F. Bousquet, La Trinité tout simplement
Dans ce livre François Bousquet rappelle que les apôtres qui avaient vécu avec Jésus et qui ont été témoins de sa Résurrection, « se mettent, très vite, à ne plus pouvoir parler de Dieu comme Père, sans parler de son Fils Jésus-Christ et de l'Esprit-Saint ». La Trinité nous « invite à vivre et à aimer autrement, à croire et à espérer autrement ».
Voici un extrait de ce livre où il est question de connaissance de Dieu et de la séquence pascale (Pâques, Ascension, Pentecôte), p. 114-116.
La Trinité tout simplement a été publié aux Ed. De L'Atelier, 2000 à une époque où F. Bousquet était professeur à l'Institut Catholique de Paris. Récemment il était curé de la paroisse de Magny en Vexin et environs, accompagnant aussi le Centre Assise.
Extrait de La Trinité tout simplement
François Bousquet
CONNAISSANCE DE DIEU
Soulignons comment cet Autre que la foi nous permet de nommer Père, se fait reconnaitre, dans le monde et en nous-mêmes, par le Christ et par l’Esprit. A la fin, à partir de Jésus et à partir de notre histoire, personnelle et commune, nous ne pouvons dire « Dieu », sans le Christ ni sans l’Esprit, simultanément.
L’Esprit agit en nous-mêmes, parle au cœur, non pas en mots, mais dans le mouvement par lequel nous nous ouvrons aux autres et nous oublions nous-mêmes, pour « faire la vérité » et partager la vie. En même temps, cet Esprit de Dieu est bien, en même temps que celui du Père, celui dont Jésus est rempli et qui l'anime. S’il agit ainsi « immédiatement », en ce point de chacun où il y a bien un "seul à seul" de chacun avec Dieu, en même temps ce n’est jamais sans nous renvoyer à toutes les médiations, celles de notre corps, de notre histoire ; celles qui font que notre vie est tissée de celle des autres et du monde tout entier.
Rien n’est « spirituel » qui ne soit « charnel », incarné ; et rien n’est charnel qui ne soit à quelque degré spirituel. Dieu, en Esprit et en vérité, n’est pas rejoint sans les visages du prochain. Dieu, en Esprit et en vérité, ne veut pas nous faire partager sa vie sans tout ce que nous sommes réellement, positivement.
Réciproquement, approcher de la connaissance de Dieu, et de Dieu comme Père, se fait à partir du visage humain qu’il a pris en son Fils. Mais nul ne peut reconnaitre Jésus comme le Fils de Dieu sans le témoignage du Père, sans l’Esprit avec lequel nous pouvons lire l’Ecriture, qui nous assure que celui que nous nommons Jésus dans la prière est vraiment Jésus, et non pas l'idée que nous nous en faisons. Par le Christ, nous pouvons dire "Tu" à Dieu, comme à Celui qui demeure en nous, ce qui sera toujours étonnant, quand on pense à qui est Dieu, à son Mystère inépuisable auquel nous ne pouvons prétendre être proportionnés.
Mais c’est l’Esprit qui nous le fait comprendre, qui commence à "dilater" notre prière, en empêchant toute mauvaise familiarité qui nous aurait fait oublier que l’incarnation redouble le Mystère de Dieu.
De toutes les façons, l’accès à Dieu, si c’est bien le Dieu vivant, et non pas une projection de nous-mêmes, est différencié, au nom même de sa « simplicité », de ce qu'il a d’unique.
LA SEQUENCE PASCALE
Si la source à laquelle nous nous abreuvons, pour vivre a plein et revivre, est le mystère trinitaire du Dieu unique, la manière dont, en aval, il accomplit notre histoire est significative.
Le moment révélateur pour la foi se trouve dans les célébrations pascales. Trop souvent les chrétiens que nous sommes butent sur des questions qui leur paraissent insolubles concernant la résurrection. Nous sommes tellement préoccupés, avec nos contemporains, des conditions de « faisabilité » concrète d’une action, que l’arbre nous cache la forêt. Nos questions sur la résurrection se limitent souvent a essayer de savoir « comment cela est possible », pour ne pas aller donner notre foi a de l'incroyable. Seulement, cette préoccupation nous empêche de voir se déployer ce qui est précisément l'objet de la foi, et qui se manifeste dans ce que nous célébrons, dans les liturgies pascales. Essayons de nous rendre attentifs a l’allure trinitaire de la séquence Pâques, Ascension, Pentecôte.
A Pâques, c’est le Père qui ressuscite le Fils, en lui rendant l’Esprit qui est Vie. Le Fils a remis l’esprit à son Père, dans le désaisissement de soi, dans l’acte libre de sa mort, qui accomplit sa vie, et toute la logique de cette vie. Tout ce qu’il a, tout ce qu'il est, ce Souffle venu de Dieu, qui est simultanément Amour du Père et de ses frères les hommes, il le remet à Dieu.