son sceptre : une source jaillit alors à cet endroit qui, lui dit Marie, « guérirait beaucoup plus de malades qu'à la piscine de Bethesda où les guérisons ne se produisaient que lorsqu'un ange y descendait. » Séraphin l'entoura d'un mur pour en faire un bassin, et plus tard une chapelle y fut construite. C'est vingt-trois ans plus tard, en 1858, qu'apparut la source miraculeuse de Lourdes, dont on s'aperçut qu'elle avait les mêmes propriétés chimiques que celle de Sarov, mais qu'elle était légèrement plus chaude de quatre degrés. L'émergence de cette source, qui surgit de la paroi de la grotte de Massabielle au cours de l'une des apparitions de la Vierge à sainte Bernadette, fait dûment constaté par les nombreux habitants de la région qui n'en avaient jamais vu en cet endroit auparavant. L'eau de ces deux sources, de Sarov et de Lourdes a, depuis plus de cent ans, guéri des centaines de malades théoriquement incurables, de façon inexplicable par la médecine.

La Vierge, fontaine de vieEn fait, l'histoire de l'Église depuis ses origines est jalonnée par des apparitions de la Vierge accompagnée de la naissance miraculeuse de sources. Par exemple au début du Ve siècle, elle apparut à Léon le Thrace, futur empereur de Constantinople, dans la banlieue de cette ville, aux marais de la porte dorée. Léon, alors soldat de l'armée romaine, se promenait en cet endroit lorsqu'il y rencontra (là encore !) un aveugle mourant de soif. La Vierge lui apparut alors et, suivant le processus qui devait se répéter tant de fois au fil des siècles, fit jaillir à ses pieds la source qui existe encore et a guéri, depuis, des cohortes de malades et d'éclopés, mendiants, aveugles, y compris des empereurs et des moines. De cet épisode est né un type d'icône, « la Vierge, source de vie », reproduite de siècle en siècle par nombre d'iconographes, et qui représente Marie trônant sur une fontaine à triple étage entourée des innombrables malheureux auxquels ces eaux ont rendu la santé. La Vierge Marie symbolise ici cette force vitale dont l'eau est vectrice qui était déjà vénérée, non seulement en Égypte, mais en Gaule, sous le nom d'Isis, dans de nombreux sites qui sont devenus, avec l'expansion du christianisme, des sanctuaires mariaux. Rappelons que le mot Paris vient de Bar-Isis (vaisseau d'Isis[6]), le mot égyptien bar signifiant, entre autres, vaisseau. Le mot celte Lutèce a la même signification : lu désigne en celte les eaux, et tec arche ou vaisseau. Lutèce était, notamment, le lieu défendu par les eaux, donc protégée par la force vitale qu'incarne Marie.

À côté de « Marie, source de vie », il existe également une icône du « Christ, source de vie ». Elle représente le flux d'eau et de sang sorti du cœur du Christ transpercé par la lance du centurion, et à ses pieds, le Graal recueillant ce sang. Elle devint l'objet du mythe qui prit une grande importance au Moyen Âge. […]

Rappelons, pour terminer, cette phrase de saint Athanase[7] : « Le Père est la source, le Fils le fleuve et nous buvons le Saint Esprit.»

 

Jésus sur la croix, sortent sang et eau

 

CONCLUSION. La "mémoire de l'eau" et l'action thérapeutique des eaux thermales

 

L'évocation que nous venons de faire du pouvoir thérapeutique, parfois miraculeux, de l'eau, nous amène à dire quelques mots de la découverte récente (et très dérangeante pour la science classique) par un chercheur français de la "mémoire de l'eau". C'est Jacques Benveniste qui a démontré, il y a quelques années, que de l'eau dans laquelle a été dissous un médicament, et qui en a été complètement débarrassé par dilutions successives, garde pourtant une activité thérapeutique liée au remède, bien qu'on n'en retrouve plus aucune molécule en son sein. Cette découverte a soulevé un tollé dans le monde scientifique[8], au point que son auteur a été sommé d'abandonner sa recherche sous peine d'exclusion de l'Inserm dont il dirige le département. En effet, le thème de la "mémoire de l'eau" justifie et authentifie les effets de l'homéopathie, ce qui est insupportable pour les médecins et scientifiques classiques dont on remet en cause les certitudes dogmatiques. Admettre qu'une solution aqueuse d'une gammaglobuline qui aurait été complètement épurée de cette substance, au point de n'en plus contenir une seule molécule, pourrait garder une activité thérapeutique scientifique reviendrait pour eux à accepter l'idée que de l'eau de Seine dans laquelle on aurait trempé une clé à Paris pour ouvrir la serrure correspondante au Havre. Tout se passe comme si la substance dissoute, dont toutes les particules auraient ensuite été éliminées, avait laissé une trace non pas corpusculaire, mais ondulatoire, susceptible de garder une action thérapeutique propre. L'eau garde ainsi la mémoire du pouvoir guérisseur du remède, sans que sa structure physico-chimique ait subie le moindre changement.

Tout cela nous amène à essayer de comprendre les raisons susceptibles d'expliquer l'action thérapeutique des eaux des stations thermales. On pourrait distinguer trois facteurs principaux à l'origine de cette action.

  • Tout d'abord, la composition physico-chimique de l'eau particulière à chaque source. Ainsi les eaux bicarbonatées sodiques soignent plutôt les maladies de l'appareil digestif (Vichy, Badoit, etc.) ; les eaux magnésiennes, les affections du système neurovégétatif ; les eaux soufrées, celle des articulations, etc.
  • S'ajoute souvent à cette composition chimique une légère radioactivité.
  • Ensuite, il est probable que l'eau, outre les substances chimiques dissoutes, garde la "mémoire" au sens de Benveniste, des couches géologiques qu'elle a traversées avant de parvenir à la source. Autrement dit, en langage ontique, à son action liée aux particules qu'elle véhicule s'ajoute une action ondulatoire indétectable par les moyens d'analyse habituelle, mais efficace.
  • Enfin, au-delà de ces deux types d'activité, "particulaire" ou "ondulatoire", doit s'ajouter une action psycho-spirituelle voisine de ce qu'on appelle l'"effet placebo" d'un médicament.

fleuves d'eau vive, Berna LopezEn effet, la source d'eau jaillissante est, nous l'avons vu, une image archétypale puissante exprimant symboliquement ce jaillissement de la vie qui anime continuellement notre organisme psychosomatique, depuis la conception jusqu'à la mort. La concrétisation de cette image archétype dans la forme du griffon[9] de la source, avec tout le rituel qui entoure la distribution et l'absorption de l'eau, contribue certainement à l'effet thérapeutique de l'eau thermale.

Cette image du jaillissement exprime un archétype vivifiant que nous portons tous en notre inconscient et qui contribue à l'animer. Il s'exprime dans la nature par toutes les sources, les geysers, les fontaines naturelles ou fabriquées par l'homme. Il accompagne les apparitions de la pure substance primordiale, l'âme du monde, le principe féminin à l'origine des formes de l'univers, qu'elles revêtent la forme de Kwan-yin en Chine, de la femme-bison chez les Sioux, d'Isis en Égypte ancienne, ou de la Vierge Marie dans notre monde occidental depuis vingt siècles[10].

Parmi les multiples dangers qui menacent dramatiquement l'humanité en cette fin de cycle que nous vivons actuellement, l'épuisement et la pollution accélérée de cette puissance de vie qu'est l'eau sont les plus redoutables. Ils sont décrits dans les Vishnou Purana bien avant notre ère, et dès la fin du Ier siècle dans l'Apocalypse de saint Jean : lorsque le troisième des sept anges sonne de sa trompette : « Il tomba du ciel une grande étoile qui brûlait comme une torche. Elle tomba sur le tiers des fleuves et sur les sources des eaux. Et le nom de l'étoile se dit "Absinthe". Et le tiers des eaux tourna en absinthe, et beaucoup d'hommes moururent de ces eaux, parce qu'elles étaient devenues amères. » (Ap 8, 10-11). Si l'on se souvient que "absinthe" se dit en ukrainien tchernobyl, et qu'une grande partie des nappes phréatiques et des sources d'Ukraine et de Biélorussie sont encore gravement contaminées par la radioactivité due à l'explosion du réacteur nucléaire de Tchernobyl en 1986, il est permis de prendre cette catastrophe majeure comme un avertissement.

Les eaux douces qui lavent, abreuvent et guérissent l'humanité sont menacées de plus en plus pernicieusement non seulement par toutes les causes de pollution liées à l'industrialisation de la planète, mais aussi par les risques d'accidents nucléaires majeurs qui se sont multipliés avec la prolifération des centrales nucléaires. Or, la survie de l'humanité sur cette terre dépend toujours de la présence en quantité suffisante et de la qualité de l'eau, celle que saint François d'Assise appelait « notre sœur l'eau, qui est fort utile, humble, précieuse et chaste ». Puissions-nous enfin nous décider à prendre les mesures nécessaires pour protéger cette humilité et cette chasteté, afin de jouir encore longtemps de la préciosité et de l'utilité qui en sont indissociables et sans lesquelles aucune vie n'est possible.



[1] Et comme tout ce qui est refoulé réémerge sous une autre forme, comme les maladies ou tendances autodestructrices qui frappent de plus en plus individus et sociétés en cette fin de siècle. Le sida n'en est qu'une des nombreuses manifestations. (JM)

[2] Après ce verset l'eau est explicitement identifiée à l'Esprit : "Il parlait de l'Esprit que devaient recevoir ceux qui croiraient en lui ; en effet il n'y avait pas encore d'Esprit parce que Jésus n'avait pas encore été glorifié » (Jn 7, 39). Chez saint Jean il y a un partage des eaux, voir le 2° de La symbolique de l'eau en saint Jean (la mer, eau des jarres, fleuves d'eau vive, eau-sang-pneuma au Baptême et à la Croix).                                              

[3] Vous pourrez lire aussi la conférence que J. Marchal a faite au Centre Assise: Jamais deux sans trois, "Veni Sancte Spiritus" et "Veni Creator Spiritus", conférence n° 2, Jean Marchal, 1991

[4] Huit est le nombre vecteur du passage du carré du transept au cercle de la coupole qui souvent le surmonte, c'est-à-dire passage de la conscience terrestre à la conscience céleste.(JM)

[5] À Notre-Dame de Paris, sous les pieds du Christ du vitrail central, est figurée la Jérusalem céleste portée par les eaux de la vie. (JM). La photo mise ici de l'Apocalypse vient de  https://digital.bodleian.ox.ac.uk/objects/aaefd64e-f07d-4c4c-8c7c-a5317034697e/

[6] Qui est toujours l'emblème de Paris sous la forme du vaisseau flottant sur les eaux sans être submergé. (JM)

[7] « Le Père étant la source et le Fils étant appelé fleuve, on dit que nous buvons l’Esprit. Car il a été écrit: Tous nous avons été abreuvés d’un seul Esprit (1 Co 12, 13). Mais, abreuvés de l’Esprit, nous buvons le Christ, car: ils buvaient à un rocher spirituel qui le suivait. Or, ce rocher, c’était le Christ » (Lettres à Sérapion, I, 19, SC15, p. 116). Athanase compare le Père à la source d’où nous viennent tous les dons, le Fils au fleuve par qui nous viennent tous les dons et l’Esprit à l’eau que nous buvons. L’image de l’eau que nous buvons nous dit que ces dons de Dieu, nous les avons en nous-mêmes, nous les goûtons en nous-mêmes. Athanase est celui qui s'oppose à Arius en disant que le Fils est consubstantiel au Père, dans le contexte du concile de Nicée en 325.

[8] Comme toutes les découvertes révolutionnaires remettant en cause les conceptions scientifiques universellement admises jusque-là ; par exemple la mise en évidence du rôle des microbes dans les maladies infectieuses par Pasteur, ou dans les fièvres puerpérales par Semmelweis qui démontra qu'il suffisait de se laver les mains avant d'accoucher une femme pour en faire considérablement baisser la fréquence. Il fut banni de la société viennoise et interdit d'exercer la médecine par ses pairs pour avoir tenté d'imposer cette mesure d'hygiène dans les hôpitaux autrichiens. (JM)

[9] Le griffon est l'ouverture par où jaillit la source d'eau.

Commentaires