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Voies d'Assise : vers l'Unité
Voies d'Assise : vers l'Unité
  • Blog dédié à Jacques Breton (prêtre, habilité à transmettre le zen, assistant de K.G. Dürckheim, instructeur de kinomichi) et au Centre Assise qu'il a créé en le reliant à l'abbaye de St-Benoît-sur-Loire (France) et au monastère zen du Ryutakuji (Japon).
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15 avril 2019

Par J. BRETON : Vivre la Pâque par les grands symboles. 4e symbole : TERRE - CIEL

Lors de la semaine sainte, avant de parler de la croix qui, pour une part est composée d'une verticale et d'une horizontale, Jacques Breton a abordé la symbolique terre-ciel – à savoir la verticale. Il a d'abord étudié chacun des deux termes, la terre puis le ciel. L'homme est celui qui réalise l'union de ciel et terre, c'est quelque chose qu'on trouve dans toutes les traditions. C'est un élément fondamental dans la pratique du kinomichi, art créé par maître Masamichi Noro en continuité avec l'aïkido, et cela fait partie aussi de la symbolique des bouquets japonais traditionnels. La symbolique terre-ciel comprend de grands symboles de la nature : arbre, montagne, échelle ; dans l'homme c'est la colonne vertébrale.

« L'homme doit utiliser son énergie vitale centrée dans le hara. Pour se réaliser, il doit harmoniser cette énergie, la force de la terre avec la force du ciel. Pour vivre, notre force doit rester sur terre. Si nous élevons cette force vers le ciel, il nous renvoie sa force d'équilibre. La force du ciel passe par notre corps vers la terre ; les deux forces se rejoignant au cœur de notre corps. J'étais convaincu que tant que nous vivons, nous devons faire des exercices de terre-ciel pour garder cette énergie. » (Maître Masamichi Noro)

Pour la présentation et les autres enseignements de Jacques Breton sur les symboles de Pâques, voir

 

 

Le symbolisme terre / ciel

 

L'homme est à la fois de la terre et du ciel (cf. la double origine de l'homme, Dürckheim), et à cause de cela, il y a une opposition fondamentale qu'il aura toujours du mal à vivre car il n'est pas du ciel (ce n'est pas un ange) et il n'est pas non plus un animal. Comme dit Pascal : « L'homme n'est ni ange ni bête, et le malheur veut que qui veut faire l'ange fait la bête… »

  • La terre est symbole de croissance, de développement.
  • Le ciel est symbole de plénitude.
  •  Ce qui est de la terre est relatif, cela passe
  • Ce qui est du ciel, c'est l'Absolu, cela demeure.
  • La terre est pleine de contraintes – il faut dormir, manger…
  • Le ciel, c'est la liberté.

 L'homme est à la fois terrestre et céleste. Son lien physique avec la terre lui rappelle son origine animale, sa solidarité avec le cosmos, le rapport concret avec l'existence, mais en se détachant de la terre, il se coupe de la réalité. Le lien avec le ciel lui est aussi indispensable, sinon il se sépare de ce qui lui donne sa dimension spirituelle. Et c'est dans son corps qu'il doit vivre sa verticalité terre - ciel. L'homme est un être debout.

 

I – La terre : le ciel

 

Van Gogh, Champ de blé, juin 881) La terre.

La terre est d'abord le lieu où je travaille, où je m'enracine pour développer en moi toutes les possibilités : si je travaille la terre au sens large du terme, je peux développer progressivement ce que je suis. En effet, j'ai à grandir, j'ai à me développer et la terre m'a été donnée comme lieu où me construire. Si elle appartient à Dieu (Psaume 24, 1), celui-ci l'a donnée à l'homme pour qu'il la travaille : « YHWH Dieu prit l’homme et l’établit dans le jardin d’Eden pour cultiver le sol et le garder » (Genèse 2, 15).

Ce qui s'est passé c'est que, alors que l'homme était fait pour grandir et se développer sur la terre, il a fait du lieu qui lui était donné "sa propriété" : « C'est à moi, je vais en faire ce qui me plaît. » L'homme n'a plus alors la perspective, à travers cette terre, de grandir et de se développer. Il s'installe avec son cadre à lui, pour lui. Il fait de ce lieu non pas un lieu de développement mais un lieu où trouver son plaisir, un lieu d'efficacité.

 

Comment puis-je retrouver une juste relation avec la terre ? Il faut, pour cela, arriver petit à petit à ce que la terre dans laquelle je vis ne soit plus ma possession, ma propriété, mais que je la reçoive comme un don qui m'est fait, pour qu'à travers ce don je puisse développer tout mon potentiel de vie.

Je suis un pèlerin, et d'étape en étape, je me rapproche du lieu d'origine. Et au fond, là où j'habite, c'est un moment de mon itinéraire. Je dois y vivre comme si je devais y demeurer, et pourtant le vivre comme un lieu de passage.

Ce n'est pas par hasard que j'arrive dans un endroit ou dans un autre. Au fond, quelque chose me pousse à aller à tel endroit, même si ce sont des circonstances très extérieures qui ont pu jouer. Il n'empêche que je suis là, et que c'est là qu'aujourd'hui je dois me réaliser. C'est à travers ce cadre qui m'est donné, ce travail qui m'est proposé, dans cet environnement, c'est là qu'aujourd'hui je dois vivre ce que j'ai à vivre. Je dois m'y accrocher tout en sachant que c'est un lieu de passage, et c'est ça le paradoxe. C'est donc là où je m'enracine, où je puise ce qui m'est donné.

Et même si je meurs, ce sera encore un lieu de passage pour une terre nouvelle.

Il est vrai qu'on a envie de se poser quelque part. Mais il est nécessaire aussi par moment de quitter. Ainsi Dieu a dit à Abraham : « Va vers toi, quitte ta terre, ta famille et la maison de ton père, et va vers le pays que je te ferai voir… » (Gn 12, 1). Donc il y a des moments où on quitte et on ne sait pas très bien où on va se poser.

 

soleil et nuages2) Le ciel.

Je suis fils de la terre mais aussi fils du ciel. Au départ, pour moi, le ciel est le lieu de l'utopie : au fond de moi il y a encore un adolescent qui est là, or l'adolescent c'est celui qui aspire à un monde plus juste, plus vrai, plus heureux, plus libre. C'est pour cela que je parle d'utopie. Au fond la grande découverte de l'adolescence, c'est de se rendre compte que le monde dans lequel je me trouve n'est pas ce à quoi j'aspire, car c'est un monde égoïste, un monde de pouvoir, un monde de domination, un monde du chacun pour soi. Et même à propos de la communauté chrétienne on parle de justice, d'amour et de fraternité, mais cette communauté est comme le monde.

Pourtant je dois vous dire qu'en fait, ce à quoi j'aspire – le ciel –, c'est la seule chose qui soit vraie, qui soit réelle. Et alors, vous allez me dire que je n'ai plus qu'à quitter la terre… et c'est d'ailleurs ce que font beaucoup de religieux : on quitte la terre pour aller vivre autre chose, mais ça nous laisse tels que nous sommes car finalement on rêve !

Je me rappelle Graf Dürckheim qui disait avec sa grosse voix : « La réalisation, c'est le ciel qui descend sur la terre. » Il s'agit donc de faire descendre le ciel sur la terre. Au fond, tout le chemin spirituel est de savoir ce à quoi vous espérez, et il s'agit que cela descende sur la terre.

Ce rêve utopique est la seule chose qui soit, et il faut faire en sorte que cela descende dans notre terre. Et c'est tout le mystère du Christ qui vient vers l'homme : celui qui est au commencement a posé sa tente (sa demeure) parmi nous. Il est venu s'implanter. Et le rêve utopique devient réalité.

J'ai la certitude la plus profonde que petit à petit ce rêve de liberté, de bonheur, de joie, va venir dans ma terre, va devenir réalité.

D'ailleurs, la bonne nouvelle (l'Évangile) c'est que maintenant le royaume du ciel est venu parmi nous, et c'est un royaume de paix, de lumière, de bonheur, et il est en nous. Déjà son règne est là, il est présent au cœur de nous-mêmes.

Il s'agit donc de prendre conscience que le royaume de l'amour est en nous, dans notre terre. Et par le souffle, il faut unir le rêve et la réalité qui sinon sont continuellement séparés. Il s'agit d'unir en nous ce qui paraît en opposition, d'un côté un monde d'égoïsme, un monde de pouvoir, un monde d'orgueil… et de l'autre un royaume de paix. Le monde dans lequel nous vivons est un monde passager, un monde qui ne durera pas, il est appelé à mourir pour laisser progressivement place au ciel. Le royaume du ciel, lui, est un royaume éternel, il durera toujours.

Quand on a découvert cette descente du ciel sur la terre, il s'agit donc d'unir en nous les deux, et ensuite il s'agit de remonter pour, à partir de la terre, retrouver notre ciel. Le ciel descend sur notre terre pour qu'à partir de notre terre nous retrouvions la dimension intérieure.

Tant que vous restez fils de la terre, vous restez quelqu'un qui est toujours à la recherche de quelque chose. Mais quand le ciel descend sur votre terre et que les deux s'unissent en vous, vous commencez à naître à l'homme nouveau.

Mourir à ce monde statique qui doit disparaître afin de renaître au ciel nouveau et retrouver la terre nouvelle.

 

II – Relier le ciel et la terre ; le symbolisme de l'arbre

 

L'arbre du milieu1) Le symbolisme de l'arbre.

Ici le grand symbole, l'archétype, c'est l'arbre. En effet, vous découvrez que, là où vous êtes, vous pouvez puiser dans la terre et dans le ciel (qui est en vous) une vie à la fois terrestre et céleste.

Cet arbre qui unit ciel et terre est d'abord là comme une graine – c'est ce qui est dit dans l'Évangile[1] –, et petit à petit il va se développer et devenir un grand arbre. Il va se développer, donner du fruit jusqu'à ce que les oiseaux du ciel viennent sur ses branches. C'est donc tout un développement qui se fait en vous progressivement. Développez en vous les germes d'amour, de liberté, de paix afin d'atteindre votre pleine dimension. Mais il faut être patient !

Et il faut savoir que l'arbre que vous avez en vous vous est personnel. Quand j'étais jeune je croyais que tous les arbres se ressemblaient, mais quand je suis devenu bûcheron[2], je me suis rendu compte qu'il n'y avait pas un arbre qui ressemblait à un autre. Avant d'abattre un arbre il me fallait toujours l'épier pour savoir comment j'allais le prendre.

 

Parenthèse sur l'arbre dans les rêves.

L'arbre, c'est un archétype qui apparaît dans les rêves. En général c'est d'abord la coupe qui apparaît et ensuite c'est l'arbre. Et quand l'arbre commence à venir, c'est bon, cela prouve que vous commencez à vous développer : vous émergez de votre enfance et du sein maternel. Le bébé n'a pas de dimension verticale, mais tout de suite, il essaie de se redresser. Ne restez pas dans le sein maternel, soyez l'arbre.

Il y a des arbres sans racines qui partent vers le ciel, d'autres qui n'ont plus que des racines et qui ont du mal à vivre cette dimension terre / ciel. Des gens sont déracinés, ils sont dans les idées, ils ne sont pas vraiment implantés.

Il y a deux sortes de rêves : celui qui est constitué des restes de la journée, et celui qui nous parle dans un langage que l'on ne comprend pas tout d'abord.

 

2) Relier ciel et terre.

Quand on lit le livre de Job, on se rend bien compte que la position de l'homme est douloureuse, comment peut-il trouver un chemin vers le ciel ? Comment peut-il s'en sortir ?

Les traditions, qu'elles soient bouddhiste, hindouiste, musulmane, chrétienne… essaient de trouver un chemin qui relie en chacun le ciel et la terre. Cependant la grande tentation de l'homme c'est la tour de Babel, c'est vouloir atteindre le ciel par nous-même. Or une chose est certaine, ce n'est pas nous qui allons atteindre le ciel, c'est le ciel qui va descendre sur la terre. Ce n'est pas nous qui atteignons Dieu, c'est lui qui descend à nous, qui vient vers nous pour nous donner son Esprit. Il ne s'agit pas pour nous de quitter la terre, mais d'accueillir cette dimension ciel.

 

Le ciel est toujours présent : lorsqu'il y a du brouillard, cela n'empêche pas le ciel d'être là, et c'est la seule certitude que nous ayons. Lorsqu'il y a des nuages, cela n'empêche pas le ciel de briller, et même de nous éclairer. Le ciel est une présence continuelle à nous-même, même lorsque nous ne le sentons pas, même lorsque nous ne le voyons pas, et c'est la certitude de foi fondamentale. Le regard du divin est toujours présent à nous – ce regard attentif à tout ce que nous vivons – regard et écoute dans toute situation, qu'elle soit pénible ou joyeuse – non pas un regard qui juge, mais un regard qui aime – celui d'un père ou d'une mère qui nous aime – pour nous communiquer à chaque instant de notre vie l'Esprit qui sera pour nous un dynamisme intérieur de lumière, de force, et qui va nous permettre à chaque instant de vivre ce qui nous est demandé de vivre… Le tout c'est de s'ouvrir.

L'Évangile nous dit : « Le royaume des cieux est en vous » (Luc 17, 21), il est là pour vous faire croître.

En particulier, dépasser l'inacceptable[3], c'est quelque chose que je ne peux faire que si j'ai la certitude de la présence en moi du ciel. Et plus les situations sont difficiles, plus nous avons de chances de développer cette dimension divine car nous serons obligés de faire appel à l'esprit intérieur pour pouvoir vivre ces situations.

Pendant tout le chemin du peuple hébreu lors de l'Exode, Dieu était là.

 

III – Autres symbolismes

 

1) La terre-roc : la terre-mère.

 

●    L'appui sur la terre, le contact avec elle.

La terre est aussi un symbole qui relie : elle est l'image du roc, c'est du solide. C'est le roc sur lequel je prends appui. La terre nous relie à l'Être qui est "roc" : je m'appuie sur lui pour vivre ce que j'ai à vivre.

C'est par les pieds qu'en général nous avons contact avec la terre, et la démarche d'un homme traduit souvent beaucoup de choses. Il y a ceux qui frôlent la terre, ils semblent indifférents à cette réalité, ils ont peut-être la tête dans les nuages ; et au contraire il y a ceux qui écrasent la terre, ils semblent avoir perdu leur ciel, leur démarche est lourde. Il y a aussi ceux qui frappent avec le talon, ils semblent s'opposer à la réalité pour s'affirmer ; et au contraire il y a ceux qui traînent les pieds, ils semblent n'avoir pas le ressort nécessaire pour rebondir sur le sol, et le désespoir les accable souvent...

 

●     La terre-mère

La terre est aussi un symbole maternel : elle est là pour accueillir, elle reçoit, elle est nourricière. C'est d'elle que jaillissent les plantes, les sources. C'est dans la terre que je vais puiser la vie du fond.

La source elle-même jaillit de la terre. Et il est intéressant de voir que lorsque Jésus rencontre la Samaritaine, il est dit littéralement que « fatigué par la marche il s'assit ainsi près de la source » (Jean 4, 6)

C'est dans la terre que je puise la vie, la lumière pour pouvoir m'ouvrir au ciel et découvrir la plénitude.

 

2) Les symboles terre-ciel : l'arbre, la montagne, l'échelle.

Mont Fuji, HokusaiLe symbole qui se rapproche le plus de cela, on l'a déjà vu, c'est l'arbre. Il s'enracine dans la terre, il y puise la sève pour, à partir de la terre, grandir et s'ouvrir vers le ciel. J'ai soif de beauté, de lumière et d'amour… et parce que j'ai soif du ciel, je vais aller puiser dans la terre : à partir de la terre, je vais m'élever vers le ciel. De ce fait, la verticale est une dimension intérieure qui petit à petit va se développer en moi.

La montagne est aussi un symbole terre/ciel : elle est très solide et elle monte vers le ciel. C'est pour cela que l'homme a toujours envie de grimper. Par ailleurs, plus on s'élève, plus on découvre l'étendue du paysage.

Un autre symbole est celui de l'échelle. Il apparaît dans la Genèse d'abord avec Jacob : dans sa vision il voit une échelle plantée en terre dont le sommet atteint le ciel, des anges y montent et y descendent.

L'échelle, c'est la colonne vertébrale qui relie en nous le ciel et la terre.

 

La croix (ou "le bois" comme dit la Bible) se compose d'abord d'une verticale qui évoque l'image de l'arbre comme nous l'indique ce magnifique passage d'Hippolyte de Rome :

  • « Ce bois m'appartient pour mon salut éternel. Je m'en nourris, je m'en repais, je m'affermis en ses racines… Je fleuris avec ses fleurs ; ses fruits me procurent une jouissance parfaite, fruits que je connais, préparés pour moi dès le commencement du monde. Pour ma faim, j'y trouve une nourriture délicate ; pour ma soif, une fontaine ; pour ma nudité, un vêtement ; ses feuilles sont un esprit vivifiant. Loin de moi désormais les feuilles de figuier ! Voilà l'échelle de Jacob où les anges montent et descendent, au sommet de laquelle se tient le Seigneur.
    Cet arbre qui s'étend aussi loin que le ciel, monte de la terre aux cieux. Plante immortelle il se dresse au centre du ciel et de la terre : ferme soutien de l'univers, lien de toutes choses, support de toute la terre habitée, entrelacement cosmique, contenant en soi toutes les bigarrures de la nature humaine. Fixé par les clous invisibles de l'esprit, pour ne pas vaciller dans son ajustement au divin, touchant le ciel du sommet de sa tête, affermissant la terre de ses pieds, et dans l'espace intermédiaire, embrassant l'atmosphère entier de ses mains incommensurables.
    Ô toi qui es seul entre les seuls et qui est tout en tout ! Que les cieux aient ton esprit et le paradis ton âme ; mais ton sang, qu'il soit à la terre. » (cité dans Itinéraire d'un prêtre catholique)

3) La colonne vertébrale.[4]

La colonne vertébrale joue un rôle très important. En extension, de bas en haut, dans une verticale, elle relie la base du corps à la tête et, au-delà, elle relie la terre et le ciel. Elle permet le redressement de notre personne, en s'opposant à une sorte d'affaissement de notre être toujours préjudiciable à notre dignité humaine et spirituelle. Surtout elle va recréer les liens entre la pensée et le cœur, les émotions et le calme intérieur. Elle va étendre, assouplir cette nuque si raide[5] qui empêche l'homme d'écouter, comme l'enseigne la Bible. Alors que le bas du dos a tendance à se relâcher, elle va mettre le bassin en place.

Cette verticale va mettre l'homme debout… celui qui est debout accueille la vie, l'être, se donne le droit d'exister, d'être là, ni écrasé par la vie, ni la fuyant, ni la dominant. Le Christ a été un homme debout et il est mort debout sur une croix.

 

4) Apprendre à vivre concrètement le terre-ciel[6]

Maître Noro, ciel terreComment ne pas évoquer ici le kinomichi, cet art créé par maître Noro ? Il consiste à apprendre à vivre ce terre-ciel dans le mouvement et dans la relation à l'autre.

Ces pratiques m'ont permis de vivre la verticale, un des aspects essentiels de l'unité corps-esprit que j'avais déjà découvert à Rütte chez Graf Dürckheim dans le dessin méditatif. L'homme est à la fois de la terre et du ciel. Son lien physique avec la terre lui rappelle son origine animale, sa solidarité avec le cosmos, le rapport concret avec l'existence, mais en se détachant de la terre, il se coupe de la réalité. Le lien avec le ciel lui est aussi indispensable, sinon il se sépare de ce qui donne à l'homme toute sa dimension spirituelle. Et c'est dans son corps qu'il doit vivre sa verticalité terre - ciel.

L'homme est un être debout. Le pratiquant de la méditation zen doit sentir le contact avec la terre à travers ses ischions, son coccyx. En prenant appui sur cette terre, dans l'expiration, il laisse remonter l'énergie le long de sa colonne vertébrale pour s'ouvrir au ciel. C'est à cette condition seulement qu'il pourra être présent à sa respiration abdominale et finalement à son centre vital.

Je puis assurer combien la prise de conscience de la verticalité m'a aidé à exister en me donnant un équilibre, une grande confiance. Grâce à elle, j'ai pu m'ouvrir sans peine car je me sentais suffisamment solide pour ne plus me laisser ébranler par tout ce qui venait de l'extérieur. Cela me rendait plus disponible, plus à l'écoute de mon entourage.



[1] « Jésus proposa à la foule une autre parabole: “Le Royaume des cieux est comparable à un grain de sénevé qu’un homme a semée dans son champ. C’est la plus petite de toutes les semences, mais, quand elle a poussé, elle dépasse les autres plantes potagères et devient un arbre, si bien que les oiseaux du ciel font leurs nids dans ses branches.”» (Matthieu 13, 31-32)

[2] Jacques Breton a été bûcheron pour gagner sa vie au moment où il habitait en Sologne comme ermite. Cf. Historique du centre Assise et de Jacques Breton.

[3] Cette expression vient de Graf Dürckheim

[4] Le début de cette partie est extrait du livre Vers la lumière.

[5] Par exemple les Israélites qui refusent de mettre leur confiance en Dieu sont qualifiés par Moïse de « peuple à la nuque raide » (Ex 32,9 et autres).

[6]Ceci est extrait du livre de Jacques Breton, L'itinéraire singulier d'un prêtre catholique, p.98-99, à part les deux premières phrases qui viennent de Vers la lumière p.42.

 

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